NETTALI.COM – Le président de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse), Amadou Ibrahima Sarr, soutient qu’en 2017, l’Etat avait amplifié pour opérer une baisse de 10% sur les tarifs de l’électricité.
L’Etat du Sénégal a-t-il vite fait de baisser les tarifs sur l’électricité en 2017 ? Le président de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) répond par l’affirmative. « En 2017, c’est l’Etat du Sénégal qui a décidé, lorsque nous on a fait les écarts de revenu, d’amplifier un peu le peu qu’on a pu avoir, le reliquat de ressource qu’on a pu engranger un peu du fait de la baisse des barils, mais qui ne pouvait pas justifier une baisse tarifaire, le gouvernement a amplifié pour amener la baisse à 10% . Et s’est chargé derrière de compenser l’opérateur pour ce surplus de baisse qui n’était pas prévu dans les commissions tarifaires du Sénégal », relève M. Amadou Ibrahima Sarr, président de la Crse, dans un entretien avec le journal Le Quotidien, dans la foulée de la remise de son rapport annuel.
« Donc ça c’est hors de contrôle de Senelec », précise-t-il. Justifiant sa position, il ajoute : « Si on regarde le dernier trimestre, on voit qu’effectivement Senelec a acheté le baril à 90 dollars, donc ça on en tient compte. Ensuite on se dit il était prévu de vendre sur l’année x Mw/h, rien que pour le premier trimestre la Senelec a vendu x Mw/h, ça veut dire que c’est une augmentation de la demande. On combine ces deux effets et on le répercute sur le revenu maximum autorisé. Et c’est ça l’objet de l’indexation. C’est de dire voilà les éléments hors de contrôle de l’opérateur. On a vécu la réalité voilà ce qu’ils ont vendu, voilà ce qui était prévu, le prix du baril on avait dit que c’était x franc maintenant c’est x franc, donc le Revenu maximum autorisé (Rma) de Senelec doit être à tel niveau. Maintenant leurs recettes sont de tel niveau et voilà l’écart de revenu ».
« Avec les tarifs en vigueur les recettes sont de 280 milliards. Il y a un écart de revenus de 150 milliards sur l’année », affirme l’interviewé. Il en veut pour preuve : « L’Etat a deux options, soit il dit vous laissez les tarifs en vigueur, moi je compense Senelec ou je fais une compensation partielle, je prends à hauteur de tant, le reste vous le répercutez aux consommateurs. C’est en 2008 que l’Etat a eu à faire cela, c’està-dire vous faites un ajustement partiel. Depuis lors systématiquement l’Etat a pris en charge tous les écarts de revenus. Même en 2017, on a dû baisser un peu et en 2019, janvier, avril et juillet, l’Etat a décidé de compenser. C’est ce que je disais qui faisait 82 milliards. Maintenant pour les 12 milliards restants, l’Etat a dit qu’on fasse une augmentation partielle des tarifs, un ajustement partiel des tarifs 10% et 6% ».
« De 2005 à maintenant, il y a toujours un gap de -25% entre ce qui est payé par les usagers et le tarif au niveau où il devrait être »
« A titre de rappel, je crois de 2005 à 2019, l’Etat aura versé en tout 888 milliards de francs Cfa à Senelec. Si on entend cela dans le principe, on peut considérer que c’est une manne financière pour Senelec, alors que je réitère ce point-là, de tout temps, il n’y a pas eu une adéquation entre le tarif qui est payé par les usagers et celui qui aurait dû être payé. De 2005 à maintenant, il y a toujours un gap de -25% entre ce qui est payé par les usagers et le tarif au niveau où il devrait être. Ce qui fait que c’est l’Etat systématiquement, pour maintenir la stabilité des tarifs, tenant compte aussi que malgré cette subvention le tarif de l’électricité est assez cher, toujours cher au Sénégal, qui a pris sur lui de continuer à compenser. Maintenant si vous l’analysez du dehors comme ça, si vous regardez, on parle souvent de subvention, mais en réalité ça ne l’est pas. Si on se place du côté de Senelec c’est un droit, c’est du côté du consommateur qu’on parle de subvention, mais pour Senelec, ce n’est que des compenses tarifaires », note encore le président du Crse.