NETTALI.COM – Le dialogue national se poursuit dans une atmosphère de paranoïa. Une certaine société civile soupçonne des membres de l’opposition de  vouloir faire de ce cadre le pré carré des politiques, en vue de créer les conditions de l’entrisme.

La première volée de bois vert, concernant le déroulé du dialogue national, est justement venue de la société civile, particulièrement du Forum civil. Son coordonnateur et membre du Comité de pilotage n’a pas mâché ses mots.

Dans sa livraison du jour, EnQuête nous renseigne que c’est sur son statut WhatsApp qu’il a affiché son mécontentement, pestant : “L’opposition présente au dialogue joue le jeu du pouvoir’’. A l’origine, la décision relative à la fermeture de la Commission politique aux autres membres du Comité de pilotage. Joint au téléphone par nos confrères, Birahime Seck précise : “Le dialogue politique ne doit pas être le pré carré des politiques dans le dialogue national. Chaque membre, conformément au décret portant création du Comité de pilotage, a le droit de s’inscrire dans, au moins, deux commissions. Il est impossible que le règlement intérieur viole le décret. C’est en porte-à-faux du consensus’’.

Pour lui, la Commission politique ne saurait déroger aux règles générales de formation des autres commissions. “Il est inconcevable, au moment où il n’y a pas encore de commission, qu’on veuille balayer d’un revers de la main les discussions sur cette question. C’est une incongruité politique’’, fulmine-t-il, tout en promettant que le Forum civil fera entendre sa voix, “pour manifester sans réserve son désaccord sur cette façon de faire des politiques, en voulant s’accaparer le dialogue politique’’.

Analysant la situation, Moundiaye Cissé de l’Ong 3D déclare : “Le dialogue doit nous rassembler. Il ne doit pas être une source de division. Malheureusement, nous avons constaté que le dialogue national a fini de diviser l’opposition sénégalaise qui est un maillon essentiel de notre démocratie’’. Comment en eston arrivé là ? Il soutient que c’est à cause de l’objet même du dialogue. “Sur le principe, dit-il, nous sommes tous d’accord. C’est même une tradition dans notre pays, où les acteurs de la vie publique discutent depuis les années 1990, voire au-delà. La différence avec ce format, c’est que d’habitude cela portait uniquement sur la politique, la définition des règles du jeu. Ce qui est une nécessité, si l’on veut bâtir une société de paix. Mais nous avons beaucoup de réserves par rapport au format actuel du dialogue national’’.

Moundiaye Cissé, ONG 3D : "cela favorise l’entrisme et nous sommes contre cette façon de procéder"

En fait, explique EnQuête, Monsieur Cissé a peur de voir ces concertations déboucher sur la mise en place d’un large consensus autour de la gestion du pouvoir. Outre la dislocation de l’opposition, il soupçonne une volonté de mise en place d’un gouvernement d’union nationale. “Il ne faudrait pas s’étonner demain que le Président dise à ces partis de l’opposition : vous avez participé à améliorer ma vision du Sénégal, à définir ma politique... Je vous invite à me rejoindre pour la mise en œuvre des conclusions. C’est pourquoi, je dis que cela favorise l’entrisme et nous sommes contre cette façon de procéder. Notre démocratie a besoin de l’opposition’’, se répète-il. “Logique pour logique, renchérit le directeur exécutif de 3D, cela doit aboutir à un gouvernement d’union. C’est pourquoi, je dis que je comprends ceux qui ont décidé de ne pas y répondre, parce que préférant rester dans l’opposition’’.