NETTALI.COM - Bouba Ndour, frère de Youssou Ndour, un lien de parenté qui semble coller à la peau du personnage et qui ne manque pas de le contrarier lorsque des interlocuteurs se plaisent à le lui rappeler. Le bonhomme aime, d’ailleurs, à dire à qui veut le savoir qu’il travaille pourtant dur pour gagner sa vie.
Tout commence lorsque M. Ndour réapparaît au Sénégal après ses pérégrinations aux Etats-Unis où il était parti se former au son. Bouba Ndour est aussi connu pour avoir été le mari de la très sexy chanteuse Viviane Ndour qu’il coachera, une très bonne partie de sa carrière. Il a grandi à l’ombre de son grand frère et des membres du Super Etoile. Lui-même le rappelait lors de l’anniversaire du décès du bassiste du Super Etoile. Il est féru de musique, ça c’est sûr. Et il suffit de l’entendre en parler pour le savoir. Il aime aussi à montrer qu’il connaît les genres musicaux, la musique tout simplement surtout dans son aspect intégration des technologies.
Celui qui était accusé de singer Spike Lee, a changé de style, il laisse pousser la barbe poivre-sel. Par conviction religieuse ? Il est El Hadji après tout ; par volonté de séduction ? Il s’est en tout cas récemment casé avec une jeune dame nommée Sakho, qu’on voit par moment apparaître avec lui sur les sites d’informations. Bouba a bon goût en ce qui concerne les vêtements. Il est aujourd’hui un homme public, un people. Il n’y peut rien.
Plus reconnu dans le monde de la musique, il a peu à peu glissé dans l’univers du petit écran, jusqu’à devenir directeur des programmes de la télé de son grand frère. Sur les plateaux télé, il aborde souvent les questions avec hargne et ne lâche rien à ses interlocuteurs. Il ne laisse la moindre parcelle de terrain à ses co-débatteurs. Il n’aime pas qu’on lui coupe la parole. Gare à ceux qui s’aventureraient à le faire. L’homme cherche toujours à rendre moins «intellectuel» le débat, il veut que le discours soit accessible aux téléspectateurs. Il cherche la précision à tel point qu’il en devient prolifique, dans ses prises de paroles. Il n’accepte pas le «terrorisme» des journalistes, des intellos tout court et d’aucuns lui reprochent de développer des complexes.
Bouba est pourtant directeur des programmes et il va falloir compter avec lui, tout frère de You qu’il est. Avec les journalistes, les rapports n’ont jamais été simples. D’aucuns lui ont même reproché de privilégier les programmes de divertissement (entertainment) en mettant sa sensibilité d’artiste en avant au détriment des programmes d’infos. Et pourtant, le bonhomme devrait pouvoir arriver à créer un savant dosage entre le contenu éditorial et le divertissement qui fait aussi partie du rôle des médias. Ses détracteurs pensent qu’en dehors des JT, des grands événements où on fait intervenir un Barka Ba, Souleymane Niang etc, point de grands dossiers, d’enquêtes, de reportages… On le voit souvent s’étriper avec les journalistes sur les plateaux télés. Si certains pensent qu’il n’est intellectuellement pas assez outillé, le bonhomme a le sens des réalités, il a des idées pragmatiques et refuse d’accepter la légitimité des seuls journalistes dans les médias.
Seulement, Bouba Ndour semble en faire parfois un peu trop. Tenez par exemple, lors du dernier Diakarlo de ce vendredi 4 mai, il a été en désaccord avec Diatou Cissé Badiane qui évoquait les questions fondamentales à se poser s’agissant du traitement d’une info. Citer le lieu où a lieu l’évènement, est important, selon elle, capital. C’est en effet dans les règles de production d’une info, dirait-on. Bon, sur un sujet de ce genre, Bouba n’a quand même pas à être d’accord ou pas, l’information est une science, sauf lorsqu’on rentre dans des débats d’école. Les journalistes formés ont évidemment la légitimité sur ce genre de sujets. Tout ne peut relever quand même pas de l’opinion.
Il s’agissait manifestement pour Diatou Cissé de pousser un coup de gueule contre des journalistes de GFM qu’elle a eu à appeler dans le passé pour les inciter à citer nommément un lieu où se passe un événement et de ne pas céder aux pressions des services commerciaux qui refusent de faire de la publicité pour ces lieux commerciaux. Ce qui a d’ailleurs créé une vive polémique, houleuse entre Charles Faye et M. Ndour. Le premier lui rappellera d’ailleurs que si la télé existe, c’est parce qu’elle doit son existence aux journalistes. Ce qui n’est pas faux. Bouba a fini par lancer l’opinion selon laquelle les journalistes doivent se battre pour tout ce qui concerne l’orthodoxie du métier car, a-t-il assuré, la tyrannie du commercial n’existe pas à GFM, au point de fouler aux pieds, l’orthodoxie. Charles lui fera d’ailleurs noter qu’il n’a pas les connaissances requises pour cela. Ce que Bouba n’a point voulu point entendre.
Il est certes vrai que Bouba a souvent des points vue réalistes, pragmatiques, mais d’aucuns lui reprochent de trop vouloir imposer sa vision. Et lorsque Bachir Fofana, journaliste invité sur le plateau le qualifie de patron de presse, M. Ndour ne peut pas non plus réfuter cela. Certaines initiatives ou prises de position, il ne les aurait pas eues s’il n’était pas frère de Youssou Ndour. Sur les plateaux télé, il se plaît parfois à recadrer l’animateur ou à pousser des coups de gueule quant à la distribution du temps de parole. Qui est fou pour croire le contraire ? Il fait partie de la direction, discute stratégie, fait du commercial, participe aux recrutements et est au cœur du système futurs médias.
Directeur des programmes, ce n’est quand même pas rien ! frère de You, c’est presque tout. Des animateurs ou journalistes, ne se sont-ils pas ouvertement plaints de lui ? Loin de dire que ceux-ci ont raison dans l’absolu, il reste que Bouba est un personnage qui s’impose, impose ses points de vue et affiche une vision qui est de ne point céder face à ce qu’il appelle «tyrannie des journalistes».
Mais lorsque le mélange des genres est à ce point manifeste, le commercial et la gestion familiale empêchent l’orthodoxie de s’exercer. Et même si la presse totalement libre n’existe pas, comme l’ont d’ailleurs admis Diatou Cissé Badiane et d’autres sur le plateau de Diakarlo, le fait pour le directeur des programmes d’animer une émission, peut laisser songeur. Surtout que sa première émission avait pour invité le propriétaire du groupe, Youssou Ndour. Si la question de la musique sénégalaise y a été abordée, l’émission était plutôt centrée sur la promotion du nouvel album du roi du Mbalax. Ce n’est pas commercial ça ? Résultat des courses, Bouba a plutôt essayé de donner son point de vue sur la musique dans une sorte de débat avec Youssou Ndour, alors qu’il était censé n’être que l’interviewer ! S’agissait-il d’innover dans le concept ? Il n’a pas aussi manqué de dire à son frère, son coup de cœur pour un concert qu’il a eu à organiser sans oublier cette phrase : «Tes 30 minutes, c’est de l’or ». Une manière de dire que son artiste de grand frère n’a pas beaucoup de temps !
Un journaliste n’aurait peut-être même pas du tout interviewé son propre frère. L’éthique ne le permet même pas. Un professionnel aurait laissé l’interviewé parler sans exprimer ses propres sentiments sur le travail de l’artiste et aurait de toute façon gardé la distance critique. C’est justement ça le problème avec les non journalistes et les journalistes à la déontologie approximative. On serait tenté de dire à Bouba que ce qui a fait jusqu’ici l’image de la télévision, c’est l’information et qu’il sera bien difficile de la supplanter au profit du divertissement même si celui-ci fait partie du rôle des médias.
Attention quand même à ne pas trop frustrer les journalistes. Les départs d’Alassane Samba Diop, Mamoudou Ibra kane et du très célèbre animateur DJ Boups, n’ont pas laissé indifférents. La direction ne s’était-elle précipitée pour revoir sa stratégie, mettre en place une nouvelle organisation en créant un chamboulement et recruter des journalistes d’envergure afin de combler le vide laissé par les départs ? Il est parfois inutile de jouer à se faire peur. Le Groupe Futurs Médias gagnerait à donner plus de considération aux journalistes, ceux-là qui ont fait ce dont Bouba se glorifie aujourd’hui. Mieux vaut en tout cas prévenir que guérir.