NETTALI.COM - Dans la mobilisation générale contre le Covid-19 se mène une guerre souterraine entre médecins et chercheurs sénégalais. Une guerre de l'Iressef et l'Institut Pasteur de Dakar ont fini par étaler sur la place publique.
C'est le docteur Cheikh Sokhna, collaborateur du professeur Didier Raoult qui lâche en premier la bombe. Au cours de l'émission Objection sur la radio Sud fm, le chercheur sénégalais confirme ce que beaucoup soupçonnaient. Il y a une guerre entre l'Institut Pasteur de Dakar et l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formations (Iressef) dirigé par le professeur Souleymane Mboup. "L’Iressef a fini par disposer de la souche de la Covid-19. Cela n’a pas été facile. L’Institut Pasteur avait refusé de la lui céder. Sa souche vient de Marseille (l’institut de Didier Raoult)", a révélé Cheikh Sokhna chez nos confrères de Sud fm. Une sortie qui ne laisse pas indifférent l'Institut Pasteur. Dans un communiqué, le patron de l'Institut, Dr Amadou Alpha Sall réplique : "Contrairement à ce qui a été déclaré au niveau de la presse, l’institut Pasteur de Dakar n’a jamais reçu de demande officielle émanant d’une quelconque institution de recherche pour la mise à disposition de la souche Covid-19." L'allusion est donc claire. C'est bien l'Iressef qui est visé ici. Et à ceux qui lui reprochent d'être une représentation du colonialisme français, Dr Sall souligne que "l’Institut Pasteur de Dakar est une fondation sénégalaise d’utilité publique à but."
En réalité, la guerre entre instituts a commencé quasiment avec l'apparition des premiers cas de coronavirus au Sénégal. C'est l'Institut Pasteur qui s'engage dès le début pour accompagner le plan de riposte du ministère de la Santé et de l'Action sociale. L'Iressef, lui, exprime sa disponibilité à faire des tests. Mais le professeur Mboup ne trouve une oreille attentive du côté du ministère. Pourtant, pendant ce temps, des voix s'élèvent pour réclamer des tests massifs. Ce n'est que le 20 mars que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr visite les installations de l'Iressef à Diamniadio. Il déclare alors que l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formations s'engage auprès de l'État dans la lutte contre le coronavirus. Et c'est une semaine après que l'Iressef rejoindra le dispositif de tests du coronavirus. Mais selon certaines indiscrétions, Souleymane Mboup et son équipe se sentent victimes d'ostracisme. La preuve : "l'Iressef ne fait de tests que dans la zone de Thiès", confie une source. Est-ce dû à problème de moyens? Difficile à dire. Toujours est-il que de nombreux biologistes sénégalais travaillent aujourd'hui avec l'Iressef. Et pour eux, sa collaboration est absolument nécessaire.