NETTALI.COM - La pandémie du COVID-19 nous a montré à quel point la transparence a du chemin à faire au Sénégal. Beaucoup trop de zones d’ombres à éclairer, trop d’équations à résoudre et encore et encore des énigmes à décrypter. Cette histoire de perdiem de 3,5 millions de F CFA qu’auraient refusé Habib Sy et Toussaint Manga, vient davantage assombrir le ciel sénégalais. Ils seraient destinés à des membres du comité de suivi. Une information que Mademba Sock a véhément démentie sur Walf TV, arguant que le principe retenu par tous les membres, est le bénévolat.
L’autre écueil, c’est la question des vivres qui n’arrivent toujours pas à leurs destinataires. Beaucoup parmi ceux qui devraient en bénéficier, ne voient toujours pas la couleur blanche du riz et celle dorée de l’huile. A la vérité, ceux à qui l’on avait attribué les marchés des vivres, n’ont pour certains, toujours pas livré la marchandise. Peut-être que les bateaux de riz sont encore en mer ?
Mais dans cette affaire, que d’errements, que de bruits ! Même la référence aux bénéficiaires de bourses de sécurité familiale que l’on a brandie comme base de la distribution, a fini de fausser les calculs. Se fondant sur le raisonnement de Mamadou Massaly, Sa Ndiogou sur Walf TV à l’émission « Grand Soir », nous a appris que certaines familles ont reçu 10 sacs de riz. Une raison pour le comique de conclure que la question des bourses de sécurité familiale a mis à nu l’injustice de ce système.
La nomination du général François Ndiaye est à ce titre une sorte de gifle en pleine figure à la bonne gouvernance et la transparence. L’uniforme est le symbole de l’autorité. Et elle nous rappelle qu’à chaque fois que nos gouvernants sont dos au mur, ils s'empressent de nommer un militaire pour espérer un retour à l’ordre et à la rigueur. Les élections constituent un exemple parfait de cet état de fait. Attendons déjà de voir où nous mène ce comité de suivi puisque la situation qui a précédé son installation, n’a pas été des plus transparentes.
La question de la distribution des vivres a surtout mis à nu l’intimité de gens et porté atteinte à la dignité de ceux qui ne demandaient qu’à cacher leur misère matérielle. Nous ne sommes pas à vrai dire à une certaine époque de famine connue de l’Ethiopie des années 80.
La question alimentaire a en tout cas pris le dessus sur l’équation sanitaire. Les Sénégalais courent en effet plus un risque de contamination massive que de famine. Ce qui veut dire qu’il aurait fallu davantage s’investir dans l’achat de matériels médicaux et en particulier de masques pour protéger les populations, limiter la transmission et augmenter le nombre de dépistages. L’ancienne ministre de la Santé, invitée du "Grand Jury" de ce dimanche 10 mai sur la Rfm n'y est pas allée par quatre chemins pour dire qu'elle trouve faible le taux de dépistage et préconise le dépistage massif. "Il faut tester le maximum de personnes. Le virus circule. Il y a beaucoup de personnes qui sont infectées et on devrait pouvoir dépister toutes ces personnes. Donc ce n’est pas 800 ou 1.000 prélèvements par jour qui vont dépister ces personnes. Il faut appuyer les laboratoires nationaux“, recommande t-elle.
Mais le comble, c’est lorsque c’est le personnel médical qui trinque, faute d’outils et de matériels adéquats. Que pouvons-nous attendre comme résultat lorsque ceux qui sont censés soigner les populations, se retrouvent en situation d’être soignés juste pour cause de déficit de matériel de protection ?
Dans le cas de cette distribution de vivres, il aurait été plus simple et plus judicieux de faire des transferts d’argent comme a eu à le faire la Côte d’Ivoire : ils sont plus rapides, plus traçables et plus logiques car tous les bénéficiaires n’ont pas de besoin de riz, d’huile, etc. A charge pour chacun d’acheter en fonction de ses besoins.
La pandémie et ses dessous
La convocation de l’Imam de Léona Niassène, suite à l’organisation d’une séance de prière commune et les attroupements qui s’en sont suivis, ont causé beaucoup plus d’attroupements que la prière. Ce qui veut dire que la loi doit être appliquée avec beaucoup plus de tact et d’intelligence.
Ah cette pandémie et ses dessous, ses frasques et ses histoires qui se déroulent en coulisses. Il y a comme une volonté de profiter de la situation pour accomplir certaines besognes.
La nébuleuse de l’aide à la presse s’y est invitée avec une demande de publication de la liste des bénéficiaires et des montants à eux, alloués. Sen TV et le Groupe Futurs Médias eux, ont refusé d’encaisser les montants, là où d’autres ont préféré recevoir leur chèque et continuer à se plaindre. Et l’on ne manque pas de se demander s’il ne faut pas changer la dénomination « aide à la presse ». Car en fait d’aide, les médias privés participent quand même à une mission de service public au même titre que la RTS, Le Soleil et l’APS. La mission d’éducation du citoyen leur est aussi dévolue. De même que l’accès à l’information des populations, sans oublier le rôle de relais de l’information gouvernementale. Il est certainement temps qu’on arrête de les prendre pour des mendiants, ces acteurs des médias car en fait de Covid-19, ils ont joué un rôle énorme de sensibilisation et de rectification d’errements en éventrant de probables magouilles et en édifiant sur la distribution des vivres et surtout en révélant ces zones à risque dans la propagation des maladies et ces mauvais comportements au quotidien des Sénégalais face à la pandémie.
Et la VAR s’invita !
Mais toujours dans ces dessous du Covid, le débat bien électrique qui a agité la presse, semble s'essouffler et révéler en même temps des vérités bien crues que beaucoup ne savaient pas. Un extrait d’une vidéo du « Jury Du Dimanche » a à la surprise générale contredit Pape Mademba Bitèye, le DG de la Senelec qui cherche à renégocier le contrat Akilee. Il n’a en réalité aucun problème avec ce dernier ainsi qu’il l’avait dit en décembre sur I-TV face à Mamoudou Ibra Kane. Aveu ne peut être plus fort ! Une information qui a fait le tour de la toile et reprise en chœur par l’analyste politique Momar Diongue sur la 2 STV et le chroniqueur Aliou Sow sur Walf TV. Ce dernier s’est d’ailleurs demandé comment celui qui avait mené les négociations avec la start up pendant deux ans et qui est devenu entre-temps Secrétaire général de la Senelec, le nommé Moussa Dièye, peut-il subitement retourner sa veste ? Et que dire de M. Bitèye ? Ce membre du Conseil d’administration depuis 2013 qui affirme avoir assisté à tout le déroulement de l’affaire au cours de cette interview, peut-il revenir nous chanter autre chose ? Amnésie du moment ? Omission ? On oublie que la VAR existe et met les gens face à leurs propres contradictions ?
Sur le plateau de Walf TV à « Grand Soir », le discours récurrent était de favoriser les nationaux. C’est tellement revenu en surface qu’il est l’expression d’un ras le bol généralisé puisque la quasi-totalité des marchés au Sénégal sont attribués aux entreprises étrangères. Il n’y a eu que Sa Ndiogou pour penser que si un étranger sait mieux faire un travail, il faut le lui donner. On voudrait bien ne pas le prendre au sérieux. Le prêcheur sur le plateau lui a rappelé la place prépondérante qu’occupe l’amour pour sa patrie dans l’Islam, citant au passage un hadith du prophète (PSL) qui fait savoir que cet amour est un aspect fondamental de la croyance en Dieu. Il invite plutôt au renforcement des capacités dans le cas où un Sénégalais manque d’expérience, quitte à lui adjoindre un étranger dans un mécanisme où il ne serait pas le dominé. Aliou Sow, le chroniqueur lui, a toujours au travers de la gorge, les 1000 F CFA qu’il paie sur un certain tronçon du péage. Il pense ni plus, ni moins que tous ces chantiers auraient dû être attribués à des Sénégalais.
Dans ce débat qui s’est installé dans la presse, plus on avance, plus on découvre ce qui ressemble à une volonté de rétropédalage. L’on découvre beaucoup de choses qu’on ignorait. Figurez-vous que le contrat Akilee-Senelec a commencé à être exécuté puisque, comme on l’a appris, Senelec a déjà réceptionné 2000 compteurs et pour lesquels 15% d’acompte ont déjà été versés. En réalité, avec le système des appels d’offres, il fallait verser 30 % d’acompte et 70% à la livraison pour des délais qui pouvaient aller jusqu’à 12 mois. Avec Akilee, aujourd’hui, c’est un acompte de 15% à verser à la commande et 85%, 4 ans après la livraison, la commande se faisant par vague. Cela conduit en réalité à un paiement sur 14 ans au lieu des 10 ans d’exclusivité dans le contrat. Ce qui représente un gain de trésorerie énorme que Senelec n’a jamais d’ailleurs, ainsi que l’a si bien souligné Souleymane Souaré du syndicat Sattel, au cours d’une interview.
Le coût des compteurs dont le montant global est de 186 milliards sur les 10 ans est donc préfinancé par Akilee à 85% par vague de commande. Une situation en tout cas loin d’être inédite puisque la société d’électricité avait conclu un contrat lié à des fournitures de compteurs avec Simelec sur 10 ans avec 34% dans le capital de ladite société. Sauf que la start up Akilee ne peut pas être assimilée à un revendeur de compteurs comme l’on a voulu le faire croire. Elle traque à la base, les pertes liées au vol d’électricité et pertes liées aux pannes, avec à la clef une économie de 500 milliards sur les 10 ans. Dans le dispositif d’Akilee, le compteur n’est en réalité qu’un accessoire au milieu de ses nombreuses fonctionnalités : obtenir des informations à distance, rationaliser la consommation, relever et facturer à distance, éteindre les appareils à distance, etc.
L’on découvre même que le 1er client d’Ines, la société mère d’Akilee est la Sonatel (et non Senelec) sous Alioune Ndiaye qui lui a confié un premier projet sur 3 sites et un 2ème contre sur 300 sites, suite à la réussite du 1er contrat. Mais Sonatel n’est pas sa seule cliente puisque la start up gère tout le réseau d’Ecobank, Orabank, Société Générale, Auchan, Sedima, Port autonome de Dakar, Bolloré, EDK, Simpa, et plein d’autres industriels, soient près de 800 clients, dans un débat où le manque d’expérience d’Akilee semble être brandi pour tenter de disqualifier la sénégalaise.
Senelec a même une mainmise sur la start up car sur 7 membres de son Conseil d’Administration, 3 sont nommés par Senelec dont le Président du conseil d’administration avec une minorité de blocage.
De même nous apprenons que dans une seconde vague de 57 500 compteurs sont en mer et doivent arriver à partir de fin mai. Qu'est-ce qui peut vraiment motiver l'argument selon lequel, il ne faut pas que Senelec connaisse des ruptures de compteurs pendant que le contrat est renégocié ? Des sources internes et Akilee renseigne que l'objectif est de créer une brèche pour faire de la place à la société Israëlienne Powercom. Aliou Sow de Walf Tv nous a d’ailleurs appris que le Dg de Senelec aurait effectué quelques périples sur cette terre. Un contrat que d’ailleurs une certaine presse a jugé fort nébuleux de par ses coûts.
A la vérité, ce genre d'innovations technologiques, les pays sous-développés en ont fortement besoin pour se renforcer et réduire leurs gaps avec les nations développées. Et c’est là que se trouvent des îlots de progression pour nos pays. La preuve par l’informatique et des domaines tels que l’électricité et autres qui ne nécessitent que du génie et de la matière grise. Le domaine du transfert d’argent par exemple est assez édifiant. L'on a assisté à l'essor de ce business qui finit par être la norme. Les informaticiens ont, en un temps record créé des applications et des systèmes rapides de paiement de facture, d’achat, d’envoi et de réception d’argent et même de vente en ligne et de livraison. Se focaliser sur la notion de start up pour amoindrir la valeur d’une société et tenter de mettre le doigt sur son inexpérience et un manque de référence, est une erreur de jugement. Le patron d’Akilee a passé une belle expérience à Electricité de France (EDF). Celle-ci devrait en réalité être perçue comme la somme d’expériences vécues soi-même, des expériences de ceux qui œuvrent sur les projets et les savoir-faire mis ensemble et combinés.
Les acteurs des médias doivent en tout cas se montrer un peu plus curieux et se déplacer aussi souvent que possible sur le terrain au lieu d’émettre des jugements à partir de leurs plateaux-télé ou bureaux voire se contenter d’infos qu’on leur fournit. Une visite guidée chez Akilee et des démonstrations effectuées, permettent de noter les miracles de la technologie, les capacités réelles d’Akilee et le grand bond en avant qu’elle peut faire faire à la société d’électricité encore prise en otage par quelques affairistes bien cachés et qui ne veulent voir pour rien au monde leurs intérêts et leurs magouilles éventés ; et encore moins remis en cause. Mais heureusement qu’il y a encore des syndicats à Senelec mus par la seule défense des intérêts de la boite et qui s’évertuent malgré toutes les pressions, à défendre ce en quoi ils croient.
Dans cette affaire en tout cas, trop de contrevérités ont été diffusées par une certaine presse qui a annoncé que les cadres de Senelec (ce qui ne veut rien dire d’ailleurs) ont saisi l’IGE et la Cour des comptes. On nage en plein délire ! Comment pourraient-ils ?
La vérité, c’est que le monde bouge et il faut accepter de bouger avec. Et Senelec ne peut être en reste si l’on sait les ténèbres d’où elle sort. L’électrification rurale doit se poursuivre, la société doit maintenir la courbe des bénéfices qu’elle réalisait. A ce titre, des économies doivent être réalisées, les gaspillages amoindris et les outils modernisés pour casser les niches de magouilles.
Invité à l’émission « C A DIRE », ce samedi 9 mai, l’analyste politique Momar Diongue a en tout cas son idée sur ce dossier Akilee. Il croit savoir que ceux qui ont ouvert la boite de Pandore dans l’affaire, cherchent à travers cette manœuvre machiavélique, à glisser des peaux de bananes sur le supposé chemin de Mouhamadou Makhtar Cissé, auquel les cancans prêtent de vouloir succéder à Macky Sall. Le chroniqueur cite d’ailleurs dans la foulée, les cas d’Amadou Ba, d’Abdoulaye Daouda Diallo et d’Aly Ngouille Ndiaye qui ont aussi subi des crocs-en jambe, ajoutant que dans leurs fiefs, il leur a d’ailleurs été collé des rivaux.
Le Covid-19 est en tout cas là pour nous montrer qu’il faut changer de paradigme car la pandémie a révélé combien sont nombreux nos talents qui ne demandent que de l’émulation pour faire des miracles. Ils ont aussi besoin de renforcement de capacités, de l’argent pour la recherche, une volonté politique de promouvoir les nationaux et d’arrêter d’enrichir les étrangers qui, on l’a bien remarqué, dans cet élan de solidarité, n’ont donné que des miettes. L’expérience doit nous servir, sinon il vaut mieux qu’on continue à nous enliser dans ce cycle infernal de la dette. Un système qui risque de nous maintenir perpétuellement dans la dépendance et le néocolonialisme.