NETTALI.COM – L’affaire de l’interdiction du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’arc est en train de prendre des proportions insoupçonnées. La preuve : le khalife général des Tidianes s’est saisi de la question. Au cours d’un rassemblement religieux en présence du Grand Serigne de Dakar, Serigne Mbaye Sy Mansour a tenu à exprimer sa colère.
Alors que les autorités trainent encore les pieds dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Sainte Jeanne d’arc, les religieux sénégalais, eux, ne perdent pas leur temps. Après les Imams et autres prêcheurs, c’est au tour de Serigne Mbaye Sy Mansour de se prononcer sur la question. Au cours d’un vaste rassemblement organisé par des talibés tidianes en présence du Grand Serigne de Dakar, le marabout a dit ses quatre vérités aux autorités.
«Cette école n’a aucune considération pour nous les Sénégalais», a laissé entendre le khalife de Tivaouane. Et Serigne Mbaye Sy Mansour de poursuivre : «Si nous acceptons la laïcité, ils doivent respecter nos croyances. Je fais partie du peuple, donc tout ce qui touche les Sénégalais me concernent.» Selon lui, ceux qui interdisent le voile portent leur croix sans problème. D’ailleurs, il s’interroge : «Où est la laïcité ?» S’il est colère contre l’institution Sainte Jeanne d’arc qui a interdit le port du voile dans son établissement, c’est surtout aux autorités sénégalaises que le khalife général des Tidianes en veut. Et d’avertir : «Le peuple est en train de dormir, mais il faut faire attention car son réveil peut être brutal.»
Profitant de la présence d’Abdoulaye Mactar Diop, Grand Serigne de Dakar et député, Serigne Mbaye Sy Mansour appelle l’Assemblée nationale à assumer ses responsabilités et représenter dignement le peuple. «Le gouvernement ne peut rien faire sans vous (les députés, ndlr). S’il est vrai que vous êtes là pour le peuple, il faut fermer cette école.»
L’Institution Sainte Jeanne d’arc est au cœur d’une grosse polémique depuis qu’elle a décidé au mois de mai dernier d’interdire le port du voile à ses élèves musulmanes. Malgré le rappel à l’ordre du ministre de l’Education nationale dans un communiqué daté du 3 mai 2019, l’école a mis à exécution sa menace, expulsant dès la rentrée toutes les filles voilées de l’Institution.