NETTALI.COM- Les parties prenantes du dialogue politique ne parlent toujours pas le même langage sur le mode d’élection des adjoints aux maires et des vice-présidents de conseils départementaux. Hier encore, elles ont buté sur une mésentente totale sur la question.

 

Le dialogue politique est au point mort. Les différentes parties prenantes engagées dans les concertations sur le processus électoral, restent toujours divisées sur le mode d’élection des adjoints aux maires et des vice-présidents de conseils départementaux.

Mais, selon EnQuête, cette fois-ci, ce n’est pas la majorité et l’opposition qui sont à couteaux tirés sur la question. Pour une première fois d’ailleurs, depuis le démarrage des concertations sur le processus électoral, elles s’alignent sur la même position, concernant cette question typiquement politique.

Cependant, elles font face aux non-alignés qui s’arc-boutent toujours sur leur position de départ, c’est-à-dire élire les adjoints aux maires et les vice-présidents de conseils départementaux au suffrage universel direct, tout comme les maires et les présidents de conseils départementaux.

Pour le coordonnateur des non-alignés, Déthié Faye et ses camarades, autant le maire doit être élu directement par les populations, autant les adjoints aux maires et les vice-présidents de conseils départementaux doivent l’être.

Cette position est partagée par la société civile. Mais ce n’est pas le cas pour la majorité et l’opposition qui veulent limiter le suffrage universel direct aux maires et présidents de conseils départementaux. «C’est pourquoi on n’a pas encore de consensus. Maintenant, il n’est pas exclu qu’en reprenant la discussion sur le parrainage et la caution, qu’on revienne sur cette question», informe M. Faye.

En réalité, l’opposition et la majorité redoutent un bureau municipal monocolore, avec le suffrage universel direct pour les adjoints aux maires et les vice-présidents de conseils départementaux. Ce qui n’est pas le cas pour les non-alignés qui estiment que les partis politiques vont souvent en coalition aux élections municipales et départementales. Et, à chaque fois qu’une coalition gagne, ce sont les forces en présence qui constituent le bureau.

«Ils disent que quand, par exemple, dans le parti ou dans la coalition, on sait qui sera maire et qui sera adjoint, les candidats mettront leurs moyens et s’investiront dans la campagne, espérant pouvoir être élus. S’ils savent dès le départ qu’ils ne seront pas élus, ils ne mettront pas leurs moyens. Ça, c’est de la duperie, parce qu’on n’a pas besoin de faire miroiter à quelqu’un la possibilité d’être adjoint au maire tout en sachant qu’on ne compte pas à en faire un adjoint», persifle M. Faye.

Liste proportionnelle pour la ville

Pour le plénipotentiaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Benoit Sambou, ce serait un précédent dangereux pour la démocratie sénégalaise d’élire les adjoints aux maires et vice-présidents de conseils départementaux au suffrage universel direct. «Je ne vois pas comment on peut élire des adjoints aux maires au suffrage universel direct. Imaginez qu’un adjoint au maire élu au suffrage universel direct se réveille un bon matin et démissionne. Dans ce cas, qu’est-ce qu’on fait ? On convoque de nouveau le collège électoral ? C’est impossible", fulmine le chargé des élections de l’Alliance pour la République (Apr).

Selon Benoit Sambou, les adjoints, rien que pour saboter l’élection du maire, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. «Les gens ont des idées arrêtées et refusent parfois de comprendre. Je ne sais pas s’ils ont compris. Parce que s’arc-bouter sur cette position pose problème. Mais on espère que d’ici à la prochaine rencontre, on trouvera un consensus», soutient-il.

Au cours de la rencontre d’hier, il était également question de discuter de l’élection pour la ville. Dans des villes comme Dakar, Thiès, Pikine et Rufisque qui englobent un certain nombre de communes, les maires étaient élus au suffrage universel indirect. Dans le passé, il n’y avait pas de liste de ville. Le collège électoral au niveau des villes était essentiellement constitué de conseillers envoyés par les communes. Ce sont ces conseillers qui élisaient le maire. Avec le nouveau mode d’élection, dès le départ, les populations sauront qui sera le maire de la ville. Ainsi, il y a aura une liste proportionnelle pour la ville et une liste majoritaire au niveau des communes. Et après les élections, les communes qui composent la ville enverront à partir de leurs listes majoritaires un certain nombre de conseillers au niveau de la ville.

Cependant, si les différentes parties prenantes du dialogue politique sont d’accord sur le principe, elles sont toutefois confrontées à des questions pratiques techniques qu’elles doivent affiner davantage au cours des prochaines rencontres. Mais pour Déthié Faye, là aussi, la principale difficulté qui risque de se poser, c’est le mode d’élection des adjoints.