NETTALI.COM- Si jamais la Chambre criminelle d’appel suit le parquet général dans ses réquisitions, le policier Sidy Mohamed Boughaleb va purger la peine de 20 ans de travaux forcés que lui a infligée le juge d’instance. Car, le maitre des poursuites a requis la confirmation du premier jugement.
Condamné à 20 ans de travaux forcés et au paiement de la somme de 50 millions F CFA à titre de dommages et intérêts pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, par la chambre criminelle de Dakar, le policier Sidy Mouhamed Boukhaled était jugé en appel ce mardi 16 juillet 2019.
Il sera édifié sur son sort ce mercredi.
Le parquet général a requis la confirmation du premier jugement. « Sidy Mouhamed Boukhaled n'a pas eu la décence d’avouer son crime et demander la clémence de la Cour. Donc il ne peut pas bénéficier de circonstances atténuantes », a-t-il soutenu.
Pourtant, l’accusé continue de nier les faits. Boukhaled a déclaré qu’il est arrivé à l'Ucad vers 09h. Blessé vers 11h, il est allé à l'école police pour faire son rapport avant de se rendre au camp Abdou Diassé pour se soigner puis, il est rentré chez lui à Thiaroye.
Ses dénégations ont été confortées par les différents témoins. Parmi eux, Ndiaga Diop, commandant des éléments du Groupement mobile d’intervention dépêchés sur les lieux. « Il faisait partie des éléments de mon unité. (…) Ce jour là, on m’appelé pour me dire qu’il y a eu un décès lors de l’affrontement. Personnellement, je n’ai pas de preuves ni d’indices sur la culpabilité de l’accusé. Une enquête a été menée en interne après les faits mais n’a pas été concluante. On ne m’a dit que du bien de lui de par sa discipline et son professionnalisme », a témoigné le policier.
Son collègue Pape Sarr Guèye a déclaré : que la mission était d’empêcher les étudiants de prendre d’assaut la direction du COUD. « A un moment donné, j’ai vu Mouhamed avec le visage ensanglanté et je lui ai demandé d’attendre à côté pour être évacué. Quelque temps après, Mouhamed m’a appelé par la radio pour que je le rappelle sur son téléphone mais j’ai été catégorique, on était sous le feu de l’action, je lui ai dit qu’il pouvait émettre par la radio. L’appel a été coupé. Je n’ai appris le décès de Bassirou que vers 14h et à cette heure là, j’ai la certitude que Mouhamed n’était plus au campus », a indiqué l’adjudant de police.
Etudiant en Licence 3 mathématique à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop, Bassirou Faye a été atteint au cours d’échauffourées entre policiers et étudiants, le 14 août 2014. Mais, Boughaleb a clamé son innocence à l’enquête préliminaire, à l’instruction et même lors de son jugement en première instance.
Le policier a nié catégoriquement avoir tiré sur l’étudiant en avançant comme alibi des blessures qui l’avaient contraint à quitter le théâtre des opérations depuis le matin aux environs de 9h30mn-10h. Seulement ses déclarations ne correspondent pas aux résultats de la géolocalisation puisqu’il été repéré aux alentours de l’UCAD.
Il s’y ajoute que son collègue et camarade de promotion, Mamadou Ndiaye a minoré les blessures du policier. Infirmier à ENAP ( Ecole nationale de police) au moment des faits, il avait nié formellement avoir fait des points de suture car Boughaleb avait juste des éraflures à la tête. D’ailleurs, dans cette affaire, deux autres policiers avaient été inculpés avant d’être blanchis à la fin de l’instruction.