NETTALI.COM - Ousmane Sonko, le leader du Pastef se croit investi d’une mission : celle de venir combler un vide dans l’espace politique sénégalais.
«Je pense que nous sommes venus combler un vide sur un certain nombre de problématiques fondamentales liées au devenir des pays africains, les responsables politiques ne les ayant jamais abordées de front. C’est le cas de la protection de nos économies, du Franc Cfa, des accords de partenariat économique… Autant de «questions qui fâchent», comme on dit », dit-il dans une interview exclusive accordée à l’hebdomadaire «Jeune Afrique».
«Il y a eu aussi notre combat pour la bonne gouvernance, qui nous a propulsés sur le devant de la scène : la gestion des ressources budgétaires et fiscales, celle du pétrole et du gaz… Depuis 2017, notre rôle à l’Assemblée a été déterminant. Nous y avons été très actifs, abordant nombre de sujets techniques. Les Sénégalais ont sans doute perçu une autre façon de faire de la politique, qui les a sortis d’une certaine torpeur», fait-il savoir.
«Abdoulaye Wade est un monument de l’échiquier sénégalais»
Sur sa rencontre avec Abdoulaye Wade, il explique qu’ «il y a, dans notre culture, un profond respect envers les aînés». «La base du Pastef est jeune, mais nous comptons aussi des doyens parmi nous et un comité des sages. Après les Législatives de 2017, j’ai eu à échanger, pour la première fois, avec Abdoulaye Wade. Ce n’était pas vraiment politique – nous n’avons pas évoqué de perspective de coalition entre nos deux partis –, mais c’est un monument de l’échiquier sénégalais. Je suis moi-même né en 1974, l’année où il a créé le Pds.Depuis notre première rencontre, je sais qu’il suit notre travail, même de loin, et l’apprécie. De mon côté, je reçois ses conseils. Quoi qu’on ait pu lui reprocher, et bien que j’aie fait partie de ceux qui avaient manifesté, à l’époque, contre son troisième mandat, je crois que, sur la question de la souveraineté et du patriotisme, il est celui qui s’est le mieux illustré parmi les quatre Présidents du Sénégal.»
« Dialoguer avec Macky Sall, c’est reconnaître sa légitimité »
Interpellé sur l’appel au dialogue de Macky Sall, Ousmane Sonko soutient : «Dans une démocratie, le dialogue national doit se tenir à l’Assemblée, là où les questions sont débattues entre la majorité et l’opposition. Pour ce qui est du processus électoral, le Sénégal a une expérience et une expertise avérées. Si Macky Sall veut parvenir à un consensus, il lui suffit de reproduire les schémas du passé –c’est un travail purement technique ».
«Chaque parti a déjà identifié les vrais problèmes et pourrait alors envoyer son responsable chargé des élections. Tant que nous n’avons pas été saisis officiellement d’un projet de dialogue et de son ordre du jour, mon parti ne peut pas donner de position officielle. En mon nom personnel, je peux seulement dire qu’il n’y a ni pertinence ni urgence à dialoguer, d’autant que cela reviendrait à reconnaître la légitimité du Président Macky Sall», fait-il remarquer.