NETTALI.COM - EnQuête a titré ce vendredi sur le rapport portant rémunération des agents de l’Etat, livré depuis 2015, mais gardé secret. Les conclusions de cette étude, qui moisissent dans les tiroirs, depuis lors, laissent voir une désarticulation du système indemnitaire, « avec plus de 8 milliards d’heures supplémentaires en toute irrégularité ».
« Les conclusions de l’étude sur le système de rémunération des agents de l’Administration, jusque-là gardées secrètes, sont simplement choquantes, d’après certaines sources. L’étude, réalisée par le cabinet Mgp-Afrique en 2015, sous la commande de l’Etat, avait complètement mis à nu les failles dans ledit système. Pendant que certains agents se taillent de quoi vivre dans l’opulence, d’autres ont à peine de quoi subvenir à leurs besoins », révèle EnQuête.
« Le classement fait ressortir, d’une part, les privilégiés qui trainent avec des traitements pouvant aller jusqu’à plus de 7 millions de F Cfa. Mais, à n’en pas douter, ce qui choque le plus certains observateurs et grève le budget de l’Etat, c’est le grand déséquilibre à propos des primes et indemnités », précisent nos confrères. Qui s’interrogent : « Comment en est-on arrivé-là ? » « Tout commence dans les années 2000. Les enquêteurs indiquent qu’il y a eu “une pléthore de primes et d’indemnités créées et octroyées par de nombreux textes, au gré des pressions et sollicitations sociales, corporatistes ou carriéristes’’. Ainsi, existe-t-il, d’après nos interlocuteurs, pas moins de 80 types de primes et indemnités répartis entre les différents agents de l’Etat. Les plus nombreuses sont liées à un corps ou à un grade », rapporte encore EnQuête.
« La composante des primes et indemnités, explique le quotidien, constitue, en effet, la principale cause de l’explosion de la masse salariale, bien plus que les traitements de base, informe le rapport, d’après notre interlocuteur. Qui estime que la tendance constamment haussière de ces avantages pose le problème de leur soutenabilité. Et ce qui devait être l’accessoire devient presque l’essentiel. Dans certains corps de l’Administration, il arrive que certains gagnent des indemnités qui dépassent largement les 100 % de leur salaire de base. Ce qui est insensé dans un système normal, renseigne notre interlocuteur ».
« C’est à partir de 2004 que l’Etat, pour faire plaisir à certains corps, commence à créer des indemnités à tout-va. Ainsi a été portée sur les fonts baptismaux l’indemnité de responsabilité particulière (Irp) pour les ingénieurs, informaticiens, statisticiens, sortants de l’Ena, personnels du chiffre, planificateurs, économistes… Par la suite, cette indemnité a été élargie aux agents du Cadastre. Pour les médecins, l’Irp est finalement devenue l’indemnité médicale. A partir de là, la grogne syndicale monte. L’Etat, pour atténuer le déséquilibre ainsi créé, avait procédé, en 2006, à une allocation forfaitaire de 70 000 F Cfa pour les agents de la hiérarchie A et 35 000 F pour les agents de la hiérarchie B. Pour ce qui est des catégories à faible revenu correspondant aux hiérarchies C, D et E, elles ont bénéficié d’une ligne d’augmentation de salaire non imposable de 15 000 F Cfa.
C’est ainsi qu’en l’espace de 3 ans seulement, les primes et indemnités dans l’Administration ont augmenté de 90 % ; soit 30 % en 2004, 20 % en 2005 et 40 % en 2006 », rappelle EnQuête.