NETTALI.COM – La fin prochaine du franc Cfa annoncée samedi à Abidjan par le président ivoirien suscite un grand débat au sein des milieux intellectuels africains. Si certains saluent la réforme, d’autres accusent la France de garder le contrôle sur les économies des huit pays de l’Uemoa. Banquier et ancien Premier ministre du Sénégal, Abdoul Mbaye salue la réforme mais appelle à la prudence.
Invité de l’édition spéciale que Radio France internationale (Rfi) a consacrée ce dimanche à la fin prochaine du franc Cfa, Abdoul Mbaye a tenu à saluer la réforme. Pour l’ancien Premier ministre de Macky Sall, cette réforme a «un caractère intelligent dans la mesure où elle combine évolution importante et prudence nécessaire». «Puisqu’il s’agit de monnaie, je crois qu’il est important d’éviter les anticipations et toute spéculation qui serait dommageable à l’Eco demain», a expliqué Abdoul Mbaye, banquier de formation. Il ajoute : «Il est important de bien noter que des précisions ont été données par le Président Alassane Ouattara, notamment sur le maintien de la parité fixe. Il y a également maintien d’une garantie de convertibilité par la France. Donc, ce qui faisait la stabilité du franc Cfa est maintenu.» Selon lui, le changement de dénomination est essentiel. Et pour cause, dit-il, «le Cfa a fait polémique».
Toutefois, l’ancien Premier ministre est d’avis qu’il y a à s’interroger sur le moment auquel ce changement sera effectif parce que, rappelle-t-il, «l’Eco (qui doit remplacer le Cfa) n’est pas seulement une affaire des huit pays de l’Uemoa. Cela concerne aussi les autres pays de la Cedeao.» «Mais, se réjouit Abdoul Mbaye, le Cfa subit une réforme importante, une réforme qui était demandée et qui était devenue nécessaire.» Malgré tout, il appelle à éviter d’aller trop vite vers cette monnaie.
Interpellé sur les réserves déposées en France et qui vont disparaître, Abdoul Mbaye souligne qu’«il y a parfois de l’exagération». «Déposer ces réserves dans un compte d’opération ne veut pas dire en perdre le contrôle ou la propriété. Il faut voir ce compte d’opération comme ayant été une contrepartie de la garantie de convertibilité que la France accordait au franc Cfa. Cette contrepartie disparait, mais la convertibilité reste», a martelé le premier chef de gouvernement de l’ère Macky Sall.