NETTALI.COM - Suite à la récente sortie du ministre de l'Education nationale sur la question du voile à l'institut Sainte Jeanne D'Arc, le Conseil national du laïcat du Sénégal estime que le ministre a "pris position", avec un "empressement déconcertant". C'est ce qui ressort du communiqué parvenu à notre rédaction.
Le Conseil national du laïcat du Sénégal n'est pas du même avis que le ministre de l'Education nationale dans le débat sur l’interdiction du port du voile au sein de l’institution Sainte Jeanne d’Arc. Il a tenu à le faire savoir. Il pense tout au plus que celui-ci a réagi "avec empressement" en "mettant l'établissement au banc des accusés".
Et le communiqué de poursuivre : "Monsieur le Ministre, en réagissant d’une façon si épidermique, à travers ce communiqué qui transpire le parti pris sans discernement de vos collaborateurs de l’inspection d’Académie de Dakar, vous jetez dangereusement en pâture une institution privée catholique dont la préoccupation a juste été et demeure de faire respecter les valeurs chrétiennes qui la fondent et, au-delà, les principes constitutionnels d’égalité, de liberté, de respect mutuel, en somme, le vivre ensemble"
Et le Cnls de reprocher au ministre, son attitude, puisqu'il estime que le ministre, en invoquant la loi d’orientation n°91-22 du 30 janvier 1991, le ministre "tait à dessein" les dispositions de l’alinéa 2 de son article 4 nées de la modification de ladite loi par la loi n°2004-37 du 15 décembre 2014 qui indique : "Au sein des établissements publics et privés d’enseignement, dans le respect du principe de la laïcité de
l’Etat, une éducation religieuse optionnelle peut être proposée. Les parents choisissent librement d’inscrire ou non leurs enfants à cet enseignement."
Pour le Cnls, le communiqué de Mamadou Talla est “fait à charge’’ alors que “L’église ne les juge point et respecte leurs choix", allusion faite aux élèves qui se couvrent la tête.
Poursuivant dans la même lancée, le Cnls pense en revanche que le ministre juge leur institution : "Monsieur le Ministre, vous jugez. Vous avez jugé et avez déjà condamné, sans procès, l’école privée catholique qui, à vos yeux, pose des ‘actes discriminatoires", estimant qu'il n’a été prise à défaut dans son engagement à respecter la foi de ses élèves’’.
Et comme pour contre-attaquer, le Cnls de faire remarquer que des enseignantes d’obédience catholique “se voient imposer’’ l’obligation
de se couvrir la tête pour pouvoir intervenir dans certains établissements. “De même, avance t-il, il nous est plusieurs fois revenu, que dans certaines localités de notre pays, des élèves catholiques sont contraints de suivre des cours d’éducation coranique, en lieu et place de l’initiation à la langue arabe qui est d’ailleurs supposée être facultative, sans possibilité de s’y soustraire’’, peut-on noter dans le
communiqué.
Pour sa part, le conseil soutient que l’école privée catholique, dans le respect de la foi de ses élèves, “n’impose point d’enseignement religieux’’, mais organise avec “responsabilité’’ des cours de morale au profit des élèves non catholiques. “Si tant est que vous êtes réellement
préoccupé par le respect de la liberté de foi et de croyance, vous êtes personnellement interpellé sur ces questions’’, plaide-t-il.
Et le Cnls de faire savoir que "ni la menace à peine voilée de fermeture de l’institution Sainte Jeanne d’Arc, ni les appels au retrait d’élèves des établissements catholiques lancés par des quidams apostats en perte de repères dans leur propre confession’’ ne les ébranlent. “En conséquence de tout ce qui précède, nous, fidèles laïcs de l’Église catholique du Sénégal, comme la majorité de nos plus-que-frères sénégalais musulmans, soutenons sans réserve l’institution Sainte Jeanne d’Arc, en particulier, et l’enseignement privé catholique, en général. Nous exprimons notre ferme détermination à les assister dans l’opérationnalisation effective de toutes les mesures tendant à instaurer ou restaurer les principes constitutionnels et les valeurs de l’église dans leur règlement intérieur’’.
Concluant, le laïcat catholique d'enfoncer le clou : “En mettant en place des écoles privées catholiques, l’église affirme avec force qu’elle promeut ses valeurs, sans devoir s’excuser de cela auprès de qui que ce soit, mais sans toutefois les imposer à personne. Parmi ces valeurs, figure en bonne place la cohabitation harmonieuse des citoyens, dans le respect de leurs croyances et convictions respectives’’, estimant que l’uniforme est un levier qui permet d’atteindre ce but. C’est pour cela, conclut-il que les écoles privées catholiques en ont initié l’usage et la généralisation en milieu scolaire.