NETTALI.COM – Léopold Sédar Senghor voulait faire de son « Laye Ndiombor » son successeur. Plus qu’une légende, c’est une théorie du complot qui a souvent été évoquée par des chroniqueurs politiques. Plus de 40 ans après, on assiste à un dévoilement progressif de la vérité. Et c’est Me Abdoulaye Wade lui-même qui confirme qu’il était et bien dans les plans du poète-président.

Présentant hier ses condoléances au lendemain du rappel à Dieu de Colette Senghor, Me Abdoulaye Wade est revenu sur ses relations avec le poète-président, qui lui portait respect et affection, malgré leur adversité politique.

« Un jour des amis du Rotary Club de la Seine Saint-Denis avec mon ami Jean Lhopiteau me firent comprendre que le Rotary aimerait recevoir en dîner de gala un intellectuel africain de haut niveau et que certains membres avaient suggéré le nom de Albert Tévoedjré que nous avons perdu récemment. Que son âme repose en paix.Tévoedjré, il est vrai, avec la parution de livre à paradoxes, ‘’La pauvreté, richesse des nations’’ avait enflammé l’opinion tiers-mondiste. Jean Lhopiteau me demanda mon avis », raconte le pape du Sopi. Poursuivant son récit, il déclare : « Je conseillai d’inviter Tévoedjré qui était un ami étudiant militant comme moi, dans le MLN, Mouvement de Libération Nationale pour une conférence et de réserver la soirée de Gala à SENGHOR. Enthousiastes mes amis me répondirent oui, fort bien mais nous n’avons pas son contact. J’ai répondu que je pouvais faire le contact. SENGHOR accepta, bien entendu ».

« A la soirée de gala, j’étais le seul africain avec SENGHOR face à 250 convives rotariens.Et c’est à cette occasion que SENGHOR fit une révélation. En vérité, dit-il, je voulais que ce soit Wade qui me succède mais il est allé créer son parti et a déjoué tous mes plans », révèle Me Wade, qui fut accueilli au musée Senghor.

« SENGHOR m’avait proposé le poste de Vice-Président et l’intermédiaire choisi était M. Mansour Kama Président de la CNES. Notre premier rendez-vous fut à Paris à l’hôtel Terminus de Saint-Lazare.Les premières négociations commencèrent à Dakar dans une maison à la SICAP face à Soumbédioune. J’y allais chaque fois avec mon collaborateur Ousmane Ngom à qui je demandais de m’attendre dans sa voiture dehors devant la porte.A mon premier rendez-vous Collin me demanda de revenir la prochaine fois avec des propositions sur la manière dont je voyais l’organisation de la Présidence de la République à mon installation », s’est souvenu l’ancien président de la République, qui se rappelle aussi avoir rendu « compte fidèlement à Ousmane Ngom ».

« Les rencontres suivantes ont eu lieu à l’Hôtel Balzac, Rue Balzac, Champs Elysées, Paris. J’étais accompagné, chaque fois, de mon collaborateur Alioune Badara Niang.Il fut convenu que je serai installé Vice-Président au mois de mars, après le congrès de l’UPS, étant rappelé que nous étions en juillet (1978 ?). Le projet n’eut pas de suite et l’histoire nous fournira les explications. En tout cas pour Collin je ne faisais pas preuve de beaucoup d’enthousiasme pour quelqu’un qui voulait être Président de la République. Le projet traîna et se perdit dans les sables de la politique avant le mois de mars.Les conditions du départ de SENGHOR sont moins simples qu’il ne dit et je reviendrai sur cette question dans mes mémoires », termine-t-il son récit, sur un goût d’inachevé.