NETTALI-COM – Les révélations de la Bbc sur PETRO-TIM, un tremplin qui a du rebond pour un Abdoul Mbaye affectant de se relancer politiquement, après plusieurs échecs depuis les législatives de 2017.
L’argent n’aimant pas le bruit, le banquier est longtemps resté un homme de cabinet discret et effacé. Mais comme tout mène à la politique, le Premier ministre technocrate, après avoir quitté le gouvernement, opère sa reconversion dans le Landerneau.
Au milieu des fumées que dégage la polémique sur PETRO-TIM, il solde ses comptes et se positionne médiatiquement comme l’une des têtes de pont du combat de la plate-forme par des organisations de la société civile et de l'opposition pour réclamer la "transparence" dans la gestion des ressources naturelles.
En temps de dialogue, l’ex-chef du gouvernement occupe le poste de chef laissé vacant par le silence de Idrissa Seck ou encore de Karim Wade, qu’on entend de moins en moins pour diverses raisons. Abdoul de nouveau présidentiable ! Ce type d’élection crée la rencontre entre un homme et son peuple. Sa perte de vitesse en 2012 n’empêcha pas Idy d’assurer une remontée en 2019 quand une nouvelle situation induisit une nouvelle solution. « Il y a eu plusieurs Robespierre dans l’histoire, mais il a fallu la Révolution française pour que Robespierre apparût ».
Quelle est la contre-valeur électorale de l’activisme nouveau de Abdoul Mbaye ? Aux législatives de 2017, la coalition Joyyanti qu’il dirigeait avait obtenu un très faible score. Son parti l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) connut le même sort à la veille de la présidentielle de 2019, en ne réussissant pas à collecter le nombre de parrains nécessaires.
Pourtant, la réputation de probité qui s’attache à la mémoire de son père, Kéba, devait être un adjuvant décisif pour lui conférer le charisme qui convient à ses ambitions politiques. Le défunt président de la Cour Suprême ramassa les retombées de son courage pour avoir osé, de but en blanc, dire à Léopold Sédar Senghor que « les Sénégalais sont fatigués » et quitté le Conseil constitutionnel en temps d’hypertension électorale en 1993, antérieurement à l’assassinat de Me Babacar Sèye.
Ces hauts faits d’armes du célèbre juge sont, cependant, perçus dans le révisionnisme des détracteurs de Abdoul Mbaye comme un lâchage au milieu du gué et projettent ce supposé défaut sur le fils, qu’ils accusent d’avoir trahi Macky Sall. Dans leurs mémoires respectifs, Habib Thiam et le président Abdou Diouf donnent une version différente de la thèse officielle, au sujet de cette démission de Kéba Mbaye.
Le Congrès de la renaissance démocratique : une armée mexicaine destinée à porter ombrage à Ousmane Sonko…
Le Congrès de la renaissance démocratique que Mbaye-fils a monté avec Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, le juge Dème…n’est en réalité qu’une armée mexicaine destinée à porter ombrage à Ousmane Sonko, dans la 3e Voie, où les néophytes se frayent un chemin parmi la prétendue déchéance de crédibilité des politiciens classiques. La preuve, au lendemain des révélations de la Bbc sur PETRO-TIM, les principaux animateurs de ce cadre unitaire tirent dans tous les sens, chacun cherchant à ravir la vedette à l’autre.
En fait, à la présidentielle passée, le destin de Abdoul Mbaye aurait pu être autre, si le nez de Cléopâtre était plus court. Malheureusement pour lui, son concurrent de Pastef, quoique porteur du même discours anti-systémique, était servi par une faconde juvénile propre à soulever des passions. Un plus long séjour dans le système n’a pas transformé l’ancien Pm en Robin des Bois. De plus, l’effet boomerang de ses révélations sur l’affaire PETRO-TIM pourrait entamer sa crédibilité d’homme d’Etat, comme Idrissa Seck fut victime des contrecoups néfastes du fameux CD « Lui et moi ». En outre, son rôle dans l’affaire Habré, déterré par le Pds au nadir du régime de Macky Sall, ne milite pas en sa faveur.
Il s’y ajoute que contrairement à Ousmane Sonko, Macky Sall ou Idrissa Seck, Abdoul Mbaye ne contrôle le moindre département du Sénégal. Ce qui est un handicap, quand on veut accéder au plus haut destin politique.
En définitive, même s’il a le vent en poupe, le leader de Act devra ménager sa monture pour remporter le mortal kombat qui l’oppose au pouvoir et espérer prendre de la bouteille, politiquement s’entend. A moins que les conséquences judiciaires de son divorce ne ne viennent enfoncer un coin dans l’arc…