NETTALI.COM – La vague pandémique soulève une avalanche de critiques portées sur la conduite de la guerre par le chef de l’Etat. On dirait que la pomme de discorde est reliée au format des concertations initiées par Macky Sall, en ne recevant pas certains acteurs qui se croient indispensables. A moins que ces derniers ne se posent en messies pour tenter d'imposer leurs remèdes.
En réservant une série d’audiences à de grandes personnalités politiques, notamment de l’opposition, et de la société civile, la semaine dernière, Macky Sall croyait certainement, par ce biais, décrocher le plus large consensus pour croiser le fer avec le coronavirus. Cependant, il parait que sa démarche a produit un effet boomerang.
En clair, au lendemain de ces audiences, la critique reprend son cours, et elle est portée par des acteurs qui n’ont pas eu l’heur d’être reçus par le chef de l’Etat. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, dont la rencontre avec le président de la République était pourtant programmée. Dans un entretien grand-format avec Enquête diffusé ce mardi, le leader du parti Act explique pourquoi ce tête-à-tête tant attendu n’a pas eu lieu. Aussi, ne s’empêche-t-il pas de démolir la stratégie gouvernementale de lutte contre la propagation du coronavirus. « Je ne vois aucune recette pour “anéantir le choc’’. Efforçons-nous de passer la tourmente avec le moins de dégâts possible. Puis, demain, nous reconstruirons en tirant les leçons de nos nombreuses erreurs de ces dernières années. Et il ne faut pas cacher que ce temps de reconstruction sera long, car les dégâts auront été importants », dixit l’ex-PM.
De son côté, Moustapha Diakhaté, qui propose le confinement total de la région de Dakar, a fustigé le laxisme d’un gouvernement qui laisse la population vaquer à ses occupations « comme si de rien n’était ». L’ex-chef de cabinet du président Macky Sall alerte sur une velléité dictatoriale, à travers le projet de loi d'habilitation. Ces sorties irritent au plus haut point Djibril War, de l’Apr, qui, selon un site de la place, demande à ce qu’on procède à l’arrestation de son ex-collègue député.
Birihim Seck, coordonnateur du Forum Civil, ne met pas de gants pour réclamer « la transparence dans la distribution des denrées alimentaires, tout en évitant la politique politicienne ».
Auparavant, ce week-end, via un communiqué publié par nettali, c’est une organisation dénommée les « forces vives religieuses », comprenant Jamra de Mame Mactar Guèye qui monte au créneau, pour demander une audience avec le président.
Quoique reçu au palais, Ousmane Sonko a produit une tribune hier, mardi, pour expliquer les raisons pour lesquelles il s’abstient de voter le projet de loi d’habilitation, visant à permettre au président de prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie du COVID-19. Déjà le 24 mars, au sortir de son huis clos avec Macky, l’ex-inspecteur des impôts et domaines afficha des réserves sur le projet d’annulation partielle de la dette fiscale.
Pourquoi cette avalanche de critiques, malgré la démarche d’ouverture du gouvernement ? Est-ce à dire que le format choisi par le chef de l’Etat, au moment de rencontrer d’autres forces vives, n’emporte pas l’adhésion de tous ?
En tout cas, l’audience accordée à Abdoulaye Mbaye Pékh et Cie semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Celle-là a charrié un faisceau de commentaires hostiles à travers les réseaux sociaux, car malgré leur qualité de communicateur traditionnel, on ne voit pas trop en quoi ceux-là pourraient jouer un rôle efficace, qui nécessite une rencontre avec le président de la République. D’ailleurs Birahim Seck milite pour le renforcement des mesures préventives et la sensibilisation non folklorique dans les zones non encore touchées.
De plus, l’Etat donne l’air de procéder à un pilotage à vue, en réajustant sa communication suivant les humeurs d’une opinion qui n’est pas forcément experte, en l’espèce.
On peut aussi choisir un autre prisme d’analyse au scalpel, en nous demandant si ce regain de critiques n’est pas le reflet d’un désir de paraitre pour se poser en messie.
De toutes les façons, cette cacophonie pourrait préjudicier au travail de l’armée de médecins qui se bat jour et nuit pour tenter de circonscrire la maladie.
Unissons les cœurs et les efforts mais restons vigilants car chassez la politique par la porte, elle revient par la fenêtre.