NETTALI.COM - Avoir une seconde raffinerie, améliorer la Sar avant le premier baril de pétrole et aller vers le biogaz, sont autant de projets dans les circuits pour atteindre l’accès universel à l’électricité. Un montant de 4 323 milliards de francs Cfa sera nécessaire pour financer le secteur de l’énergie au Sénégal, dans la période 2019-2023, selon la Lettre de politique de développement du secteur rendue publique hier, à l’occasion de l’atelier de validation de son plan.
L’accès universel à l’électricité reste encore un challenge pour le gouvernement sénégalais, même si le taux d’électrification rurale est passé de 27 à 42,30 %, entre 2013 et 2017. Selon le consultant en ingénierie et expertise énergétique au ministère du Pétrole et des Energies, Assane Diouf, le secteur est confronté à la mise en place des préalables pour la production prochaine du pétrole et du gaz local, et de sécurisation de la logistique d’approvisionnement en hydrocarbures du pays. Il présentait, hier, la Lettre de politique de développement du secteur de l’énergie (Lpdse) pour la période 2019-2023, lors d’un atelier. D’après ce consultant, l’accès universel et durable à des services de l’électricité à moindre coût, la sécurisation de l’approvisionnement des ménages en énergie durable et optimale de cuisson, sont aussi des problèmes auxquels il faut faire face dans cette politique. En même temps que le parachèvement de la réforme du cadre légal et réglementaire du secteur et l’amélioration du dispositif de pilotage, de régulation et de suivi-évaluation. Pour atteindre ces objectifs, il est indiqué, dans la lettre de politique de développement du secteur distribuée à cette occasion, qu’un budget provisoire de 4 323 milliards de francs Cfa est nécessaire. “Sans une bonne maitrise de la politique énergétique, il sera difficile d’accélérer le processus de croissance, de création de richesses et d’emplois. Et la vision qui sous-tend la Lettre de politique du développement du secteur de l’énergie est l’accès généralisé à une énergie durable et à un coût supportable pour les ménages et entreprises. Tous les sous-secteurs de l’énergie ont été pris en compte’’, affirme le ministre du Pétrole et des Energies.
Mouhamadou Makhtar Cissé veut aller au biogaz
Dès lors, Mouhamadou Makhtar Cissé a fait un plaidoyer pour des programmes comme celui du biogaz. Pour permettre, d’après lui, non seulement de maitriser les risques sur l’environnement et la santé des populations, mais d’amorcer une petite économie au niveau des zones, leur permettant d’avoir du gaz pour la cuisson, l’éclairage et de l’engrais pour améliorer le rendement de leur agriculture. Pour le ministre, le financement, c’est le problème le “moins important’’ dans les politiques économiques. “Quand on a un bon plan, généralement, on a un financement. C’est pourquoi la planification reste importante. L’aspect le plus important, dans ce processus, est le suivi-évaluation qui permet de s’approprier les projets, de les encadrer, d’exécuter, d’évaluer et de mesurer l’impact que ces projets ont eu sur notre économie et la vie des populations. C’est ça le défi que nous devons relever’’, ajoute-t-il. M. Cissé indique que le portefeuille de la contribution allemande pour le secteur de l’énergie est de 200 millions d’euros, soit plus de
131 milliards de francs Cfa, dont plus de 80 millions d’euros de dons, environ 52 milliards de francs Cfa. Par rapport à la sécurisation de la production et de l’approvisionnement en hydrocarbure, il a été recommandé, dans la Lpdse, la mise à niveau de la Société africaine de raffinerie (Sar) et l’amélioration de son dispositif de production et de sa rentabilité. Sur ce, le ministre en charge des Energies a rappelé que le Sénégal aura une nouvelle raffinerie. Mais il ne sait pas à quel horizon. “C’est inscrit dans la vision de faire une raffinerie plus moderne. Le temps d’une nouvelle raffinerie, c’est entre 7 et 8 ans. Au Sénégal, on a un problème d’espace, de foncier. Rien que pour identifier le site, faire cette nouvelle raffinerie, les contraintes environnementales, les études d’impacts, les populations à déplacer, la sécurisation des surfaces, etc., c’est cela la lourdeur des projets’’, explique Mouhamadou Makhtar Cissé. Du coup, d’après le ministre, après évaluation, la Sar a continué à avoir l’objectif d’une seconde raffinerie. Mais, aujourd’hui, il pense qu’elle a pris l’option d’améliorer celle existante, de faire des investissements supplémentaires, sécuriser les installations pour accueillir le premier baril sénégalais en 2022. “Elle a déjà signé quelques accords avec certains partenaires techniques. Les études ont été faites, les financements peuvent être trouvés pour améliorer la raffinerie actuelle, lui permettre d’augmenter sa capacité et de traiter le premier baril. Le défi, c’est d’améliorer l’existant, en attendant de construire une nouvelle raffinerie. Nous estimons que ce ne serait pas une très bonne chose pour notre économie, pour les Sénégalais, qu’on ait du pétrole et qu’on ne puisse pas le raffiner sur place’’, dit-il.
Avec EnQuête