NETTALI.COM - Dans sa publication du jour, le quotidien EnQuête a zoomé sur l’étude qu’’Afrobarometer en collaboration avec Transparency International, a mené sur la perception de la corruption. L’enquête, qui a duré deux ans, n’a pas épargné polices, fonctionnaires des Etats, députés, chefs d’Etat et Premiers ministres, justices, services sociaux de base, leaders religieux...au Sénégal et en Afrique.
« Les députés du Sénégal n’ont pas à rougir, si l'on considère leur classement par rapport à ceux de la République démocratique du Congo (Rdc) où 79 Congolais sur 100 perçoivent la corruption comme un phénomène réel qui touche leurs représentants. La 10e édition du Baromètre global de corruption (Cbg, sigle anglais) de Transparency International et Afrobarometer a encore épinglé les agissements nébuleux de pouvoirs publics de 35 pays du continent noir, avec plus de 47 000 personnes interrogées. A la question de savoir si ‘‘tous les parlementaires, ou une grande majorité d’eux, sont-ils corrompus ?’’, seuls 24 % des Sénégalais ont estimé que leurs représentants à l’Hémicycle le sont effectivement », croit savoir le journal.
« Par contre, ces élus peuvent s’inquiéter de cette statistique qui marque un statu quo, puisqu’elle est la même qu’il y a quatre ans. Les juges et magistrats sont également logés à la même enseigne, avec le même score sur la même durée. Par contre, l’Exécutif peut se préoccuper de la perception des Sénégalais sur leur degré de corruption : 23 % ‘‘discréditent’’ le président de la République ainsi que le Premier ministre, de ce score, alors qu’ils étaient 22 % à le penser, quatre ans plus tôt. Les fonctionnaires de l’Etat sénégalais sont les plus mal lotis, puisqu’ils obtiennent deux points malus, passant de 24 à 26 %. Les leaders religieux ne sont pas en reste, puisqu’ils acquièrent un point dans le mauvais sens (8 % en 2019) et partagent ce palmarès avec les leaders traditionnels (9 % contre 8). Charité bien ordonnée commençant par soi-même, les organisations non gouvernementales (Ong) sont incluses dans l’étude et affichent 12 % en 2019 sans référence antérieure », informe encore le jornal.
« L’éclaircie, dans cette grisaille de scores peu glorieux, est détenue par le privé, les dirigeants d’entreprises notamment, qui, au Sénégal, ont gagné 10 points sur la perception de la corruption dans leur secteur, passant de 38 à 28 %. Un énorme bond en avant qui n’enlève en rien celui de la police, ayant fait les choux gras de la presse, il y a quelques années, avec le rapport de l’Ofnac qui l’a épinglée comme l’un des corps les plus corrompus. Elle a amélioré ses statistiques avec deux points bonus, si l’on considère les deux années de référence (29 % en 2019 contre 31 % en 2014). L’étude globale a été faite entre septembre 2016 et septembre 2018, avec une marge d’erreur de -/+3 et une fiabilité de 95 %. Au Sénégal, elle s’est déroulée entre le 2 et le 19 décembre 2017, impliquant 1 200 personnes interrogées par le Carrefour d’études et de recherche-action pour la démocratie et le développement (Ceradd) », précise EnQuête.
« Les statistiques, ajoute notre source, révèlent que 15%des usagers sénégalais du service public ont avoué avoir payé des pots-de-vin sur les douze derniers mois, alors que 43% pensent que la corruption a augmenté sur cette durée. A cette question qui leur a été adressée (‘‘Le niveau de corruption a-t-il changé ces douze derniers mois ?’’) 6% d’entre eux ont estimé que ça a augmenté dans l’école publique, contre 3% en 2014; 7% ont pensé pareil des hôpitaux, dispensaires et centres de santé, contre 3 % auparavant. Une perception qui interpelle d’autant plus qu’en 2019, 53% des Sénégalais interrogés sont d’avis que le gouvernement fait un mauvais travail dans la lutte contre la corruption, alors que 32% pensent que le gouvernement fait un bon travail. Quinze pour cent ont donné leur langue au chat. Par contre, 52% pensent que les gens ordinaires peuvent faire la différence dans la lutte contre la corruption. Le phénomène devrait persister globalement, puisque l’étude avance que trois Africains sur quatre refusent de dénoncer le phénomène par peur de représailles. La Rdc (80%), le Liberia (53%) et la Sierra-Leone (52%) constituent le tri o de tête d’un podium continental très peu élogieux, tandis que l’île Maurice, le Botswana et le Cap-Vert affichent des scores honorables (5%, 7% et 8% respectivement) ».
Avec le quotidien EnQuête