NETTALI. COM- Après que le Haut-commissaire des Nations Unies a demandé la libération massive des prisonniers pour éviter les risques de contagion de la Covid 19, les victimes de l’ancien président tchadien sont montées au créneau pour demander le maintien de ce dernier en prison.
La crise sanitaire ne doit pas servir de prétexte pour libérer Hissein Habré. Ainsi parlent les victimes tchadiens de l'ancien homme fort de N'Djamena. « Depuis sa condamnation, ses soutiens réclament sa libération pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie. La pandémie du Covid-19, a entrainé de nouveaux appels pour sa libération, notamment suite à une déclaration récente de l’ONU. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a appelé le 25 mars 2020 les gouvernements à prendre des mesures d'urgence pour protéger la santé des personnes en détention. Elle demande notamment à ce que des prisonniers soient libérés pour réduire le nombre de détenus, afin de réduire les risques de contagion », a rappelé Clément Abaïfouta, Président de l’AVCRHH.
Toutefois, il précise que « la détention de Hissein Habré ne correspond pas à la situation de risque de contamination au sein des prisons décrite par l’ONU.
Hissein Habré est détenu seul dans une cellule, avec, comme il se doit, de bonnes conditions d’hygiène, et a accès au système de santé. Il n’est pas en contact avec d’autres détenus et ne risque donc pas d’être contaminé à cause de la promiscuité qui existe dans beaucoup de prisons. Il semble donc suffisamment protégé du virus ».
Etayant ses propos, il évoque l’article 26.3 du statut des Chambres africaines extraordinaires. Lequel prévoit expressément que l’Etat de l’exécution des peines, ici le Sénégal, est « lié par la durée de la peine » prononcée par les Chambres c’est-à-dire la réclusion à vie. « Hissein Habré a notamment été condamné pour crimes contre l’humanité, torture, esclavage forcé et pratique massive d’exécutions sommaires, soit des crimes qui nécessitent une sanction exemplaire », dit-il.
Avant d’ajouter « La présence de Hissein Habré en prison est donc toujours justifiée, d’autant plus qu’il continue de refuser d’indemniser ses victimes. Les victimes, dont beaucoup vivent dans la précarité et n’ont pas accès aux soins médicaux, rappellent que les Chambres africaines extraordinaires ont condamné Habré à verser plus de 80 milliards de francs CFA à celles et ceux qu’il a fait torturer, violer et disparaitre. En trois ans, il n’a toujours pas versé un seul centime ».