NETTALI.COM - L’angoisse de perdre son poste hante le sommeil de nombreux ex-membres des cabinets du chef de l’Etat et du Premier ministre, à la veille du vote de réformes majeures qui vont changer la configuration du schéma institutionnel et pousser à une rationalisation des effectifs. Du coup, c'est l'ambiance de travail qui se détériore aussi bien au Palais qu'à la Primature.
Dans sa livraison du 29 mars dernier, le quotidien L’As révélait que Macky Sall a remercié 300 membres de son cabinet, parmi lesquels : le directeur de cabinet du chef de l'État, Me Oumar Youm et son adjoint, des ministres d'État et ministres conseillers, des ambassadeurs itinérants, des conseillers spéciaux et techniques, et des chargés de mission. Pour son second mandat, le président de la République a décidé d’appliquer une politique de rationalisation à son cabinet, témoignait la même source.
Depuis lors, l’opinion ne sait pas ce qu’il est advenu de ces désormais ex-collaborateurs de Macky Sall. Une enquête menée, auprès de voix autorisées, nous signale que parmi ces conseillers et assimilés, dont le contrat est arrivé à terme le 2 avril passé, il y’en a qui occupent toujours leurs bureaux, passant leur temps au Palais à se tourner les pouces, même si bon nombre d'entre eux sont hors du palais, tant ils sont nombreux.
La plupart d’entre ces congédiés, sont d’autant plus prédisposés à une vision tragique de l’avenir, qu’ils risquent de voir d’autres prendre leurs places ou tout simplement ne pas être nommés à un poste précis. Car, au lendemain du remaniement de la semaine passée qui a emporté beaucoup de têtes, il n’est pas exclu que d’anciens ministres soient recasés à la Présidence de la République, comme c’est le cas, présentement, avec Mame Mbaye Niang et le Pr. Ismaïla Madior Fall, qui sont respectivement chef de cabinet du chef de l’Etat et ministre d’Etat.
En outre, le fait de concentrer plus de pouvoirs entre ses mains, dans la perspective de la suppression de la Primature, amènera Macky Sall à s’entourer de cadres au Palais. Nous en avons l’illustration avec le retour de Ismaïla Madior Fall à la Présidence, à la veille du vote de réformes majeures qui vont sensiblement modifier le schéma institutionnel et dans un contexte d’agitations prématurées autour de la question du 3ème mandat. Les mêmes sources soulignent que Macky Sall, ayant retenu les leçons de son premier mandat, veut désormais un cabinet avec de têtes fortes capables de lui servir de bouclier, mais aussi de jouer le vrai rôle attendu d'un conseiller.
De plus, réélu par une majorité élargie à des forces autres que celles qui étaient à ses côtés à la veille de son accession au pouvoir en 2012, le président Sall est obligé de prendre en considération cette nouvelle donne en redistribuant les fonctions.
Quant à la suppression annoncée de la Primature, il est nécessaire de s’interroger sur le sort des ministres, conseillers et chargés de mission qui officient dans le cabinet du Premier ministre. Là également, c’est le désarroi qui règne, car on ignore de quoi demain sera fait.
En somme, la politique de «resserrement organique» ne va pas faire que des heureux. Elle va même faire beaucoup des malheureux. A moins que Macky Sall ne revienne sur sa décision de remercier ses collaborateurs. Car, jusqu'au moment où ces lignes sont écrites, on ne voit aucun acte administratif démontrant que ces derniers sont effectivement en fin de contrat.