NETTALI.COM – Abandonner le parrainage pour les prochaines élections locales. Voilà une recommandation de la mission d’observation de l’Union européenne qui doit plaire au gouvernement sénégalais. Car au-delà des réactions d’indignation peut-être de façade, l’Ue tend une vraie bouée de sauvetage aux autorités sénégalaises qui cherchent une porte pour se sortir du piège de la loi sur le parrainage.
Votée dans des conditions difficiles, la loi instituant le parrainage citoyen a permis d’éviter une présidentielle avec une foule de candidatures. Pour de nombreux observateurs, cette loi n’avait d’autres missions que de permettre au candidat sortant, Macky Sall, d’éliminer certains de ses adversaires. Seulement, cette loi est handicapée par de nombreuses insuffisances. Et son application risque de poser de sérieux problèmes. C’est en tout cas ce qu’a compris la mission d’observation électorale de l’Union européenne (Ue). Dans son dernier rapport final d’observation de la présidentielle du 24 février dernier, le Mission recommande «l’abandon du parrainage-citoyen afin d’éviter d’éventuelles difficultés d’application politique et organisationnelle lors des élections locales prévues en décembre».
Mais la sortie d’Elena Valenciano, cheffe de la Mission d’observation électorale de l’Ue, est très critiquée par les autorités sénégalaises. «Cette recommandation va au-delà de l’objet pour lequel l’observation électorale a été effectuée en ce qu’elle dépasse le cadre de l’élection présidentielle», a riposté le ministre de l’Intérieur. Et Aly Ngouille Ndiaye de rappeler que «le système de parrainage existait dans la législation sénégalaise. Il a juste fait l’objet d’une extension aux partis et coalitions de partis politiques et aux élections locales pour des besoins de rationalisation face à une inflation progressive des candidatures». Seulement, ajoute le ministre de l’Intérieur, «c’est en toute souveraineté que cette extension a été faite par le peuple sénégalais à travers sa représentation nationale. Toute modification ultérieure sera le fait du peuple sénégalais souverain dans les mêmes formes». Autrement dit, le gouvernement n’exclut pas une modification de cette loi sur le parrainage-citoyen.
C’est qu’au-delà de ce qu’on pourrait qualifier de fierté circonstancielle qui pousse le gouvernement à dénoncer une «ingérence», les autorités sénégalaises sont conscientes que c’est une véritable bouée de sauvetage que leur tend la Mission d’observation électorale de l’Ue. Macky Sall et son pouvoir tiennent là un bon argument à mettre sur la balance pour repousser encore les locales, le temps de s’entendre avec la classe politique afin d’abandonner le parrainage. D’ailleurs, en 2015, c’est la même mission de l’Union européenne qui avait recommandé le parrainage. Un argument qui avait bien servi au gouvernement. Et ce même gouvernement est conscient qu’il est quasi impossible d’appliquer le parrainage aux locales avec le nombre exorbitant de listes qui seront en compétition. Une chose est d’ailleurs sûre : recommandation de l’Ue ou pas, la loi sur le parrainage sera modifiée ou abandonner. Du moins pour les prochaines locales.