NETTALI.COM - La lettre adressée au Directeur de la prison de Rebeuss et portant la signature de Guy Marius Sagna avec le numéro de sa chambre (36) a fini de créer une cacophonie. Le ministre de la Justice et le directeur de la célèbre prison ne parlent pas le même langage. Pendant ce temps, le mouvement "France Dégage" soutient que l’activiste n'a pas contesté la paternité de la missive polémique.
Selon la livraison du jour du quotidien EnQuête, la lettre adressée au Directeur de la prison de Rebeuss, faisant état des mauvaises conditions de détention, suscite la polémique quant à sa paternité car, Guy Marius Sagna la conteste, selon le directeur de la prison. Il l’a dit, hier, en marge de l’inauguration des travaux de réhabilitation de la prison du Pavillon spécial de l'hôpital Aristide Le Dantec. “En écoutant la radio, j’ai entendu des informations concernant Guy Marius Sagna. Il est supposé qu’une lettre a été adressée au directeur de Rebeuss. Une lettre adressée au directeur de Rebeuss devait parvenir au directeur de Rebeuss’’, a déclaré l’inspecteur Cheikh Ahmed T idiane Dia. Poursuivant, il ajoute avoir appelé le principal concerné dans son bureau pour discuter avec lui. “La seule question que je lui ai posée est : « Est-ce que vous m’avez adressé une lettre ?» Il m’a répondu : « Non ! Je ne sais même pas de ce dont on parle. » Il a également fait savoir que Guy Marius Sagna lui a “carrément’’ dit qu’il ne lui a pas adressé la lettre et qu’il n’a non plus fait sortir une correspondance. En outre, l’inspecteur Dia confie avoir même pris le soin d’appeler le directeur de l’Administration pénitentiaire pour lui demander s’il avait reçu une lettre. “Il m’a répondu par la négative’’, renseigne-t-il, avant de parler de “rumeur’’. L ’un des conseils de l’activiste a abondé dans le même sens. “En ma qualité d’avocat de Guy Marius Sagna, je ne fais aucun commentaire sur la déclaration du directeur de la maison d’arrêt. Par contre, à la suite de la circulation de l’info, tout à l’heure, à 16 h, j’ai rencontré Guy Marius Sagna pour éclairer ma lanterne. Il a été formel et catégorique : “Maître, je n’ai adressé aucune lettre à qui que ce soit’’, a fait savoir Me Moussa Sarr après une visite à Rebeuss. Avant d’ajouter : “donc Guy Marius Sagna n’est pas l’auteur d’une quelconque lettre qui serait adressée au directeur de la maison d’arrêt’’.
Me Malick Sall : “J’ai reçu la lettre’’ Une rumeur que semble écarter le ministre de la Justice. Contrairement au directeur de la Mac de Rebeuss, le garde des Sceaux confirme être en possession de la missive. “J’ai reçu la lettre. La Direction de l’administration pénitentiaire sera saisie et elle répondra. Je vous assure que la réponse sera portée à la connaissance de tous’’, a fait savoir Me Malick Sall. Le mouvement Frapp/France dégage dément les propos prêtés à Guy Marius par le directeur de Rebeuss. A les croire, lorsque leur camarade activiste a été convoqué pour une séance d’explication, “il a catégoriquement refusé de répondre aux questions qui lui ont été posées et qui étaient orientées dans le sens de l'incliner à la délation, de lui faire avouer des complicités parmi les agents de l'Administration pénitentiaire’’. En somme, la direction de la coordination confie que Guy Marius “ne leur a rien dit’’. De l’avis des activistes, la sortie du directeur de la prison “transpire la peur’’. “C'est quelqu'un qui a peur pour sa carrière, comme c'est le cas de beaucoup de nos compatriotes fonctionnaires qui ploient sous le faix de l'oppression exercée par la hiérarchie politicienne à travers le concept valise d'obligation de réserve’’, se désolentils. Par ailleurs, Frapp/France dégage rappelle que Guy Marius Sagna “est arbitrairement privé de liberté de mouvement, depuis le 16 juillet, dans l'intention de le priver de sa liberté d'expression’’. De l’avis du mouvement, “ils pensaient qu'en le mettant en prison ils allaient le museler, mais Guy Marius Sagna a toujours été constant dans la protestation contre toutes formes d'oppression et d'injustice’’. “Guy Marius Sagna résistera et continuera à résister, car la résistance
à l'oppression est un droit constitutionnellement garanti’’, préviennent les activistes. Comme pour confirmer que leur camarade est l’auteur de la lettre, le mouvement ajoute que “ce n'est pas en prison qu'il va se taire face au traitement dégradant et inhumain qu'il y voit subir les détenus, des êtres humains, des citoyens sénégalais’’. Dans la même veine, Frapp/France dégage estime que l'Administration pénitentiaire et le ministère de la Justice “seraient mieux avisés de se pencher sur la situation exposée dans la « protestation ouverte » du camarade Guy Marius Sagna, plutôt que de perdre de l'énergie à traquer des complicités en son sein’’.
Directeur de Rebeuss : “On ne fouille jamais deux détenus à la fois.’’
Justement, par rapport aux protestations contenues dans la lettre et surtout liées aux fouilles corporelles, le directeur de Rebeuss a laissé entendre qu’il n’y a rien d’illégal. “Chaque métier a ses règles. Nous sommes régis par des lois et règlements à suivre pour un détenu arrivant. Les formalités de fouille en font partie’’, soutient l’inspecteur Dia. Qui précise : “Contrairement à ce qui est écrit, on a aménagé des locaux. On ne fouille jamais deux détenus à la fois. Des box ont été aménagés et qui servent de locaux de fouille, et c’est entre le détenu et l’agent. Il n’y a pas de discrimination chez nous. Nous ne sommes pas la police, ni la justice. Nous sommes l’Administration pénitentiaire. On a un métier qui a des règles et on applique ces règles à tout le monde.’’ Quand au ministre de la Justice, il relativise. “Je constate qu’il (Guy Marius) a déjà noué de bonnes relations avec l’Administration pénitentiaire et ça signifie qu’il est plutôt bien traité. Quelqu’un qui s’occupe des conditions de travail de ceux qui sont chargés de le surveiller montre la façon bonne par laquelle il a été accueilli’’, a dit Me Sall.