NETTALI.COM - Dans un communiqué conjointement signé ce mardi 2 juin, Aar Li Ñu Bokk et Ñoo Lank exigent la levée de l'état d'urgence. Ces deux mouvements disent également non au " confinement des libertés démocratiques". Voici l'intégralité du document.
" FIN DE L’ETAT D’URGENCE : NON AU CONFINEMENT DES LIBERTES DEMOCRATIQUES ! C’est avec beaucoup d’inquiétude que Aar Li Nu Bokk et Ñoo lank s’adressent au peuple sénégalais aujourd’hui 2 juin 2020. Ce jour était la date initialement choisie par le président Macky Sall pour la reprise des cours réservée aux classes d’examen du primaire et du secondaire. Aucune mesure sérieuse et pérenne d’accompagnement n’a été prise, mettant ainsi en danger la santé voire la vie des élèves et des enseignants ainsi que celles des parents et des populations qu’ils vont retrouver dans les différentes localités. Le report de cette rentrée ne fait que confirmer notre analyse de la situation.
Les enseignants ayant rejoint leurs postes de travail, Ñoo Lank et Aar Li Nu Bokk tiendront le président Macky Sall pour responsable de tout ce qui résultera de cette mesure irresponsable qui pourrait s’avérer être une arme de diffusion et de propagation massive du Covid-19.
De manière générale, Aar li nu bokk et Ñoo lank prennent acte de l’assouplissement du plan de riposte contre le coronavirus et dénoncent la légèreté de la communication sur les mesures barrières et un plan sérieux de protection des populations. Le test de dépistage massif était une de nos propositions ; elle est restée sans suite à ce jour.
Notre frère et camarade Abdou Karim Guèye dit Karim Xrum Xax a été arrêté. Sa revendication, qui fait suite à celle d’autres leaders religieux, pour l’ouverture des lieux de culte lui vaut une condamnation de trois mois ferme, alors cette demande s’inscrit dans les mesures d’allègement prises dans un second temps par le président de la république.
Allez y comprendre quelque chose !
Aar li nu bokk et Ñoo lank dénoncent cette justice à deux vitesses qui est inacceptable en démocratie. C’est pourquoi nous exigeons sa libération immédiate.
Aar li nu bokk et Ñoo lank félicitent ses membres et tous les sénégalais qui se sont mobilisés à leur frais dans la lutte contre la Covid-19 par les sensibilisations, les dons de masques etc… Les deux plateformes exigent de l’état qu’il dote les populations de masques en nombre suffisant et qu’il renforce les moyens de nos structures et personnel de santé qui sont dans un grand état de dénuement.
C’est ainsi que Aar li nu bokk et Ñoo lank avaient notamment proposé qu’une partie du budget de fonctionnement des institutions comme le Haut Conseil des Collectivités Territoriales et le Conseil Economique Social et Environnemental soient réallouée au fond de riposte contre la Covid-19. En lieu et place de telles mesures, nous avons été surpris de voir dans la presse un débat sur l’« institution » d’un honorariat en espèces sonnantes et trébuchantes des anciens présidents du CESE.
Traduction : Il n’y a pas assez d’argent pour le personnel soignant et le peuple mais il y’en aurait pour la clientèle politique du président de la république.
Nous demandons au président de la république de nous édifier sur cette affaire de décret sur l’honorariat. Si cette information s’avérait exacte, Aar Li Nu Bokk et Ñoo ank, se mobiliseraient énergiquement contre cette énième forfaiture faite au peuple. Ces actes sont d’autant plus inadmissibles que des lendemains faits de renoncements et de sacrifices attendent les citoyens après cette crise sanitaire et ses corollaires économiques.
Nous exprimons notre plus grande inquiétude devant les problèmes récurrents d’eau auxquels sont confrontées les populations sénégalaises dans différentes localités. Ces problèmes ont amené les populations de Cap Skiring à organiser une manifestation de la soif qui a été violemment réprimée. Nous dénonçons cette répression et exigeons qu’une enquête soit menée dans les meilleurs délais et que les conditions d’accès à l’eau soient réunies pour les populations particulièrement en cette période de Covid-19.
A côté du personnel soignant, les forces de défense et de sécurité sont un autre segment de la population qui ont été fortement mobilisées. Aar li nu bokk et Ñoo lank se désolent des 7.100 francs qui leur ont été donnés ainsi que leurs conditions de travail. Nous invitons aussi les forces de défense et de sécurité à arrêter de violenter les populations verbalement, psychologiquement, physiquement.
Nous constatons, pour le regretter, que de l’état d’urgence qui été décrété et prolongé, il ne reste en réalité, fondamentalement, que les interdictions de manifester (marches, sit-in). Aar li nu bokk et Ñoo lank demandent au président Macky Sall de mettre fin à cet état d’urgence qui devient en réalité un instrument pour empêcher les populations et des plateformes comme les nôtres de se mobiliser pour défendre ce pays et son peuple contre les politiques qui créent toutes les pauvretés que nous constations avant le Covid-19 et qui se sont aggravées pendant celle-ci. Ces problèmes ne sont pas confinés, il est impensable que la lutte des populations et de nos plateformes soient confinées.
Nous continuons à exiger la baisse du prix de l’électricité pour tous.
Dans les jours à venir nous vous tiendrons informés de notre position sur la polémique en cours à la Senelec ainsi que d’un plan d’action pour :
- la défense de la santé des populations,
- de meilleures conditions de travail pour le personnel soignant et les forces de défense et de sécurité (policiers, gendarmes, militaires, eaux et forêts…
- une gestion démocratique des ressources de notre pays,
- une prise en charge des revendications des populations
- la libération de Abdou Karim Guèye".