NETTALI.COM - Beaucoup trop d’informations circulent en ces temps de pandémie. C’est en effet un flot continu et ininterrompu qui est imposé aux gens. Le pire est que ce sont les mêmes infos, vidéos et audios qui sont relayées, partagées en masse sans toutefois être dans la majorité des cas, recoupées, vérifiées et authentifiées. La conséquence est qu’elles génèrent davantage de psychose chez ces personnes déjà bien apeurées par le Covid-19.
Tantôt, l’on a affaire à un vaccin prêté à Bill Gates pour l'Afrique avec pour objectif de réduire l'accroissement de la population mondiale de 15% ; tantôt, il est question d’un funeste projet visant à réduire la population africaine via des femmes africaines qu’on chercherait à rendre stériles ! Cette vidéo qui circule et où l’on voit des hommes blancs dans un village africain, illustre cette confusion qui règne. Ils seraient arrivés avec des quantités de vaccins à administrer aux populations. Et pourtant rien à première vue, ne permet de déterminer la temporalité, le lieu précis et d’attester qu’il s’agit bien de vaccins sur cette vidéo. L’on a appris plus tard par Africa Check qu’il n’en est rien ; que ce sont plutôt des personnes qui font partie d’un groupe d’évangélistes que l’on a vues en train de remettre des sachets de médicaments de premiers secours aux villageois. Des Infos finalement recoupées grâce à un correspondant de Sud FM à Sédhiou qui a permis de discuter au téléphone avec le chef de ce village, l’agent de santé communautaire, un résident en maillot vert identifiable sur la vidéo et le maire d’Oudoucar, la commune qui englobe Soumboundou.
L’on a, dans la plupart des cas, affaire à des fake news. Mais au fond, les postures de certains occidentaux sur les plateaux télé, viennent malheureusement conforter ce que beaucoup d’Africains craignent et ces thèses complotistes.
L’échange sur LCI entre le professeur Camille Locht (directeur de recherches Inserm à l’Institut pasteur de Lille) et le professeur, Jean Claude Mira (chef de service réanimation à l’hôpital Cochin - qui était dans la provocation, comme il l’a si bien souligné) au sujet d'un fameux test du BCG en Afrique, illustre fortement cette tendance. Il n’est d’ailleurs pas passé inaperçu et a même soulevé énormément de réactions d’indignation.
Ils ont pour se rattraper, évoqué une vidéo tronquée. Sauf qu’à la lecture, l’on se rend compte que les propos ont été bien clairs et cohérents.
Des attitudes qui prêtent à sourire sous nos tropiques. Et l’on ne peut manquer de se demander de qui se moquent ces deux professeurs ? La France a pour l’heure, beaucoup plus besoin de soigner ses malades et de mener ces essais cliniques, eu égard au nombre de décès enregistrés, même si on lui souhaite que cette pandémie soit endiguée. Soit ces professeurs sont ignorants et ne savent pas que le BCG a déjà cours en Afrique depuis belle lurette et qu’il continue à l'être d’ailleurs avec le Programme Elargi de Vaccination (PEV) recommandé par l’OMS ; soit, ceux qui envoient ces vidéos (fake news) sur les vaccins, cherchent à produire un effet répulsif chez les Africains, avec pour objectif une réapparition de certaines épidémies qui ne feraient qu’engendrer beaucoup de morts. Dans le même sillage, n’aurions-nous pas finalement affaire aux lobbys anti-vaccins adossés à des laboratoires pharmaceutiques ?
N’oublions quand même pas que l’abandon de la vaccination par la France lui a valu le retour de la rougeole. C'est sans doute la raison qui a poussé Arlette Chabot, animatrice de l'émission à demander s'il ne faut pas retourner au fameux BCG qui a marqué sa "tendre enfance". Et l'on ne peut pas ne pas se demander comment ce professeur Mira, a t-il pu affirmer qu’il n y a pas de masques en Afrique ? A-t-on affaire à un dénuement complet en termes de masques, de respirateurs ? Y'en a t-il en France ? On note bien dans les reportages que d'aucuns fournissent les recettes pour fabriquer des masques de fortune ! Comment peut-il déclarer que les prostitués ne se protègent pas. S’agit-il de la majorité des prostitués ou de toutes les prostituées ? Autant d’affirmations bien gratuites et non nuancées ? N’est-ce pas en France qu’on a récemment dénoncé le manque de masques dont d’ailleurs beaucoup de spécialistes et médecins se sont plaints ? Aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’Afrique qui connaît des problèmes, les grandes puissances aux systèmes de santé performants jadis chantés sur tous les toits, en font les frais dans le contexte de cette pandémie qui révèle au grand jour, ses failles.
Sacré Zemmour, ce facho décomplexé a réussi à trouver une brèche dans laquelle s’engouffrer dans ces moments de psychose, pour en placer une sur l’Afrique. « On est quoi là, le Gabon ? », a dit celui-ci commentant le dénuement en masques et autres matériels des hôpitaux. Et pourtant le bonhomme officie sur C News, la télé de Bolloré qui fait l’essentiel de son business en Afrique. A-t-il seulement déjà mis les pieds au Gabon ?
A l’émission “Grand jury” de la Rfm de ce dimanche 5 Avril 2020, le docteur Amadou Alpha Sall, l’administrateur de l’Institut Pasteur de Dakar a semblé clore le débat en parlant de projet ridicule. “Il n’est pas question que les Sénégalais soient des cobayes. Aucun vaccin ne rentre au Sénégal sans qu’il soit vérifié par les autorités sanitaires“, a laissé entendre celui-ci
Le docteur Abdoulaye Bousso a de son côté, résumé la situation de manière bien simple sur la TFM : « tout le monde s’attend à ce que l’Afrique s’écrase. Mais c’est ça notre défi ».
C’est en effet un discours tristement idéologique et de colon que de considérer l’Afrique comme un bloc compact en faisant croire que le mode de vie du Sénégalais ne différerait en rien de celui du Burundais ou du Rwandais ; que celui de l’ivoirien est similaire à celui du Comorien ou encore du Mauritanien voire du Marocain. Aux Etats Unis, on parlera d’Overseas pour désigner tous ceux qui vivent hors d’Amérique. Et pourtant sous nos cieux, l’on fait fortement la différence entre l’Allemand et le Français ou l’Anglais et le Suédois, etc. Les affirmations qui reviennent souvent n’évoquent malheureusement que la pauvreté de l’Afrique, la maladie et la misère. Ces bureaucrates de l’OMS, puisqu'on affaire en réalité à une grande bureaucratie, malgré leurs projections catastrophiques pour l’Afrique, doivent se rendre compte que les schémas et modélisations utilisés pour prédire des « millions de morts sur ce continent », sont d’une fausseté absolue. C'est l'inverse en tout cas pour l'heure qui se produit.
Mais à l’heure actuelle, ces deux professeurs français devraient songer à laisser les Africains résoudre eux-mêmes l’épidémie dans leurs pays respectifs. Et même si la situation est loin d’être simple, les spécialistes, médecins et personnels soignants sénégalais que l'on connaît mieux, sont bien plus expérimentés dans le domaine des maladies infectieuses. Ceux-là qui veulent trouver en Afrique, un terrain d’expérimentation du BCG sous contrôle placebo, n’ont jusqu’ici proposé rien de bien concret et sont dans la même situation que les soignants africains qui appliquent des méthodes qui aujourd’hui, leur valent de guérir des malades. Prennent-ils l’Afrique pour une poubelle, un dépotoir, un nid de cobayes ? Ce qu’ils doivent également savoir, c’est que pour l’instant, au Sénégal par exemple, les populations préfèrent de loin se contenter de leurs spécialistes, ces héros du quotidien qui luttent vaillamment contre cette épidémie. En attestent, les succès enregistrés avec l’hydroxychloriquine que notre professeur Seydi du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann et ses collègues ont commencé à appliquer aux malades avec beaucoup de succès, ainsi que le montre d’ailleurs un bilan dressé, un mois après le premier cas.
Le professeur nous a récemment révélé que “Les patients sous traitement tel que l’hydroxychloriquine guérissent plus vite.” Et même s’il s’est voulu prudent, il a estimé qu’ : « en matière de science, la constatation seule ne suffit pas. Il faut faire des recherches poussées avant de valider une attitude, mais que « les résultats constatés, rassurent toute son équipe. », ajoutant qu’ils vont « continuer dans ce sens ». Pour le professeur, « ce traitement permet de raccourcir la durée d’hospitalisation ». Mais « qu’il n’est pas suffisant si on n’y ajoute pas le traitement symptomatique qui est essentiel ». Remarque importante, il a également fait comprendre que certains patients ont d’autres pathologies. Ce qui lui fait dire qu’il faut prévenir les autres complications comme la surinfection.
Lorsque l’inculture et le déficit de niveau jouent des tours !
Mais dans cette atmosphère de confusion et de stress, ce qu’on a remarqué, c’est que la parole des médecins et spécialistes, est largement sollicitée par la presse. Mais ce qu’on a pu aussi constater sur un autre plan, c’est que la télé joue souvent des tours à ceux qui ne sont pas formés, aux personnes peu cultivées ou encore non spécialistes des questions médicales et qui se risquent à livrer des opinions sur les plateaux-télés. Aussi, les dérapages verbaux ne manquent pas. Une sortie de route qui n’est en tout cas pas passée inaperçue, c’est celle de Soumboulou Bathily de la troupe « Soleil Levant » à l’émission « Ngonal » aux côtés de Saneex et qui lui a valu une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux et les sites d’informations. Elle se rendra très vite compte de sa bévue avant de s’excuser dans une vidéo. Même sa sœur et non moins épouse de Balla Gaye, y est allée de ses excuses. Soumboulou est tout simplement tombée dans la stigmatisation en sortant des inepties sur les habitants du monde rural et selon lesquelles, on les reconnaît par leurs comportements et des termes douteux selon lesquels ils ne seraient pas "civilisés". Bref des propos inutiles à reproduire ici.
Des termes en tout bien équivoques et insultants qui dénotent d’un certain complexe de supériorité, d’une certaine inculture et surtout du mépris. Ce n’est qu'à la faveur de l’explosion des séries dans un environnement sénégalais de mimétisme que la comédienne est devenue célèbre. Non pas qu’elle n’ait pas de talent, mais le fait est qu’au Sénégal, la célébrité naît par le simple fait d’apparaître si souvent à la télé.
Peut-on continuer à subir les niaiseries de ces gens si peu cultivés et si peu instruits ? Peut-on laisser ces esprits si peu nourris à la sève de l’éducation, de la formation et de la spécialisation, continuer à monopoliser nos écrans ? Pouvons-nous nous contenter d’excuses à la moindre incartade et laisser les gens continuer à occuper des tribunes comme si de rien n’était ?
Soumboulou a été diplomatiquement reprise par le rappeur Kilifeu, invité de l’émission qui lui a fait comprendre que dans le milieu rural, les gens sont au contraire plus propres, etc. Un débat finalement bien stéréotypé qui montre qu’il n’est pas question d’une affaire de ruraux ou d’urbains, mais de conformité à un mode de vie partagé par tous et à des normes érigées à cet effet. Et cela passe forcément par l’éducation des populations et aussi par un apprentissage à l’école de la vie.
C’est le lot quotidien de nos émissions de matinales ou émissions du vendredi ou de fin de journées où sont réunis des groupes de jeunes ou ces chroniqueurs d’un nouveau genre, dont on peut se demander leur niveau scolaire ou tout simplement leur apport au débat public. Ils sont professeurs de philosophie de niveau lycée, syndicalistes, de grandes gueules, des rappeurs, des artistes comédiens, des écrivains, des musiciens, etc. Mais cela leur donne-t-il un quitus pour se pavaner sur les plateaux télé à débiter n’importe quelle sornette sur l’état de la société, le confinement, la propagation de la maladie et autres. A la place, on aurait aimé entendre davantage surtout dans ce contexte, des épidémiologistes, des microbiologistes, des réanimateurs, des psychosociologues, etc mais pas des gens qui ne font que livrer des opinions.
Elle est bien fraîche dans nos mémoires, la sortie de route d’Adja Astou de 7 TV sur les histoires de pédophilie, de viol en les reliant à une certaine ethnie ! Elle avait pourtant livré son opinion, sa vérité, sa subjectivité en toute tranquillité ! Sauf que l’opinion est absolument fausse et d’une vacuité sidérale. C’est ce qu’on appelle tout simplement de la stigmatisation et qui a abouti à cette vague d’indignation.
L'équation du rapatriement des corps...
Mais pendant que la vie continue avec son cortège de débats, la question du rapatriement des corps de personnes mortes en Italie se pose. L’Imam Makhtar Ndiaye sur la DTV nous a appris qu’en temps normal, l’islam préfère que les morts soient inhumés sur place, à plus forte raison qu’en temps d’épidémie. Il est allé même plus loin indiquant, qu’ils ne doivent pas être soumis au lavage religieux en cas de décomposition avancée du corps ou d’épidémie. Sur la question de l’incinération, il a rappelé que l’islam ne le prévoit pas. Aussi, conseille-t-il, étant donné que c’est ce qui est prévu dans les pays où ils vivent, qu’il convient de discuter et de trouver des solutions. L’Imam n’a toutefois pas manqué de rappeler que le prophète (PSL) avait recommandé qu’en temps d’épidémie, les croyants restent là où ils sont, ne se déplacent pas pour aller ailleurs. Ce qui, à son avis, conforte le confinement soit partiel ou total actuel.
PS : mais pendant que le personnel soignant et les autorités politique se démêlent comme ils peuvent pour soigner ces malades du coronavirus et préserver le reste de la population, des jeunes gens, piqués par on ne sait quelle mouche et une inconscience notoire, ont préféré, dans la ferveur de la nuit du vendredi au samedi 3 et 4 Avril 2020, ignorer le couvre-feu pour se livrer à des soirées privées. La conséquence, c’est un décès par overdose d’une jeune femme nommée Hiba Thiam. L'Affaire a fait le tour de la toile et a réussi à éclipser un moment l'actualité du coronavirus. Elle est à la une de bon nombre de quotidien, ce lundi 6 avril. Ils ont en tout cas bien du souci à se faire ces jeunes femmes et hommes, cités qu’ils sont dans une affaire de drogue et surtout pour ne pas avoir assisté la personne en train de mourir (à l’exception d’une seule), mais encore pour avoir fui.
Mais il n’y a pas qu’eux qui ont ignoré le couvre-feu. Des rassemblements de grand-places ont toujours lieu. De même que des automobilistes empruntent toujours des chemins détournés pour assurer le transport inter-régional.