NETTALI.COM - La  nouvelle découverte de 120 kg de cocaïne, d’une valeur marchande de plus de 9 milliards de FCfa, mardi dans un compartiment du navire «Grande Nigeria» immobilisé au port de Dakar depuis le mois de juin 2019, à la suite de la découverte de 798 kg de cocaïne, continue de faire couler beaucoup d'eau et d'encre. Nettali retrace les péripéties de cette saisie.

Tout commence le 26 juin 2019. Les douanes sénégalaises annoncent en grande pompe la saisie de 798 Kg de cocaïne trouvés dans des sacs dissimulés dans les coffres de véhicules de marque «Renault Kwid». De la drogue débarquée dans le même navire «Grande Nigeria», qui avait accosté au môle 2 du Port autonome de Dakar. Une perquisition sur le navire est ensuite effectuée avec des chiens renifleurs du Cynogroup de la gendarmerie. Perquisition qui n'avait pas permis de retrouver une autre cargaison de drogue.

L’enquête déclenchée concomitamment par les agents de la Douane et de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) de la police, était sanctionnée par l’arrestation des membres de l’équipage, dont le commandant italien du navire, Mattera Borgia Paquale, un marin, Paolo Amafitano, de même qu’un couple (de voyageurs ?) allemand (s). Ces derniers seront «à la surprise générale», autorisés à regagner leur pays à la faveur d’une liberté provisoire.

Le navire, lui, est immobilisé par les autorités compétentes sénégalaises pour les besoins de la procédure douanière et judiciaire en cours. Les propriétaires du bateau, pour maintenir en bon état le navire, décident d’envoyer à Dakar, des équipes de relève composées d’ingénieurs, de mécaniciens, pour des travaux  de réparation, maintenance et de mise en état de cet imposant navire de 14 étages, pouvant embarquer jusqu’à 3 000 véhicules. Ces éléments de relève, comme ils sont communément qualifiés au port de Dakar, fort d’une vingtaine d’employés, étaient quasiment les seuls autorisés à s’aventurer jusque dans les profondeurs du navire pour les besoins de leur travail.

Mais, pour parer à toute éventualité, la surveillance du bateau est confiée aux douaniers sénégalais «confinés» à une distance réglementaire. Quant à la sécurité, elle est confiée à une société privée spécialisée, affiliée à la haute autorité du port de Dakar, dont les agents sont postés aux abords du navire.

Une nouvelle perquisition qui fait jaser

Curieusement, plus de six mois plus tard, le commandement des douanes annonce une nouvelle saisie de 120 Kg de cocaïne, d’une valeur marchande de 9 milliards 600 millions de FCfa.

Ce mardi 28 janvier 2020, en effet, l’équipe de relève effectue comme d’habitude ses missions professionnelles à l'intérieur du navire  «Grande Nigeria». Il est environ 16 heures lorsque des éléments de cette relève entament des réparations au niveau du compartiment des générateurs. Leur attention est attirée par la présence de 4 sacs de couleur noire, renfermant un contenu suspect. L’information est toute de suite remontée et l'Unité mixte de contrôle des conteneurs et des navires (Umcc), dirigée par un colonel des douanes. Les limiers de l’Ocrtis et leurs collègues de la police scientifique se rendent dare-dare au môle 2 du port autonome de Dakar. En présence du patron de l’Umcc, son collègue qui chapeaute la subdivision des douanes du port de Dakar, du directeur de l’Ocrtis et du commandant de la police scientifique et technique, les 4 sacs de 30 Kg chacun, soit 120 Kg supposés contenir de la cocaïne, sont ouverts et un pesage effectué. C’est alors que les policiers scientifiques sont entrés dans la danse en procédant à des tests chimiques. Le résultat confirme leurs appréhensions : il s’agit effectivement de la cocaïne d’une haute qualité très prisée dans les milieux des narcotrafiquants.

Les enquêteurs se sont ainsi rendus compte que contrairement aux emballages de couleur noir, notés sur les premières saisies de 798 Kg, ceux utilisés pour conditionner les 120 Kg sont de couleur rouge, bleu, marron…, portant la marque «Caminante» apposé en dessous du logo «Apple». Aussi, sur les blocs durs de cocaïne sont aussi apposé des images de tigre, ou d’un squelette d’un animal semblable.

Les auditions se poursuivent

La cocaïne authentifiée, les colis sont placés sous scellé et confiés aux douanier. Une enquête est également ouverte. Les agents de l’équipe de relève, leur commandant en tête,  sont interpellés et soumis à une série d’auditions toujours dans le cadre de l’enquête ouverte.

Avec cette saisie de 120 Kg de cocaïne, une nouvelle perquisition du navire a été effectuée dans la matinée par les éléments mixtes de l’Umcc. L’opération s’est prolongée quasiment toute la journée, avec une assistance de chiens renifleurs à même de détecter la présence suspecte de drogue dans des compartiments les plus isolés.

La question qui taraude l'esprit de beaucoup de gens est de savoir comment lors de la précédente perquisition, les chiens n'ont pu détecter la drogue ? Ou bien la drogue a été planquée dans ce navire immobilisé après la perquisition effectuée au lendemain de la saisie de 798 Kg de cocaïne en juin dernier ?