NETTALI.COM – Invité de l’émission « Le Jury du dimanche », le commandant Malick Tall est prédisposé à une vision tragique de l’avenir du pavillon national Air Sénégal S.A, dont la gestion, pense t-il, n’est pas à la hauteur des investissements consentis par le président Macky Sall.
« Pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest, on dotait une compagnie nationale africaine d’un capital de 40 milliards de francs CFA. Moi, j'ai travaillé sur l'étude de faisabilité d'Air Sénégal Sa avec un des plus grands cabinets mondiaux dans le domaine, mais entre ce qu’on prévoyait et ce qui existe, il y a une marge », se désole le commandant Malick Tall sur les ondes de Iradio.
Dans le même créneau de révélations, il fait savoir que l’étude originelle, hélas rangée dans les tiroirs, prévoyait l'achat de deux Atr72, deux A319 en leasing, un Airbus 330Co200, pour un capital sus-indiqué de 40 milliards de francs Cfa. En d’autres termes, l'option Airbus 330Co200 serait plus rentable.
« Quand on a commençait à travailler sur le dossier, on a fait une étude de marché. Le Sénégal avait une position idéale pour monter une compagnie forte, pérenne. Ce qui fait que le Sénégal a cette position, c’est qu’il est entouré de 7 Etats qui n’ont pas de compagnie aérienne. Quand vous regardez autour de nous, il n’y a que la Mauritanie et le Cap-Vert qui ont une compagnie aérienne. Sinon, la Gambie, le Mali, les deux Guinées, le Libéria, la Sierra Leone, ne disposent pas de compagnie aérienne. Certains d’entre ces Etats nous avaient contactés pour que la compagnie sénégalaise soit également la compagnie nationale guinéenne. Ce qui est une opportunité forte qui peut générer 1,4 milliards de dollars par an. Et le Sénégal, avec Air Sénégal, captait plus de la moitié. Donc, le marché était là, omniprésent, omnipotent », déduit le pilote doté de 37 ans d’expérience.
"Air Sénégal va droit au mur"
« Aujourd'hui le Sénégal a déboursé 82 milliards pour la location de la A330 néo. 22 milliards sous forme d'avance et 60 milliards décaissés le 8 mars dernier. Rwandair a pris deux A330 néo louées à une compagnie américaine. Elle a sorti 1,5 milliards de francs Cfa pour que l'avion soit à disposition. Nous, on a déboursé 82 milliards », compare-t-il, encore.
En un mot comme en mille, il croit savoir que « Air Sénégal va droit au mur » et qu’il fera « difficilement profit ».
Pour rappel, le commandant Malick Tall a été, par le passé, directeur de l’exploitation et pilote à Air Sénégal International et ancien pilote en chef à Air Afrique. C’est dire qu’il a voix au chapitre.