NETTALI.COM- Au Sénégal, pour se faire consulter par un spécialiste, il faut un rendez-vous sur deux, trois, six mois, voire un an. Un long délai d’attente qui ressemble à un couloir de la mort dans lequel les patients sont tués à petit feu par la progression de leur maladie. Selon EnQuête , sur 1 500 spécialistes inscrits en faculté de médecine par an à , seul le 1/3 est sénégalais
Faute de spécialistes et de plateau technique, les victimes de l’accident du 17 août faisant 5 morts et 66 blessés dans le département de Bignona, ont doublement souffert. Le centre de santé où sont acheminés certains blessés ne dispose même pas de service de radiologie, encore moins d’Irm.
En plus de cela, le bloc opératoire n’a jamais fonctionné depuis son ouverture, parce que, informe-ton, l’Etat ne parvient pas à trouver un chirurgien à y affecter. Pourtant, paradoxalement, il y a chaque année, 1 500 diplômés en études spécialisées (Des) inscrits à l’université. Mais, malheureusement, seuls les 500 sont sénégalais.
«Quand on sait que la formation d’étudiants en médecine coûte excessivement cher, le Sénégal se permet le luxe de former des étrangers à la place de ses propres enfants», se désole un médecin. Cela est dû, à son avis, d’abord, au fait que les frais d’inscription ont augmenté à 500 mille par année.
Il s’y ajoute le fait que les professeurs demandent beaucoup de services pour décourager les jeunes Sénégalais et les obligent à une année probatoire. C’est-à-dire, au lieu de faire 4 ans de formation, tu fais 5 ans. «C’est un deal sur le dos du peuple sénégalais. Parce que l’université gagne 750 millions par an avec l’inscription à 500 mille des 1 500 Des. Sur les 5 années de formation, c’est 3 milliards 750 millions. Cet argent ne rentre pas à l’université, mais dans la poche des professeurs».
Les chiffres du ministère confirment le déficit
Selon les normes de la carte sanitaire du Sénégal, il faut 750 médecins spécialistes dans les hôpitaux. Mais le pays est à 647. Donc, un gap de 103 spécialistes. Pour les urologues, le Sénégal en compte 37 sur les 51 demandés ; l’écart est de 14. Les radiologues sont au nombre de 44 sur 51 demandés ; il en manque 7. Il y a 42 orthopédistes sur 61 ; soit 19 de moins. Il y a 31 ophtalmologues sur la norme 39. Ce qui fait un gap de 8 spécialistes.
S’agissant des neurologues, ils sont 20 ; la norme, c’est 102. Le manque à combler est de 82. Pour ce qui est des néphrologues, c’est 20 sur 39. Le gap est de 19. Il y a 37 généralistes, alors que le pays a besoin de 33 autres.
Concernant les biologistes, sur la norme de 83, le Sénégal ne dispose que de 72 ; l’écart est de 11. Toutefois, il faut préciser que ces normes sont domestiques. Elles ne regardent que le Sénégal.
Concernant les normes édictées par l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le pays est très en dessous. Mais pour le chef du Service de parasitologie et mycologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, Professeur Daouda Ndiaye, on ne peut pas parler de déficit de spécialistes au Sénégal. «En matière de qualité et de quantité, ils existent. Le seul souci que nous rencontrons, c’est parfois l’utilisation de ces spécialistes qui fait défaut. Nous savons qu’il y a des médecins en chômage», dit-il.