NETTALI.COM - Pour une semaine, celle qui vient de s’écouler, a son côté nauséabond, tellement l’atmosphère a été viciée par ces infos sur le Colonel Kébé ou plus exactement, le chargé des questions de sécurité de Rewmi d’Idrissa Seck. De l’émotion, elle en a vraiment soulevée et cela s’est bien senti dans les réseaux sociaux.

Si cette affaire avait été liée à une question de justice ou d’actualité, on aurait peut-être pu comprendre, mais là où on ne suit pas le journal L’Observateur, c’est que l’affaire a trait aux mœurs et intervient de manière décalée avec les affaires judiciaires du colonel, placé sous contrôle judiciaire le 5 Mars 2019. Tout se passe comme si le journaliste qui a rédigé l’article, a oublié ou feint d’ignorer les fondamentaux qui gouvernent la profession, à savoir l’éthique et la déontologie.

Peut-on parler de tout ? Assurément non, mais le journal aura évoqué ce que l’on peut appeler l’Affaire Colonel Kébé en relatant des faits assez troublants et pour lesquels on a forcément envie de se bander les yeux et se boucher les oreilles, afin d’en éviter les échos qui pourraient arriver dans nos oreilles si fragiles. Tenez-vous bien, des faits qui se seraient produits, il y a des lustres, si on en croit le journal. Des détails que la décence nous empêche de relayer ici, tant ils sont suggestifs et représentatifs de tout ce qu’on hait dans notre cher pays, oh combien puritain.  Et si le colonel à la retraite, n’avait pour seul tort que d’être un membre du parti Rewmi ?

En tout cas, ces faits tels que décrits, peuvent détruire un homme, le toucher dans son honorabilité, son honneur et sa considération parce que, quelle que soit la nature de ceux-ci, tout individu a droit au soutoura (le culte du secret qui nous impose de ne pas divulguer tout ce qu’on sait sur la personne). Le colonel a bon sang, une famille et des proches ! Que celui qui a écrit cet article, se mette deux secondes à la place du sieur Kébé ! Nous nous abstiendrons de relever ici, les détails sordides de cette affaire pour rester juste sur le plan de la norme journalistique.

Y avait-il réellement matière à disserter sur des faits qui se seraient passés en 1985 ? A supposer que ces faits existent, il y a bien évidemment prescription en matière judiciaire ? Pourquoi diable déterrer une affaire que l’on situerait de manière si lointaine ? Une autre question est de savoir l’intérêt pour le public de disposer de telles informations ? En quoi ces informations, pourraient-elles constituer un facteur de progrès pour la société ?

Eh bien, en journalisme, le prétexte est quand même fondamental pour livrer une information. Avant toute décision d’écrire un article, il faut sans doute que l’affaire en question soit liée à l’actualité du moment. Abdourahim Kébé a été placé sous contrôle judiciaire pour un fait qui relève plutôt de la chose politique et qualifié d’appel à l’insurrection. Ça c’est une information. Pour des faits qui se seraient produits en 1985, si l’on en croit le journal, où est l’intérêt pour le public ? De même, le titre, « le Colonel kébé rattrapé par son passé de prédateur », est difficilement concevable. Le mot « prédateur » relève plus du commentaire, de la subjectivité. On annonce la couleur dès le titre !

Dans le prolongement de ce feuilleton, l’attitude de Babacar Fall de la RFM qui a fait dans le corporatisme en voulant à tout prix défendre L’Observateur, est bien condamnable. Le bonhomme a osé dire que s’il s’agissait d’un membre du pouvoir en place, les réactions auraient été différentes ! Une des raisons qui a conduit bon nombre d’internautes sur les réseaux sociaux à déverser leur furie sur lui. En quoi s’attaquer à un membre du pouvoir en place, sous le même angle que le Colonel, serait-il acceptable ? Il s’est certainement trompé  de comparaison, ou a-t-il voulu dire que les internautes sont tous simplement plus hostiles au pouvoir ? Qu’est ce qui lui permet de juger de cela ? A-t-il fait des sondages pour savoir à quoi pourraient être liée l’émotion qu’a soulevée cette affaire ? Arguments tirés par les cheveux, devrait-on dire. Quel que soit le bord où on se situe, de telles révélations sont détestables et ont un côté lynchage en règle. L’homme nous avait habitués à mieux, à plus de pondération dans ses interventions radiophoniques. Quelle mouche l’a vraiment piqué ? Le corporatisme est à ce point difficile mais compréhensif quand c’est un peu plus raisonné. Babacar aura en tout cas réussi la prouesse de donner une seconde vie à l’affaire, à tel point que son patron a été victime d’attaques sur les réseaux sociaux. Façon arroseur arrosé ! Comme quoi, chacun a ses cafards dans le placard et parfois de bien cachés. Le soutoura, c’est bien mieux que tout.