NETTALI.COM – L’économie sénégalaise subit les contrecoups néfastes d’un ajustement structurel qui ne dit pas son nom, avec la plupart des prix orientés à la hausse. Diagnostiquant le phénomène, l’économiste Meïssa Babou pointe les emprunts contractés sous le ministère d’Amadou Ba et "les mauvais choix du gouvernement".
La publication du jour du quotidien EnQuête a zoomé sur le contexte de raréfaction des ressources, en titrant « Aux sources d’un marasme ». « Entre la hausse des prix de certains produits et la dette intérieure qui étrangle les entreprises, la situation économique est tendue », fait remarquer le journal. « Aujourd’hui, c’est un euphémisme de dire que l’Etat est dans une situation plus que difficile. Les signaux sont au rouge et ils sont nombreux, les économistes qui n’ont eu de cesse de lancer des alertes », décrit le journal, sous la plume de Mor Amar.
Diagnostiquant le phénomène, dans les colonnes de EnQuête, Meissa Babou, professeur à la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Ucad, explique : ‘’C’est parce que l’Etat n’a que son budget qui est essentiellement alimenté à partir des taxes et droits de douane. Avant, il pouvait aller s’endetter auprès des marchés financiers, mais aujourd’hui ses marges de manœuvre sont limitées. La Banque mondiale comme le Fmi ne lui permettent plus de continuer à s’endetter de manière incontrôlée et les recettes propres ne suffisent plus. C’est pourquoi l’Etat cherche, par des micmacs fiscaux, à trouver des ressources pour ses besoins. Tous ces facteurs entrent dans ce qu’on appelle un ajustement structurel qui ne dit pas son nom. C’est dommage et c’est dommage pour les consommateurs que nous sommes.’’
En fait, Babou estime que ces derniers se verront dans l’obligation de payer pour des pots qu’ils n’ont nullement cassés. Il s’agit précisément, selon lui, ‘’des erreurs d’emprunts d’Amadou Ba’’ ainsi que des ‘’mauvais choix du gouvernement’’.
Se voulant plus précis, l’économiste ajoute : ‘’Il y a plusieurs facteurs. Le premier, c’est les mauvais choix de gouvernance avec des travaux comme le Ter qui nous coûte près de mille milliards de F Cfa. Avec un tel montant, on aurait quand même pu choisir de construire 5 universités et 20 hôpitaux. C’est ce qui me pousse à dire que les choix politiques ne sont pas rationnels. Le deuxième facteur, c’est l’endettement chronique d’Amadou Ba. On est presque à un service de la dette de près de 80 milliards que le Sénégal ne peut pas supporter. Sans compter le train de vie très élevé de l’Etat.’’