NETTALI. COM- La liberté provisoire accordée à Hissene Habré ne doit pas servir de brèche pour gracier celui-ci. La mise en garde émane des victimes de l'ancien Président tchadien et de leurs avocats.
Après la liberté provisoire de 60 jours accordée à l’ex-président tchadien par le juge de l’application des peines, et sa sortie effective de la prison du Cap Manuel, le collectif des avocats des victimes et l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) sont montés au créneau pour se faire attendre. Selon eux, cette libération ne devrait pas servir de brèche pour gracier définitivement l’ancien homme fort de N’Djamena condamné à la peine de travaux forcés à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires pour les chefs de torture et crimes contre l’humanité, incluant notamment l'esclavage sexuel, ainsi que pour crimes de guerre.
« Cette permission de sortie n’est qu’une mesure temporaire pour protéger la santé de Habré et pour permettre une meilleure gestion carcérale en cette période de crise. Il ne s’agirait donc en aucun cas d’un prélude à une grâce ou une libération qui ne dit pas son nom. Cela violerait – comme l’a reconnu implicitement le ministre - le Statut des Chambres africaines extraordinaires qui prévoit que « L’état d’exécution est lié par la durée de la peine », préviennent-ils dans un communiqué. Selon eux, une libération anticipée violerait aussi l’obligation du Sénégal de réprimer de manière effective ces crimes.
En effet, les avocats des victimes déclarent que le Comité des Nations unies contre la torture a rappelé au Sénégal, au mois de décembre, que la libération prématurée des auteurs de crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations découlant de la Convention contre la torture. Ainsi, ils disent attendre des garanties que cette sortie prendra bien fin dans deux mois, ou à tout le moins avec la fin des exigences liées à la crise sanitaire.
Mieux, ils estiment que toutes les mesures nécessaires seront prises afin de prévenir toute tentative d’évasion et de fuite de Hissène Habré. « Nous serons particulièrement attentifs à ce que le condamné Hissène Habré retourne en prison dès la fin de cette période exceptionnelle », soutiennent les avocats. Lesquels demandent aux autorités sénégalaises de s’assurer que cette autorisation de sortir soit respectée à la lettre de l’ordonnance du juge de l’application des peines. Ils insistent aussi sur le fait que les milliers de victimes « dont beaucoup vivent dans la précarité et qui ont mené une lutte durant 25 ans pour le traduire en justice » attendent toujours que Habré commence à verser les dommages et intérêts qui s’élèvent à 82 milliards de francs