NETTALI.COM – Les efforts, déployés par le gouvernement, pour tenter de stopper la propagation du coronavirus au Sénégal, souffrent de l’apparition de plusieurs cas liés à la transmission communautaire. La question se pose dès lors de savoir s’il ne faut pas corser les mesures afin de corriger ce qui semble encore être des foyers de résistance.
Mercredi 8 avril des mesures draconiennes ont été arrêtées pour accroître la surveillance de Keur Massar, mais plusieurs autres points, accueillant du monde dans d’autres communes de la région de Dakar, sont exposés. Ce qui pose avec acuité, la question de l’efficacité de l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu, d’autant plus qu’il subsiste encore des zones à forte présence humaine empêchant la stricte application de la consigne de distanciation physique.
Après lecture, mercredi 8 avril, du bulletin quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale, sur 7 personnes testées positives au Covid-19, 5 cas sont issus de la transmission communautaire. On parle effet de transmission communautaire lorsqu’il n’est pas possible d’identifier la source d’une contamination au coronavirus, un cas de figure plus préoccupant pour les services de santé que les cas importés et les cas contacts.
Et comme l’a fait remarquer le directeur de cabinet du ministre Abdoulaye Diouf Sarr, Aloyse Waly Diouf, on assiste à une orientation à la hausse de ces cas. Ce qui inquiète les autorités au plus haut niveau.
Pourtant, l’état d’urgence, prolongé le week-end dernier, après 12 jours, visait à poursuivre la logique de diminuer les situations de rassemblement, par application de la consigne de la distanciation physique. Des lieux de culte ont été fermés, le transport inter-urbain suspendu et un couvre-feu décrété. Pour endiguer la propagation du Covid-19 dans son département, le préfet de Pikine, Moustapha Ndiaye a dû prendre un arrêté, lundi, 6 avril 2020, en interdisant tout rassemblement de véhicule, de cyclomoteur, de véhicule hippomobile, au niveau du rond-point Station Shell de Keur Massar et toutes activités commerciales, à l’exception de la vente de denrées de consommation courante sur un rayon de 500 mètres de part et d’autre du rond-point et au niveau du marché Aïnoumady.
Mais ce à quoi on assiste, c’est que dans les quartiers de Dakar comme des grandes villes du pays, les grand-places sont toujours d’actualité, les regroupements de jeunes, serrés les uns contre les autres, aussi. De même les élèves dont les cours ont été suspendus, passent leurs temps dans les rues, s’amusent ensemble, alors que la fermeture des écoles était censée les retenir dans leurs foyers. De nombreux carrefours de Dakar sont toujours envahis par les commerces sauvages, les tabliers et surtout par ces nombreux badauds qui sautent sur les automobilistes ou encore ces marchands ambulants et enfants de la rue qui se dirigent spontanément vers les gens, leur adressant la parole sans retenue, dans des situations de contacts bien souvent pas souhaités.
Et l’on ne peut manquer de se demander s’il ne faudrait pas, à l’instar de Keur Massar casser toutes ces zones de regroupement autour des carrefours et ronds-points.
Pourquoi ne pas par exemple déployer les forces de l’ordre dans les quartiers pour disperser les rassemblements. A cet égard, il faudrait certainement envisager un changement radical de comportement.
Pour ce qui concerne les marchés, les personnes qui en ont les moyens, ne devraient-ils pas s’approvisionner en réservant un stock disponible plusieurs jours, afin d’éviter d’aller au marché quotidiennement? Une manière de gérer la fréquentation des marchés.
C'est déjà une bonne chose de charger l'armée de redistribuer l’aide alimentaire destinée aux couches défavorisées. Cela, non seulement pour une distribution plus équitable, mais surtout pour faire éviter les longues files de citoyens devant les sièges des institutions.
Les mêmes mesures de distanciation physique à davantage promouvoir devant certaines banques et les supermarchés où la gestion des flux à l’intérieur, n’ont fait que transférer le problème devant les portes d’entrée.
Il faudra de toute façon aller jusqu'au bout de cette logique, consistant à imposer la distanciation physique, du mieux qu'on le peut. Autrement, toute cette énergie fournie pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie, risque d’accoucher de lendemains encore plus sombres.