NETTALI.COM – Très en verve ce soir, Pape Diop est sorti de sa réserve pour se prononcer sur les questions brûlantes de l’heure. L’ancien patron du Parlement affiche ses réserves relativement au dialogue politique et demande à Macky Sall de méditer le sort de Abdoulaye Wade. Ce dernier, pense-t-il, a été trahi par tous ceux qui le poussaient à briguer un 3e mandat à la veille du 23 juin.
Invité ce mercredi à l’émission hebdomadaire « Face à Pape Alé », l’ex-président du Sénat est revenu sur les coulisses des manifestations du 23 juin 2011, quand le Sénégal faillit basculer dans le chaos.
Après que Pape Alé Niang lui a rappelé qu’il était la seule personnalité de l’entourage de premier cercle de Abdoulaye Wade à s’opposer au fameux projet de loi, Pape Diop a confirmé avant de révéler : « Je n’ai pas l’habitude de raconter ce que j’ai vécu avec le président Wade en privé. J’ai eu tous les honneurs grâce à lui. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a eu une réunion au palais à la veille du 23 juin 2011. Effectivement, je n’étais pas d’accord avec Wade. Lorsque je lui ai donné mon point de vue, à l’occasion de cette réunion, il m’avait coupé la parole. Au sortir de la réunion, dans les couloirs, j’ai même insulté ceux qui essaient de le convaincre d'aller jusqu'au bout de sa logique. Ils ont tous transhumé aujourd’hui. Les gendarmes qui étaient au palais ont même rappelé à Wade ma position après ces évènements quand on tirait les enseignements. Le colonel Cissoko, qui était son aide-de-camp, est tenu par l’obligation de réserve, mais il en sait beaucoup », a confié l’invité de la SenTv.
Il en déduit que Macky Sall doit se méfier des mauvais conseillers qui n’hésiteront pas à le lâcher le jour où il perdra le pouvoir. « En tout cas moi, certes nous ne sommes pas du même bord politique, mais s’il me reçoit, je lui dirai de vive voix ce que je pense », ajoute-t-il. Pour lui, le chef de l’Etat doit imiter l’exemple de Abdou Diouf qui profita du dialogue initié au début des années 90 pour établir le consensus. « Le dialogue politique n’est qu’un ressort d’amortissement du choc social à venir », prend-il ses réserves, un brin soupçonneux. C’est ainsi qu’il a insisté sur l’adoption du bulletin unique. Aussi, suspecte-t-il des manœuvres tendant à vouloir profiter du dialogue politique pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats ou faire nommer le maire de Dakar par décret.
A la question de savoir si Macky Sall nourrit l’intention de briguer un 3e mandat, Pape Diop ne saurait répondre par la négative. A l’en croire, le chef de l’Etat montre les signes de quelqu’un qui privilégie la politique politicienne à la gestion des affaires de la cité. Il en veut pour preuve : la suppression de la primature. Cependant, tranche-t-il : « Il (Macky Sall) ne fera pas de 3e mandat parce que la Constitution a tout réglé ». M.Diop est contre le fait de vouloir comparer la situation de 2012 à celle d’aujourd’hui. De l’avis de l’ancien maire de Dakar, « le référendum de 2001 avait écrasé tous les articles de la constitution précédente. Alors qu’en 2016, Macky Sall n’a pas créé une constitution. On ne peut pas parler du principe de la non-rétroactivité de la loi. Mieux, il a fait introduire une disposition indiquant que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».