NETTALI.COM - « Les caisses de l’Etat sont vides », s’étonnait l’alors ministre du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo. C’était en avril 2012, au sortir du premier conseil des ministres sous l’ère Macky Sall. Il disait que les dépenses étaient supérieures aux recettes.
Alors ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye enfonçait un coin dans l’arc en prédisposant son monde à une vision tragique du septennat qui s’ouvrait. « Le Sénégal, selon l’ex-maire des Parcelles Assainies, s’est retrouvé dans une situation économique extrêmement grave, nécessitant un sursaut national. Le cadrage macroéconomique du Sénégal fait peur. Il faut que tous les Sénégalais le sachent, les mouvements sociaux surtout ».
Plus de sept après, le débat sur la tension de la trésorerie, portée par des opposants comme Mamadou Lamine Diallo, Ousmane Sonko et Thierno Alassane Sall, revient en surface.
Ironie de l’histoire, c’est le même Abdoulaye Daouda Diallo qui, devenu ministre de Finances, est positionné à l’endroit peu idéal pour défendre le régime sur l’état de l’économie sénégalaise.
Dans un communiqué publié il y a quatre jours, il dément toute tension de trésorerie. «Le processus d’exécution du budget 2019 se déroule normalement avec un rythme de recouvrement correct des recettes ainsi qu’une prise en charge satisfaisante des dépenses», réfutent les services du ministère des Finances et du Budget pour couper court aux rumeurs véhiculées à travers la presse au cours de ces derniers jours faisant état de tensions de trésorerie au niveau de l’Etat et d’accumulation d’arriérés de paiements importants vis-à-vis d’entreprises exécutant des investissements publics.
La question qu’on voudrait alors poser à Abdoulaye Daouda Diallo est, dès lors, de savoir pourquoi cette dette due aux entreprises qui avaient contracté avec le Programme des Nations Unies pour le Développement pour la mise en œuvre du PUDC ? La Direction nationale du PUDC, devant la rareté des ressources financières, avait été obligée d’assumer tous les droits et obligations du PNUD en cherchant ainsi à contraindre les prestataires qui courent toujours derrière leur argent.
On peut aussi demander au ministre des Finances pourquoi cette grogne dans les rangs des commerçants sénégalais suite à l’augmentation, intervenue le 11 juin passé, des frais de douane au niveau du Port autonome de Dakar ? Pourquoi l’Etat refuse-t-il d’ouvrir des négociations relativement à complainte des fonctionnaires souhaitant une augmentation de leurs salaires ?
Pourquoi notre système de santé est-il encore malade des pathologies chroniques qui empoisonnent le quotidien des patients ?
Pendant ce temps, les partenaires financiers du Sénégal pressent l’Etat d’appliquer la vérité des prix, consécutivement à la flambée du prix du baril de pétrole.
Il y a aussi l’alourdissement de la dette qui inquiète les institutions de Breton Woods. En 2012, la dette publique tournait autour de 2700 milliards de F Cfa (début 2012). Celle-ci s’établit aujourd’hui à 8600 milliards, soit une augmentation de 211%.
C’est dire, en définitive, que « tension de trésorerie » ou pas, entre les chiffres et le réel vécu, il y a un gap que les explications des techniciens ne peuvent pas combler.