NETTALI.COM - Macky Sall a-t-il programmé un conflit de compétences entre Mouhamad Boun Abdallah Dionne et Maxime Jean-Simon Ndiaye, en les plaçant à des stations différentes où ils seraient chargés de coordonner l’action du gouvernement ? L’histoire démontre que les deux postes n’ont jamais coexisté, en l'absence d'un Premier ministre.
Point n’est besoin d’être un expert en management des organisations pour déceler, après la formation du nouveau gouvernement, des incongruités pouvant malheureusement mener à des risques de conflits de compétences. Avec la co-existence entre un ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République et un ministre, secrétaire général du gouvernement, la «cohabitation» pourrait être difficile voire impossible. L’un pouvant empiéter sur le champ de prérogatives de l’autre.
En d’autres termes, tout ceci apparaît comme si les deux personnalités sont choisies pour faire le même travail de coordination de l’action gouvernementale. Pourtant, de tout temps, le poste de secrétaire général du gouvernement, apparu à la fin des années 50 en France, a été lié à celui de Premier ministre. C’est ainsi que Henri Fournier, administrateur en chef de la France d’Outre-Mer, fut nommé secrétaire général du Conseil de gouvernement le 20 mai 1957 par Mamadou Dia, vice-président du Conseil de gouvernement du territoire du Sénégal. Fournier sera remplacé par Henri Berger le 8 août 1957.
Quand, en 1983, la Primature avait sauté, elle avait entraîné, dans sa chute, le secrétariat général du gouvernement. Après que feu Jean Collin a été nommé, dans la foulée, tout-puissant ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République, Babacar Ndéné Mbaye est devenu secrétaire du Conseil des ministres, puisque le secrétariat général du gouvernement fut dissout.
En réalité, il existait, avant, le service du chef de liaison du secrétariat général du gouvernement, logé à la Primature et dirigé par M. Siricondy Diallo, inspecteur général d’Etat. Ce service était chargé du numérotage des textes réglementaires et législatifs. Quand Abdou Diouf est devenu président de la République, il a emmené Diallo à la Présidence et d’autres brillants cadres de sa garde rapprochée, comme Moustapha Kâ. C’est ce service que Jean Collin transforma en secrétariat du Conseil des ministres, tout en créant un poste de directeur de cabinet du secrétaire général de la Présidence de la République. Donc, le poste de secrétaire général du gouvernement avait bien disparu avec la Primature et la question de sa survie se pose avec acuité, dès lors que l’attelage est placé sous la supervision directe du chef de l’Etat.
En définitive, les rebondissements préalables à la formation de ce gouvernement laissent deviner qu’il y a eu une sorte d’empressement. Pour convaincre Maxime Jean-Simon Ndiaye de quitter son fauteuil de secrétaire général de la Présidence de la République, il fallait, peut-être, lui proposer quelque chose de consistant. On imagine qu’il a été nommé secrétaire général du gouvernement sans une étude exhaustive sur la pertinence du poste, qui serait ainsi appelé à disparaître, très prochainement. Mais il faudra peut-être attendre le décret portant répartition des services entre les deux stations pour délimiter les champs d'actions de Dionne et de Maxime Jean-Simon Ndiaye.