NETTALI.COM – Alors que Macky Sall est élu président de la République, beaucoup de Sénégalais avaient applaudi en se disant : « Enfin une sénégalaise bon teint, le palais va enfin sentir du Thiouraye (ndlr - Encens qu’utilisent les femmes du pays)». Ceux qui ont fait cette comparaison peut-être pas très heureuse, faisaient ainsi référence aux épouses des anciens présidents sénégalais : Colette Senghor, Elizabeth Diouf et Viviane Wade qu’ils ont jugées d’une culture plus proche de l’Occident ! Un jugement de valeur qui au fond, peut avoir une certaine importance, mais pas capitale pour la marche de l’Etat.
Parlons de la plus sénégalaise de toutes, Marième Faye Sall, une femme bien sénégalaise dans ses tenues et ses habitudes. Dans ses actes de tous les jours et selon une certaine opinion, Marième Faye sert le président Sall plus qu’elle ne le dessert. Normal qu’elle compense les insuffisances de son époux, disent certains. La vérité, c’est que Madame Sall jouit d’une belle réputation : elle est considérée dans certains milieux comme une personne sympathique, élégante et sociable. Elle a en effet, selon certains admirateurs hommes ou femmes, le sourire très facile en plus d’être naturelle et d’avoir le contact facile. On ne va quand même pas lui faire le mauvais procès d’être une femme inaccessible à la mine renfrognée, image dont on affabule son Président de mari qui a d’ailleurs cherché à s’en défaire, mais sans grand succès. On ne s’attend toutefois pas à ce que Macky Sall se mette à sourire à tout bout de champ.
Mais dans tous les cas, personne ne peut trouver à redire dans le soutien d’une épouse à son époux, surtout que, selon un certain adage, derrière tous les grands hommes, se cache une grande dame.
Marième Faye est en effet très médiatisée, non pas seulement par le canal unique des médias, mais elle est visible sur les réseaux sociaux. Elle ne téléguiderait pas ses sorties, selon une presse proche du palais. Ses descentes dans des lieux inattendus par exemple les marchés, sont de tout temps largement relayées sur les réseaux sociaux. On sait bien qu’une descente dans un marché, de la part d’une première dame, ne peut en aucune façon, passer inaperçue, les curieux se chargeraient d’immortaliser le moment. Sacrée Marième ! Elle connaît les occasions de communiquer et ses communicants ne se privent pas de la mettre en lumière. Elle ne rate pas aussi l’occasion de s’inviter dans l’intimité des Sénégalais, question d’échanger de vieux matelas contre des neufs, construire des toilettes voire en rénover pour le bénéfice de populations défavorisées. A certains moments, c’est la RTS qui l’a accompagnée et qui a tendu le micro à ces bénéficiaires qui ne ratent jamais l’occasion de s’épancher sur sa générosité, son accessibilité. La misère morale et matérielle de ces gens s’en retrouve pourtant étalée et on en n’oublie même pas de dévoiler des aspects intimes de leur vie ! Un peu de retenue quand même Marième, le bien n’aime pas le bruit ! Un peu de soutoura aussi ne fait pas parfois de mal !
Une posture de l’épouse du PR qui n’est en tout cas point fortuite. Elle est une politique pure et dure, très engagée auprès de son mari et à l’Alliance Pour la République. Elle est militante de la 1ère heure, arguments que beaucoup à l’APR, brandissent d’ailleurs pour exiger des postes au sein du parti présidentiel. Même si on ne peut pas affirmer avec cette certitude, cette opinion répandue, d’aucuns sont parfois allés jusqu’à dire que c’est la dame qui a poussé Macky Sall à s’engager en politique, surtout au moment où Wade était dans une logique de déstabiliser celui qui allait le vaincre à la présidentielle de 2012. Elle est politicienne dans l’âme et son mari aussi. Un sacré redoutable couple.
Tous les médias ont par exemple capté les instants où celle-ci est descendue sur le terrain pendant la campagne électorale, particulièrement sur la terre peuplée des Parcelles Assainies pour vendre le programme de son candidat de mari. D’aucuns y ont vu une volonté de diluer une éventuelle victoire d’Amadou Ba, aux Parcelles voire à Dakar.
De l’influence, Marième en a. Qui oserait prétendre le contraire ? Elle est épouse du chef de l’Etat, militante de l’APR, elle a créé une fondation «Servir le Sénégal » et a l’oreille de son mari. Les hommes et femmes de son entourage sont même affabulés du sobriquet « dames de compagnie ». On a bien compris que ceux-là désignent ironiquement tous ces dames et mecs accrochés aux basques de madame, la présidente et qui satisfont ses moindres désirs. Et ce n’est pas pour rien si Mbagnick Ndiaye, dans un passé immémorable, est allé jusqu’à la désigner comme leur marraine (ndlr - entendez lui et Matar Ba, actuel ministre du sport), lors d’une passation de service, un certain 21 juillet 2014. «Si ce n’était pas Marième Faye Sall, Mactar Ba et moi ne serions pas ministres.», avait-dit celui-ci. Marième Faye a dû certainement décider qu’il ne soit plus ministre, entre temps !
Même le juge constitutionnel, Pape Oumar Sakho y est allé de ses remerciements, lors de la prestation de serment, dans des instants de solennité qui requièrent un effacement de toute acte politicien.
Lundi 16 Avril 2019, jour de passation de service, Amadou Ba y a rendu hommage à la dame Faye, dans un lieu où ce discours n’avait point lieu d’être. Des remerciements qui font penser à un acte d’allégeance. Après avoir avoué son dévouement sans faille au mari de celle-ci, le ministre des Affaires étrangères qui a désormais décidé de faire profil bas après être descendu de son nuage, avait ainsi déclaré : «Je veux remercier de manière tout à fait particulière la première dame. Elle nous a particulièrement aidés. Je n’ai pas encore eu l’occasion de la remercier publiquement, de magnifier cet effort qui nous a permis d’avoir ces résultats (obtenus lors de la présidentielle à Dakar, ndlr)», a dit Amadou Ba. Qui insiste : «Sans elle, on n’aurait pas eu ces résultats.» Amadou a caressé le mari et a cherché protection de l’épouse, ne voulant même plus revendiquer quoi que ce soit : ni le titre de « le maître de Dakar » et encore moins, une quelconque victoire à Dakar. Profil bas complet, aplatissement total. Le remaniement est passé par là, tel un signal lui intimant l’ordre de se calmer.
Elle est à ce point puissante, Marième. Et à la vérité, son incursion dans le champ politique n’est pas pour arranger les choses. Le mélange des genres qu’elle génère est à ce point bizarre qu’il discrédite les actes institutionnels, officiels et enlève leur solennité à beaucoup de moments où la sobriété administrative et institutionnelle, est requise. On voit sa patte dans les nominations même quand elle n’y est pas. Avec elle, l’idée que le parti ait pris le dessus sur la patrie fait ses beaux jours. Son frère s’est bien renforcé avec toute la manne sociale qui lui est tombée dans les bras.
Il est sans doute bien trop tard pour couper le cordon et la dame Faye Sall continuera sans nul doute à faire et à défaire des carrières, d’intervenir, d’influer dans le jeu, et elle pourra toujours se draper du manteau de militante pour légitimer sa participation au jeu politique, et dans l’intimité du soir et du jour, à murmurer à l’oreille de son époux ; et tout cela au mépris du protocole et de la sacralité des institutions. Que de chemins à parcourir avant que le Sénégal ne soit une vraie république !