NETTALI.COM - Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), soutient qu’il refuse de polémiquer avec le patron de Dmédia, Bougane Guèye Dany. Il précise, toutefois, que la décision de la structure qu’il dirige est basée sur des dispositions légales.

«Je ne suivrai pas Bougane sur ce terrain-là. Le terrain des insanités, ce n’est pas mon fort. J’ai parlé à Bougane Guèye Dany, j’ai parlé à son Directeur général. Nous avons envoyé toutes les correspondances au groupe Dmédia. Avant la mise en demeure, nous avons parlé aux responsables du groupe Dmédia. Quand tous les éditeurs se sont conformés à la loi, j’ai à nouveau saisi les responsables de Dmedia. Le matin même avant la réunion du collège du Cnra qui a pris la sanction, des amis communs, je peux citer Babacar Touré, l’ont appelé et il n’a rien voulu comprendre. Quand on se met comme ça, de son propre chef, au-dessus de la loi, il ne reste plus qu’à sanctionner », déclare Babacar Touré dans un entretien téléphonique.

Selon lui, Bougane n’a donné aucun choix au Cnra. «Il a préféré faire dans la fuite en avant, il a préféré avoir le discours discourtois. Et, nous, c’est un terrain sur lequel nous ne pourrons jamais le suivre. Nous sommes une autorité de régulation et il sait qu’il s’agit d’une loi. C’est une loi que nous avons initiée, nous journalistes, dans le cadre de la loi portant code de la presse. Maintenant, il dit que nous avons fait cela contre Ousmane Sonko. Mais comment il peut dire cela ? Un texte est toujours préparé plusieurs jours avant. Mon directeur de cabinet me l’a soumis et je l’ai envoyé aux conseillers. On ne savait même pas que Ousmane Sonko passerait sur sa chaîne. En plus, quel lien il peut y avoir entre une décision qui part à minuit et un homme politique qui passe à 20 heures ? Cela n’a aucun lien. Je pense que certaines attitudes sont regrettables et c’est dommage qu’un patron de presse réagisse comme cela. Je suis peiné quand je vois certains comportements », peste-t-il.

Sur la décision de Dmédia de saisir la justice, Babacar Diagne soutient que le groupe est dans son droit. «C’est son droit. Il est libre de saisir la justice pour abus de pouvoir. Il y a des gens de son groupe qui m’ont appelé aujourd’hui et qui veulent faire la médiation. Moi, je suis respectueux de la loi. Nous n’avons fait qu’appliquer la loi. Le Conseil va se réunir à nouveau parce que Bougane a fait un communiqué très tard le soir, dans ses antennes, sans même nous l’envoyer. Alors que nous lui avons notifié par lettre, la sanction et il n’a même pas daigné nous répondre. Il a simplement envoyé un communiqué dans les médias. Mais, ce n’est pas grave. Le Conseil va se réunir à nouveau et s’il lève la sanction, c’est bien », ajoute-t-il.

Babacar Diagne pense qu’à SenTv, ils confondent la mise en demeure et la demande d’explication. «Nous avons envoyé à Bougane une mise en demeure. Et une mise en demeure s’exécute. Birane Ndour, Mamadou Ibra Kane, Marème Ndiaye, tous ses collègues, unanimement, ont dit qu’ils respectaient la décision du Cnra. Donc, je ne comprends pas pourquoi, lui seul, veut se mettre au-dessus de la loi. Quand un média commet une faute, le Conseil se réunit et juge par rapport à la faute. Et le collège est souverain. Il y a des palettes de sanction, mais selon la gravité, le collège décide. Si quelqu’un décide, demain, de faire une publicité d’alcool. Il fait cela, le matin, vous lui envoyez une observation comme on l’avait fait avec le «Khessal (dépigmentation)». Il le répète deux, trois fois, plus tard, vous lui envoyez une mise en demeure. Le Conseil pouvait prononcer une sanction pour six, sept ou huit mois. Parce que c’est très grave. Comment peut-on aller dans l’irrespect, dans la violation d’un sujet aussi moral qu’est le «Khessal» ? C’est cela qui me fait peur», indique Babacar Diagne.