NETTALI.COM – Il y a trois ans, était libéré Karim Wade dans des conditions « mystérieuses ». Son retour a été plusieurs fois annoncé avant d’être annulé. Le Pds, depuis lors, a subi une cascade de démissions. La dernière nouvelle qui nous est revenue de son séjour qatari est que son hôte voudrait lui confier un important fonds d’investissements, pour en faire son cheval de Troie en Afrique de l’Ouest.
L’absence de Karim charrie toutes sortes de commentaires. On se demande même si celui qui était, il y a quelques années, présenté comme le principal adversaire de Macky Sall, par des chroniqueurs politiques, n’a pas cédé du terrain à Idrissa Seck ou à Sonko, si on se fie à l’indifférence que l’électorat traditionnel du Pds a réservé au mot d’ordre de boycott donné par Wade lors de la dernière présidentielle.
Non seulement, depuis juin 2016, le Parti démocratique sénégalais a perdu de la bouteille, en éprouvant les contrecoups néfastes d’une cascade de démissions, mais l’équation Karim Wade reste le principal facteur de division, du sommet à la base.
Pas plus tard que vendredi dernier, le pape du Sopi s’est fait représenter à la grande manifestation de la plate-forme Aar Li Nu Bok par le député Serigne Mbacké Bara Dolly. Celui qui est officiellement numéro 2, Oumar Sarr, ne ferait plus partie des interlocuteurs privilégiés du secrétaire général national depuis qu’il a passé outre la consigne de ce dernier en participant, en première ligne, au dialogue politique initié par le président Macky Sall. Avant lui, Me Madické Niang, un moment intronisé par Me Wade comme « son adjoint » dans le parti en marge d’une visite à Touba à l'édition 2017 du Grand Magal, avait animé une fronde pour demander la définition d’un plan alternatif à la candidature de Karim (finalement avortée) à la présidentielle de 2019. Aux législatives de 2017, c’est le leader sopiste, lui-même, qui était obligé de conduire les troupes sur le terrain, en l’absence de son fils.
C’est dire que l’exil de Karim Wade est devenu une vraie pomme de discorde au Pds. Autre ombre au tableau : même les plus grands responsables de ce parti ne peuvent pas fournir une réponse exacte sur les contours du séjour de l’ex-chef de file de la Génération du Concret dans la capitale qatarie. Plusieurs fois Oumar Sarr et Babacar Gaye, qui fut porte-parole des libéraux, ont annoncé son retour, qui est toujours remis à la Semaine des quatre jeudis.
Pour rappel, le 24 juin 2016, l’ex-ministre d’Etat-d’avril 2009 à avril 2012-, condamné à six ans de prison ferme en mars 2015 pour « enrichissement illicite », est libéré. Alors accompagné du procureur général du Qatar et du très bien introduit avocat Me Madické Niang, il aurait fait « escale » à Touba pour solliciter des prières du défunt Khalife général des Murides Serigne Sidy Makhar Mbacké, avant de s’envoler pour Doha.
Ce que d’aucuns perçoivent comme un « deal international » et n’hésitent pas à parler de Protocole de Doha, pour tenter de faire croire qu’il a existé une entente secrète entre Macky Sall et les Wade, préalablement à la libération de Karim.
Dans les deux camps, c'est la loi de l'omerta. Wade n'a pas prononcé le moindre discours officiel sur le sujet depuis qu'il est revenu de Conakry, où il avait rencontré le président Alpha Condé qui avait offert sa médiation.
On image que ces pourparlers ont tourné au vinaigre, puisque le Pds, qui n'a pas pris part au dialogue national, s'est radicalisé ces derniers jours, en intégrant la plate-forme Aar Li Nu Bok,, qui oeuvre pour la transparence dans la gestion des ressources naturelles.Peut-être que les jours et les mois à venir nous édifierons.