NETTALI.COM - Les éléments de la Brigade de gendarmerie territoriale de Tivaouane viennent de saisir une importante quantité de munitions de guerre destinées à des groupes armés basés en Mauritanie.
La gendarmerie a opéré une saisie de 3 900 munitions de guerre dans la nuit du 26 au 27 octobre 2019 à Pire, une commune située dans le département de Tivaouane. Cette grosse affaire qui a secoué les services de sécurité et installé le malaise au sommet de l’Etat, met en cause des chauffeurs sénégalais, un jeune militaire sénégalais et un Mauritanien.
Cette incroyable prise d’arsenal de guerre a été réalisée par les éléments de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Tivaouane lors d’une opération de sécurisation dans le département. En effet, dans la nuit du 26 au 27 octobre, aux environs de 02 heures, les éléments du Commandant Abdoulaye Diallo de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Tivaouane effectuent un contrôle de routine sur un véhicule particulier de type Mercedes, sur la Nationale 1. Au cours de la fouille du véhicule, les pandores ont failli tomber à la renverse à la découverte d’une importante quantité de munitions de guerre.
Les munitions seraient destinées à la Mauritanie
Interpellé, le chauffeur Maky Talla Ndiaye (32 ans) dit ignorer le contenu du colis. D’après nos informations , «les munitions de guerre étaient destinées à des groupes armés établis en Mauritanie». Cette importante quantité de munitions devait d’abord transiter par Rosso-Sénégal.
Lors de son audition par les enquêteurs de la Gendarmerie, le chauffeur Maky Talla Ndiaye a révélé qu’il avait été sollicité, alors qu’il se trouvait à Dakar, par Ahmed Ndiaye, un autre chauffeur qui était à Rosso-Sénégal, lui demandant de lui transporter de la ferraille. Maky Talla Ndiaye confie aux enquêteurs s’être rendu à Thiaroye, dans la banlieue dakaroise, pour récupérer les colis. Non sans faire remarquer qu’il ignorait l’identité de la personne qui a déposé les colis à Thiaroye. «Je ne l’ai pas trouvé sur les lieux lorsque je me suis rendu sur place pour récupérer les bagages», jure-t-il.
Mais, le jeune chauffeur décline l’identité de son collègue, Ahmed Ndiaye, qui est le destinataire du colis (munitions de guerre : Ndlr). Séante tenante, le Commandant Abdoulaye Diallo saisit son collègue de la Gendarmerie de Rosso-Sénégal qui n’aura aucune peine à interpeller Ahmet Ndiaye. Conduit dans les locaux de la Brigade territoriale de la gendarmerie de Tivaouane, ce dernier commence par nier avoir sollicité les services de Maky Talla Ndiaye. Acculé par les enquêteurs, il finit par céder et revenir sur ses déclarations. Ahmet Ndiaye balance à son tour un nommé Moustapha, établi en Mauritanie, qui lui aurait demandé de lui convoyer de la ferraille consignée à Dakar. Puisqu’il se trouvait à Rosso-Sénégal, il s’en est ouvert à son ami Maky Talla Ndiaye qui était dans la capitale sénégalaise. Le marché est conclu.
Un militaire sénégalais cité dans l'affaire
Au cours de son audition, Ahmed Ndiaye révèle aux enquêteurs que les colis lui ont été donnés par un certain B. Sangaré, un militaire en service au Camp militaire Lemonnier à Dakar, sur l’ancienne Route de Rufisque. Les enquêteurs de la Brigade de territoriale de Tivaouane, lâchés pour trouver le militaire de 25 ans, ne parviendront pas à mettre la main sur lui. D’après des sources, B. Sangaré a quitté sa tenue militaire pour se fondre dans la nature après qu’il a été informé de l’interpellation du convoyeur des munitions. Aujourd’hui, le militaire déserteur est activement recherché par les hommes en bleu. Et sa fuite suscite un questionnement. Pourquoi a-t-il déserté ? A-t-il volé des munitions de l’Armée sénégalaise ? A-t-il opéré en complicité avec d’autres personnes dans les rangs ? D’où proviennent ces milliers de munitions ?
En attendant de retrouver le jeune militaire, Maky Talla Ndiaye et Ahmed Ndiaye ont été déférés, avant-hier, au Parquet de Thiès. Thierno Demba Sow, procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Thiès, qui s’est déclaré incompétent, a renvoyé le dossier au procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye. Une action qui tient du fait que la procédure concerne un militaire en service qui ne peut être jugé que par un tribunal militaire sur ce dossier éminemment sensible. Pis, cette importante saisie de milliers de munitions était destinée à un pays limitrophe, notamment la Mauritanie où les bandes armées liées à des groupes terroristes ont installé des bases.
Selon nos informations, les munitions sont de type 7,62mm sur bande et sont extrêmement performantes. Utilisées dans les grands conflits, elles sont destinées aux armes lourdes portées par des chars de combat ou des véhicules de type Pick-up, seuls aptes à supporter les rafales qu’elles renvoient. Ces munitions performantes ont un pouvoir de pénétration et de perforation redoutable. D’après les experts, elles peuvent provoquer un carnage en quelques minutes lors des grands conflits.