NETTALI.COM - Monsieur le Président de la république, aujourd’hui et partout dans notre pays, affectueusement surnommé Ndoumbélane, les commentaires de toutes sortes vont bon train sur la possibilité qui s’offre à vous de briguer un troisième mandat. Le débat public est ainsi vampirisé par ce fameux troisième mandat ; un débat qui n’aurait jamais dû avoir lieu encore moins s’installer de manière si insidieuse. 

Monsieur le Président de la république, vous avez été un des acteurs les plus en vue dans la lutte du peuple sénégalais contre un troisième mandat du Président Abdoulaye Wade. Cet épisode douloureux et triste de la vie de notre pays a enregistré la mort  de plus d’une dizaine de jeunes compatriotes qui avaient accepté de consentir le sacrifice suprême pour le triomphe des nobles idéaux et des principes devant régir la marche de notre république. C’est ce sang versé qui vous a permis de trôner au palais, siège de la légitimité populaire. Et, c’est parce que  aviez certainement tiré les enseignements de cette sombre, triste et douloureuse page de notre histoire, qu’une fois élu, vous aviez cru devoir soumettre à la sanction du peuple, une révision constitutionnelle et non une nouvelle constitution, qui réaffirme la limitation des mandats présidentiels à deux. Il faut tout simplement rappeler que la constitution de 2001 avait déjà consacré la limitation des mandats à deux. Les dispositions de la constitution en vigueur sont sans équivoque « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». 

C’est clair, net, précis et limpide. Les Sénégalais avaient massivement voté cette révision constitutionnelle, en étant profondément convaincus que jamais plus le problème du troisième mandat ne se posera au Sénégal.

 Monsieur le Président de la république, vous aviez vous-même déclaré avoir verrouillé la constitution pour qu’il ne soit possible à quiconque  d’exercer plus de deux mandats consécutifs. Combien fois ne vous a-t-on pas entendu clamer, déclamer, affirmer, soutenir avec véhémence, déclarer et seriner partout, aussi bien en ouolof qu’en français, urbi et orbi, qu’après l’élection de Février 2019, vous en serez à votre second et dernier mandat. Aujourd’hui tous les Sénégalais, par la magie du clic et le génie du var disposent de plusieurs  enregistrements sonores et visuels  ou vous réaffirmiez que ce n’est ni opportun ni utile de débattre d’un éventuel troisième mandat, parce que tout simplement, la constitution ne le permet pas ; et vous aviez été très ferme et catégorique dans vos propos.

Monsieur le Président de la république, à peine huit mois après votre réélection, voilà que surgissait  et s’imposait sur la place publique la question d’un troisième mandat ; un débat bizarrement et étonnamment soulevé par vos partisans, peut-être même sur vos propres instructions. J’ai souvenance de la confidence d’un vos ministres qui m’avait fait part de son étonnement quand, au cours d’une audience que vous lui aviez accordée juste six mois après votre première élection de 2012, vous évoquiez déjà votre deuxième mandat. L’histoire semblait se répéter. Ce débat avait été suscité à dessein non seulement pour jauger la réaction des Sénégalais par rapport à votre réelle intention de vous représenter, mais aussi pour distraire et divertir le peuple par rapport à ces graves, innommables et innombrables scandales qui caractérisent votre gouvernance. Dans le cadre d’un réajustement communicationnel vous auriez donné des instructions pour qu’aucun membre de votre coalition n’évoque plus la question du troisième mandat devenue très sensible et susceptible de mettre la puce à l’oreille de vos compatriotes. Et, c’est pour avoir enfreint vos oukases que les éminents membres de votre parti fantôme, en l’occurrence Sory Kaba et Moustapha Diakhaté ont été virés comme des malpropres  sans ménagement et sans état d’âme ; vous n’avez en aucun moment tenu compte ni de la sincérité de leur engagement ni des énormes sacrifices consentis pour vous aider à accéder à la charge suprême.

Monsieur le Président de la république, par contre, d’autres membres de votre coalition ne se gênaient point pour soutenir que vous avez la possibilité de briguer un troisième et ils s’en faisaient les hérauts zélés publiquement ; pour ce faire ils envahissaient les média et mettaient à profit les différentes tribunes qui leur étaient complaisamment offertes pour défendre la possibilité d’un troisième mandat en votre faveur. Il n’est que de citer des gus, des minus habens comme Sitor Ndour, Cheikh Seck, des énergumènes dont les frasques, l’avidité, la cupidité ainsi que l’absence totale d’éthique et de vertu sont connus. Le traitement discriminatoire entre ceux qui disent la vérité et les courtisans ne fait que conforter les Sénégalais dans l’idée selon laquelle vous voulez briguer un troisième mandat. C’est le couperet pour certains de vos partisans qui, par simple fidélité, ne font que reprendre vos propres propos, votre position officielle de ne faire que deux mandats et, c’est le silence approbateur pour tous ces fumistes qui vous poussent vers la sollicitation d’un 3ème mandat. Votre attitude est très révélatrice d’un trait de caractère qui vous est propre ; vous êtes trop partisan et très partial dans vos jugements et vos décisions.

Monsieur le Président de la république, les Présidents africains, presque tous adeptes d’un troisième mandat, ont la sale manie et l’exécrable habitude de passer leur temps et leur magistère à mentir à leurs peuples qu’ils ont toujours considérés comme immatures, naïfs et incapables de s’assumer. Et c’est donc sans scrupules et sans aucune gêne qu'ils érigent le mensonge en élément paradigmatique de leur gouvernance ; la manipulation pour ne pas dire la trituration de la constitution devient leur jeu favori. Dans les pays africains, notamment au Sénégal, l’imaginaire populaire considère que le pouvoir est d’essence divine, c’est pourquoi son titulaire apparait comme un être exceptionnel représentant de Dieu sur terre, par conséquent, parfait et paré de toutes les vertus, et qu’à ce titre sa parole ne peut qu’être sacrée. Un chef ne peut ni ne doit mentir. Malheureusement, il a été constaté et relevé à suffisance que votre parole est instable, légère, dangereusement spécieuse et qu’elle ne mérite guère qu’on lui accorde un quelconque crédit.

Monsieur le Président de la république, mentir c’est donner pour vrai ce que l’on sait faux, mais aussi nier ce que l’on sait vrai. Devant votre peuple et la communauté internationale et en direct, s’il vous plait, vous avez, lors d’un show médiatique, narcissique et folklorique organisé au palais, vigoureusement nié avoir eu à récuser le ministre Ousmane Ngom ; de même que le directeur général des élections Cheikh Gueye. Certainement surpris par la pertinence de la question, agacé et irrité vous aviez répondu, avec une agressivité qui cachait mal votre colère ; et pour prouver la véracité de vos allégations et vous donner une assurance feinte, vous aviez demandé des preuves. Par la magie et la célérité du clic et le génie du var, ce témoin des temps modernes dont l’efficacité est à la fois hallucinante et sidérante, celles-ci vous furent présentées à travers des enregistrements qui vous ont confondu et rendu tout penaud. Les internautes s’étaient chargés de vous démentir ; on dément un menteur. Quand on ment on est un menteur. Cela me fait vraiment de la peine d’user de ce vocable dont je reconnais la crudité ; mais mon faible niveau ne m’a pas permis de trouver un synonyme euphémique. Après tout, devant des gens dépourvus de scrupules, sans aucun souci de la morale et faisant allègrement fi de l’éthique, il n’y a vraiment pas lieu de s’embarrasser d’un langage civilisé, politiquement correct, moralement acceptable et socialement tolérable.

Monsieur le Président de la république, votre magistère est jonché de reniements spectaculaires, truffé d’abjurations publiques, parsemé d’engagements  non respectés, pavé de promesses non tenues et émaillé de scandales de toutes sortes. Vous apparaissez aux yeux de la majorité de vos compatriotes, notamment les plus jeunes, comme quelqu’un dont la parole est très instable, trop volatile et fortement versatile. Aussi, entend-on dire à Ndoumbélane que «  waxu Macky Sall diarul door sa dom » ; pour tout simplement dire que votre parole ne vaut pas un kopeck.  Franchement il n’y a pas pire insulte que ce qualificatif adressé à une autorité, surtout si elle a la lourde charge et la grande responsabilité de présider aux destinées de ses semblables.

 Monsieur le Président de la république, vous êtes en train de manœuvrer et d’imaginer des stratagèmes pour faire prospérer et faire accepter votre intention, aujourd’hui, plus que manifeste, de briguer un troisième mandat. Avant d’aller plus loin, permettez à ma très modeste personne de vous rappeler ses paroles d’Allah « Mais les manœuvres perfides ne retombent que sur leurs auteurs ». (Sourate 35 Verset 43). Vous ne pouvez plus tromper les Sénégalais qui, très tôt ont compris votre mode de fonctionnement et découvert votre véritable personnalité et votre profonde identité. A vrai dire cette histoire de troisième mandat est moins une question juridique qu’un problème relevant de la  morale et de l’éthique. Il faut éviter le juridisme dans lequel veulent nous conduire vos affidés qui cherchent à instiller le doute dans les esprits et faire admettre la possibilité pour vous de solliciter un troisième mandat. Votre irascibilité et votre fâcheuse propension à sanctionner excessivement ne traduisent que votre faible caractère et surtout votre manque total d’assurance ; vous cherchez à prouver un semblant d’autorité qui vous fait énormément défaut et que vous cherchez à compenser par un autoritarisme de mauvais aloi.

 Monsieur le Président de la république, Allah Le Tout-Puissant vous a gratifié d’un énorme privilège en vous permettant de présider aux destinées de millions de vos compatriotes pendant douze ans ; qui plus est, en 2024, vous aurez bénéficié pendant ces douze années d’une caisse noire alimentée annuellement du faramineux montant de huit milliards dont il ne vous sera demandé aucun compte, cela vous fera un total de 96 000 000 000 de francs. Vous devez plutôt remercier Dieu de vous avoir accordé toutes ces faveurs alors que vous n’êtes ni le plus beau, ni le plus intelligent, ni le plus nanti, ni le plus valeureux de vos compatriotes ; vous n’êtes ni d’une meilleure naissance ni d’une meilleure extraction sociale. Au contraire vous êtes issu d’une famille souvent confrontée à l’impécuniosité ; c’est dire qu’Allah Le Tout-Puissant accorde ses faveurs et ses bienfaits à qui il veut.

 Monsieur le Président de la République, le débat sur le troisième mandat a été délibérément ravivé, ces temps-ci, par vos partisans et collaborateurs qui tous appartiennent à votre cercle restreint d’intimes qui n’ignorent rien absolument rien de vos intentions et projets. Il s’agit en l’occurrence de votre ancien Premier ministre Boune Abdallah Dionne, de votre ministre conseiller Mbaye Ndiaye. Le premier à la réputation d’etre un oracle dans ses prophéties. Il a comme trait de caractère principal d’etre un personnage insipide, terne, fade et d’une veulerie déshonorante et d’une soumission affligeante. Il a choisi de nier sa personnalité propre en acceptant de se réifier devant vous qu’il ne cesse de déifier chaque fois que l’occasion lui en donnée. Pour vous plaire il n’avait point hésité à traiter le Président Abdoulaye Wade de libéral sauvage ; voilà le proto type du séide qui est prêt à toutes les bassesses. Quant à Mbaye Ndiaye, le pleurnichard, disposant d’un réservoir lacrymal inépuisable, de tous les premiers compagnons les plus en vue de Macky Sall quand ce dernier faisait sa traversée du désert, il est le seul à refuser de s’affirmer et d’imposer sa personnalité. Contrairement à Alioune Badara Cissé, Moustapha Lo et Moutapha Diakhaté, il a choisi de se ranger systématiquement derrière Macky Sall pour ne pas perdre ses avantages matériels et financiers.

Monsieur le Président de la République, ces deux tristes et pauvres individus ne sont en réalité que des pantins, comme d’autres, que vous utilisez pour parvenir à vos fins. En réalité, vous êtes le véritable instigateur de tout qui se passe en ce moment tant au niveau de votre parti que par rapport à ce sordide débat sur un éventuel troisième mandat. C’est l’occasion pour moi, de demander à mes compatriotes d’éviter de tomber dans le piège qui consiste à alimenter de manière inutile un débat stérile sur la possibilité pour le Président Macky Sall de briguer, c’est-à-dire de poser sa candidature, pour un troisième mandat. Il y a un abus de langage qu’il y a, dès à présent, lieu de corriger ; l’octroi du mandat présidentiel est du ressort exclusif du peuple souverain. Le Président Abdoulaye Wade avait réussi à imposer sa candidature pour un troisième mandat que les Sénégalais lui ont refusé.

 Monsieur le Président de la République, vous êtes le responsable de tout ce désordre, de tout ce spectacle désolant qui s’offre à nos yeux et de ce théâtre de très mauvais gout et mal inspiré qui tient en otage tout un peuple qui croyait, naïvement, avoir dépassé le stade d’une démocratie bananière. Dans le trio désigné comme étant les comploteurs, il y a mal donne ; le nom de Boune Abdallah Dionne sonne faux de manière très évidente. Tout le monde sait qu’il n’a aucune ambition et que lui-même est conscient qu’il n’a guère la carrure pour prétendre etre président de la république. Sa candidature serait chahutée et perçue par les Sénégalais comme une moquerie ; en fait, c’est sciemment, qu’au niveau du palais on a inscrit son nom dans le cadre d’une opération de diversion, c’est une fausse piste.  Il s’agit de ne pas éveiller les soupçons,  d’anesthésier la vigilance et de faire baisser la garde des deux principaux visés, en l’occurrence Amadou Ba et Aminata Touré. Quant à l’implication des services des renseignements, je puis affirmer qu’ils ont été cités à tort, mais à dessein ; ils ont des préoccupations d’ordre plus stratégique à régler que de se livrer à certaines pratiques de bas étages. L’évocation des RG a pour objectif de donner du sérieux et de conférer de la crédibilité aux accusations. Amadou Ba et Aminata Touré, après un moment de répit seront encore victimes d’accusations les unes plus fantaisistes que les autres ; d’ici les municipales ils ne seront pas limogés. Mais après celles-ci, ils seront férocement attaqués et finiront par etre disgraciés. Et leurs pires ennemis sont bien protégés, solidement installés et très bien couvés au palais avec une bienveillance insoupçonnable.

 M’adressant aux Sénégalais, je leur demanderai de ne plus perdre leur temps à ergoter sur la possibilité pour Macky Sall de briguer un troisième mandat ; le débat doit être définitivement  clos. L’heure est à l’organisation et à la mobilisation populaire pour que le moment venu, le peuple puisse apporter la riposte nécessaire à toute tentative de forfaiture. Il faut investir les régions, les départements, les communes ainsi que les villages et les quartiers non seulement pour des séances d’explications, d’informations et de sensibilisations mais aussi et surtout pour la mise en place de structures organiques. Il me parait important, très judicieux, fort pertinent et véritablement utile de faire écouter aux chefs religieux les déclarations du Président Macky Sall sur son impossibilité à solliciter un troisième mandat ; ceux qui sont véridiques, par crainte d’ALLAH, lui refuseront leur soutien et les autres, pour ne pas perdre le bénéfice des enveloppes bourrées de billets de banque, feront la politique de l’autruche. Tout en restant dans le cadre strict des dispositions constitutionnelles et de respect strict de nos lois et règlements, la réponse populaire doit être déterminée et la résistance doit être farouche, sans concession ni répit à l’image de ce que nous montrent d’autres peuples pas plus vaillants que le nôtre. Il n’existe pas dans le monde un seul exemple d’une nation ou d’un peuple qui ait changé sa condition sans sacrifices et sans la ferme volonté d’y aboutir. C’est le lieu de rendre hommage et d’avoir une pensée pieuse pour les 12 morts qui ont donné leurs vies pour que  vous soyez le Président de la République du Sénégal ; et pour 2024, si les circonstances l’exigent d’autres Sénégalais seront prêts à se sacrifier pour sauver leur peuple.

 Monsieur le Président de la république, de grâce, par dignité, pour votre honneur et celui de votre postérité et par respect pour le vaillant peuple sénégalais qui vous aura tout donné, n’abjurez pas au sujet du troisième mandat. N’écoutez pas ces imbéciles, ces profitards et ces lascars qui ne prêchent que pour leur propre chapelle et qui seront les premiers non seulement à vous trahir mais à vous accuser de tous les maux et à vous traiter de tous les noms d’oiseaux. Observez votre entourage ; combien sont-ils qui faisaient la courbette au Président Abdoulaye Wade ? Je fais solennellement appel à votre sagesse, et à votre sens de l’honneur pour ne point envisager, un seul instant, solliciter un troisième mandat ; tout entêtement de votre part, risque de  vous faire subir, et je ne le souhaite guère, une humiliation jamais connue auparavant par un Président sortant. Léopold Sédar Senghor ne disait-il pas « Ngur ken du ko nieud » ; puissent ces sages paroles vous inspirer et vous servir de viatique.

 Monsieur le Président de la République, renoncez à ce projet funeste et prenez la ferme résolution de sortir par la grande porte et d’honorer votre peuple ; le cas échéant nous vous accompagnerons, le cas contraire nous vous combattrons.

 « La parole, c’est l’homme »   TERMINUS    2024.    

 Dakar le 1er Mars 2020                             

 Boubacar SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.