NETTALI.COM – Alors que la polémique enfle à travers les réseaux sociaux, au lendemain de l’annonce de la création d’une nouvelle monnaie sur les cendres du F Cfa, à l’instigation supposée de la France, les têtes de gondole de l’opposition sénégalaise s’enferment dans un silence polaire. Les rares voix qui se font entendre émanent de figures sans consistance électorale réelle.
L’Eco, qui n’est pas encore sorti de terre, charrie déjà une vive polémique, au lendemain de l’annonce de sa création. Les présidents Alassane Ouattara et Macky Sall, donnés pour pions de l’Hexagone, sont traités de tous les noms d’oiseaux à travers les réseaux sociaux. Dans une tribune intitulée « MACRON, OUATTARA ET CONSORTS VOLENT NOTRE MONNAIE ! », Cheikh Tidiane Dièye de la plate-forme Avenir Senegal Bignou Beug accuse les chefs d’Etat ivoirien et sénégalais de chercher « à nous couper l’herbe sous les pieds et à travestir l’ECO, en donnant l’impression que tout change alors que rien ne change ».
A part cette note discordante et celle du professeur Ndongo Samba Sylla, aucune autre récrimination à fort retentissement médiatique.
Il est vrai que le contexte de dialogue national programmé a froidi bien des ardeurs chez les adversaires de Macky Sall. Mais, au Sénégal, le combat contre le F Cfa a été, durant ces dernières années, porté par des figures de la société civile émergente, comme l’activiste Guy Marius Sagna. Certes on peut comprendre le silence des personnalités membres de Benno Bokk Yakaar qui appuient les positions de Mcky Sall, soupçonné d’avoir rallié la ligne de la France, cependant, même l’économiste Abdoulaye Wade, le chantre du NEPAD qui aimait faire dans la harangue panafricaniste, s’est montré mutique sur ce débat. Ousmane Sonko, arrivé 3e à la dernière présidentielle, se tait depuis quelque temps sur le sort du F Cfa, et par extension, sur les relations entre le Sénégal et l’ancienne métropole, alors qu’il a bâti son ascension politique sur un discours de type néo-nassérien dirigé contre les intérêts occidentaux.
Auditeur de formation, Idrissa Seck militait pour un dépérissement graduel adossé à une solution régionale impérative. « Le substitut naturel du franc CFA est donc la monnaie commune de la CEDEAO. Notre agenda n’est pas dans une approche défensive de sortie du CFA, mais dans la démarche plus offensive de création de notre propre monnaie régionale, dans les meilleurs délais », disait le leader de Rewmi.
Banquier de profession, Abdoul Mbaye salue la réforme mais appelle à la prudence
Pour l’ancien Premier ministre de Macky Sall, cette réforme a «un caractère intelligent dans la mesure où elle combine évolution importante et prudence nécessaire». «Puisqu’il s’agit de monnaie, je crois qu’il est important d’éviter les anticipations et toute spéculation qui serait dommageable à l’Eco demain», a expliqué, sur les ondes de Rfi, Abdoul Mbaye. Il ajoute : «Il est important de bien noter que des précisions ont été données par le Président Alassane Ouattara, notamment sur le maintien de la parité fixe. Il y a également maintien d’une garantie de convertibilité par la France. Donc, ce qui faisait la stabilité du franc Cfa est maintenu.» Selon lui, le changement de dénomination est essentiel. Et pour cause, dit-il, «le Cfa a fait polémique».