NETTALI.COM - Me Aïssata Tall devient envoyée spéciale du chef de l'Etat, en contrepartie de son revirement spectaculaire de la veille de la présidentielle quand la promotrice de "Osez l'avenir" soutint la candidature de Macky, contre toute attente.
Celle qui était pressentie, selon une certaine presse, à la tête de l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) avait un obstacle de taille, sous le mode d'une ironie du sort, pour remplacer Abdou Karim Sall. Alors ministre de la Communication, elle avait, à la fin des années 90, dirigé les négociations devant conduire à l'octroi d''une licence à Sentel à 50 millions F Cfa.
Pour mémoire, convaincu que la deuxième licence de téléphonie mobile vendue à Sentel, a été bradée, le Pr Iba Der Thiam avait, en septembre 2007, adressé une lettre à Macky Sall, alors président de l'Assemblée nationale, pour réclamer la création d’une commission d’enquête parlementaire. Eu égard à ce passé, il coule de source que la nomination de Aïssata Tall Sall comme gendarme des télécoms allait susciter des grincements de dents chez les puristes.
Autre ombre au tableau, le décès de Ousmane Tanor Dieng a semblé bouleversé les plans du président de la République. Il fallait attendre que le poste laissé vacant par la mort du socialiste en chef soit pourvu et responsabiliser Alioune Ndoye qui s'apprêtait à animer une fronde au Ps, avant de recaser l'avocate, dont la proximité avec le chef de l'Etat crée quelques frustrations chez les loyalistes du parti senghorien. D'où la concomitance entre les nominations de Aminata Mbengue Ndiaye, le maire de Dakar-Plateau et son homologue de Podor.
Comme jadis Mimi Touré, Aïssata Tall Sall n'aura que Macky comme supérieur hiérarchique. Mais, toute la question est maintenant de savoir à quelle logique d'efficacité organisationnelle et managériale obéit cette promotion, pendant qu'on parle de nécessité de recentrer l'action gouvernementale sur la rationalisation, par un "resserrement organique" théorisé à travers le concept "Fast-Track"? Jusqu'à présent personne ne peut monter la fiche de poste de Mimi Touré, quand elle était envoyée spéciale du président de la République. Elle était plutôt confinée dans la mobilisation pour la réélection de Macky Sall. Si le chef de l'Etat doit recourir aux services d'une envoyée spéciale, à quoi servent alors tous ces conseillers et chargés de mission qui peuplent son cabinet.
On se souvient que la sœur du président Ali Bongo du Gabon, Pascaline, avait été nommée haute-représentante du chef de l'Etat, avant d'être débarquée récemment, pour des raisons strictement politiciennes. Ce maroquin est le pendant de ce qu'on appelle ici "envoyée spéciale". Devons-nous dès lors en conclure que notre démocratie n'a pas évoluer en 59 ans, au point qu'on reproduise des pratiques en cours dans des pays dirigés par la même famille depuis 1969 ?
L'Inspection générale d'Etat n'a pas tort de "s’attaquer" à certains décrets du président de la République, qui ne seraient pas conformes à l'orthodoxie. Sous Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, la création d'un nouveau poste était soumis à l'étude de faisabilité du Bureau organisation et méthode, pour en étudier la pertinence. Sous Me Abdoulaye Wade et Macky Sall, cette mystique de l'Etat ne serait pas partagée. Le pape du Sopi, pour amener Idrissa Seck à le rejoindre, créera un poste de vice-président qui n'a jamais été occupé. Macky Sall a copié les méthodes de son ex-maître. Dans ce contexte de politisation à tout-va des responsabilités, on se demande que devient le slogan : "la patrie avant le parti".