NETTALI.COM - Au lendemain de son expulsion manu militari du Sénégal le 24 février, l’activiste franco-béninois Kémi Séba s’en prend encore à Macky Sall et à Alassane Ouatara et défend le Nigéria, dans un entretien avec Sputnik, le 3 mars dernier.

Malgré le calvaire qu’il a subi , le 24 février, à l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar, où il a été interpellé, gardé à vue «30 heures sans manger» dans la zone de transit, avant d’être réexpédié vers la Belgique, le leader d’Urgences panafricanistes est plus déterminé que jamais dans sa croisade contre la Françafrique.

Cela, il l’a démontré lundi passé, dans un entretien avec Sputnik lundi passé. « Quand vous voyez des présidents, comme les présidents d’Afrique francophone, qui sont voués aux gémonies par tous les autres présidents d'Afrique. Le président Ouattara est l’un des présidents les plus détestés de l’histoire africaine contemporaine. Macky Sall pareil. Parfois je vais dans des pays, quand je fais des meetings, je dis non au néo-colonialisme, je vois des gens qui prennent les portraits de Ouattara et de Macky Sall qui les brûlent. Ils sont plus radicaux que nous dans cette démarche », révèle-t-il.

« Une grande partie du prolétariat français souffre. Le problème n’est donc pas la France mais l’oligarchie française et l’oligarchie africaine qui marchent en concubinage incestueux. Il faut qu’on dise les choses telles qu’elles sont et personne ne pourra me pousser à dire autre chose», a déclaré Kémi Séba lors de son passage à Paris, en transit pour retourner au Bénin, ce lundi 3 mars dans le studio de Sputnik France.  

Au rayon du débat concernant l’avènement de l’ECO, la future monnaie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui devait voir le jour en 2020, mais a finalement été reporté sine die, celui qui était au Sénégal pour les besoins de son procès en appel estime que «le Nigeria, la principale puissance économique de la zone, est dans son rôle».

«Le Nigeria n’a pas d’agenda caché (vis-à-vis de l’ECO, ndlr). Je m’y rends souvent et suis toujours très bien accueilli. Je peux vous garantir que ses dirigeants, comme beaucoup d’autres en Afrique, en ont marre de l’arrogance de l’oligarchie française et du suivisme de nos Présidents dans la zone franc», martèle-t-il.

Clamant que son panafricanisme relève de l’urgence qu’il y a à sortir l’Afrique francophone de la tutelle de son ancienne puissance coloniale, il demande une meilleure reconnaissance de l’économiste camerounais Joseph Tchundjang-Pouémi. Celui-ci a fait œuvre de pionnier, selon lui, dans la dénonciation du franc CFA. Il appelle également de ses vœux toutes les bonnes volontés parmi les générations actuelles de penseurs africains pour faire avancer le continent en continuant de «conscientiser» les peuples.

«Le panafricanisme, c’est comme un hôpital. Nous, nous jouons le rôle d’urgentistes avec notre ONG, mais il faut aussi des généralistes, des psychiatres, des radiologues, etc. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues à condition qu’elles aillent dans le sens d’une plus grande autonomisation de la jeunesse africaine», explique-t-il.