NETTALI.COM  - Engagé dans la lutte contre la propagation du Covid-19 au Sénégal, le professeur Moussa Seydi n'est pas satisfait de la tournure des événements. Le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Fann a de plus en plus du mal à cacher son mécontentement. Et plusieurs faits tendent à prouver les frictions au ministère de la Santé et de l'Action sociale. 

Depuis l'apparition, le 2 mars dernier, du premier cas de coronavirus au Sénégal, le ministère de la Santé et de l'Action sociale a réussi à faire preuve d'une grande unité d'action. En fait, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr et ses services ont tout fait pour donner l'image d'une armée qui agit en rangs serrés dans la guerre contre l'infiniment petit qu'est le coronavirus.

Mais il a fallu une sortie du professeur Moussa Seydi pour que les Sénégalais se rendent compte que les rangs ne sont pas aussi serrés qu'on pourrait le pensait. "Il n'est pas concevable que Ziguinchor ne puisse pas avoir un service de réanimation répondant aux normes au cas où il y aurait des cas nécessitant une réanimation lourde", a lancé, il y a quelques jours, le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Fann. Et Seydi de tonner: "Le service de réanimation du centrr hospitalier régional de Ziguinchor n'est pas du tout fonctionnel. Ce service n'est pas construit selon les normes, alors que quand on gère ce genre de maladies, on doit se préparer au pire". Une source qui vient semer de sérieux doutes dans la stratégie du ministère de la Santé et de l'Action sociale. D'où la colère du directeur de cabinet du ministre Abdoulaye Diouf Sarr. "Les agents sanitaires doivent laver le linge sale en famille et éviter de tout mettre sur la place publique", a répondu docteur Aloïse Waly Diouf.

Le directeur de cabinet du ministre de la Santé ne le dit pas de manière explicite. Mais il y a bel et bien un linge sale au ministère de la Santé. Et les événements semblent donner raison au professeur Moussa Seydi. La preuve: à Touba, une dame est morte du Covid-19 à cause d'une absence de... respirateur. Il s'y ajoute que le chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Fann subit de plus en plus ce que d'aucuns ont fini d'appeler un ostracisme au sein du comité de riposte contre le Covid-19. Mieux, il se plaint également du manque de moyens du personnel de santé. Beaucoup d'agents seraient atteints du coronavirus faute de protection efficace.

D'ailleurs, selon nos sources, le président de la République n'est pas resté insensible aux articles parus dans la presse évoquant des frictions entre responsables engagés dans la lutte contre le Covid-19. Le chef de l'Etat aurait même joint au téléphone le professeur Moussa Seydi pour s'enquérir de la situation avant de promettre des solutions urgentes.