NETTALI.COM - Il a beau chercher à éviter le débat, mais Macky Sall n'échappe pas à la polémique sur un éventuel troisième mandat. Et les actes qu'il pose depuis sa réélection montrent que le chef de l'Etat est dans le temps des grandes manoeuvres. La question est donc de savoir à quelle fin.
Macky Sall agit-il comme un président de dernier mandat? La question se pose depuis quelques semaines. Surtout avec les sanctions prises contre ceux qui, comme Moustapha Diakhaté et Sory Kaba, ont osé dénier à l'actuel locataire du palais de la République, le droit de se présenter en 2024. Si on peut voir derrière ces sanctions une manœuvre pour se présenter à un troisième mandat, on peut aussi y déceler une volonté du chef de l'Etat d'éviter que son actuel mandat soit pollué par un débat qui risque de créer des tensions aussi bien dans les rangs de l'Alliance pour la république (Apr) qu'au sein de Benno Bokk Yakaar. Avouer dès maintenant qu'il n'avait pas le droit de se présenter à un troisième mandat, ce serait pour Macky Sall la meilleure manière d'ouvrir une guerre de succession prématurée dans son parti où les ambitions ne manquent pas. Le chef de l'Etat a donc intérêt à laisser la polémique durer.
Toutefois, ne pas se prononcer, c'est aussi laisser la rumeur miner les rangs aperistes. D'autant que certains le soupçonnent d'entrer dans un deal avec Me Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais (Pds). A quelle fin? Pour faire de Karim Wade son successeur ? Des questions auxquelles seul Macky Sall peut répondre. Et c'est justement ce qui intrigue certains ténors de l'Apr. Ces derniers seraient même en train de manœuvrer pour pousser le chef de l'Etat à se déterminer clairement sur la question de son successeur.
Cependant, le président de la République, lui aussi, manœuvre de son côté. Objectif : ne rien laisser voir sur ses vraies intentions. Ainsi, alors qu'on pensait qu'il allait profiter de ce dernier (?) mandat pour mettre sur orbite les ténors de l'Apr susceptibles de le remplacer, Macky Sall préfère renforcer ses alliés et ses nouveaux transhumants. Aminata Mbengue Ndiaye remplace le défunt Ousmane Tanor Dieng à la présidence du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Et les cadres aperistes qui espéraient en profiter ont vite déchanté. Et c'est au Parti socialiste (Ps) que le chef de l'Etat est allé chercher le remplaçant d'Aminata Mbengue Ndiaye au gouvernement. Alioune Ndoye devient ainsi ministre de la Pêche au grand dam des cadres de l'Apr. "Pourquoi renforcer un allié quand on n'est plus candidat à rien?", s'interroge un membre de l'Apr.
Mais Macky Sall ne s'arrête pas en si bon chemin. Puisqu'il préfère récompenser des transhumants de la dernière heure comme Modou Diagne Fada, Thierno Lô et plus récemment Aïssata Tall Sall nommée envoyée spéciale du chef de l'Etat. Au même moment, un membre fondateur de "Macky 2012" comme Ibrahima Sall est viré de la Sicap. Un affront pour quelqu'un qui a comme rivaux à Darou Mouhty... Diagne Fada et Thierno Lô. Alors Macky Sall manoeuvre-t-il pour se représenter ou pour mieux gérer son dernier mandat et bien préparer sa succession ? En fin tacticien politique, il ne cesse de brouiller les pistes.