NETTALI.COM - Le spectacle qui se donne à voir aux Etats Unis, est tout simplement affligeant et contradictoire à l’idéal de démocratie et de liberté que l’Amérique a toujours prôné et vendu au monde entier. Les afro-américains, seraient-ils une cible beaucoup trop facile pour la police américaine ? Tout donne en tout cas à le croire.
La mort de Georges Floyd fin mai à Mineapolis, vient allonger la liste des victimes gratuites de la police américaine. La bastonnade sauvage et indigne de Rodney King, est fraîche dans les mémoires. En 1991, ce jeune noir de 25 ans est passé à tabac par quatre policiers blancs à Los Angeles. Celui-ci recevra au total 56 coups de matraque. Les policiers sont acquittés et des émeutes sans précédent sont déclenchées et provoqueront la mort d’au moins 50 personnes.
En 2012, en Floride, c’est à un nouvel acquittement qu’on assiste. Trayvon Martin, un jeune homme noir de 17 ans est abattu en pleine rue par un policier. La ville s’embrase et le mouvement Black Lives Matter voit le jour. En 2014, Michael Brown, un afro-américain, âgé de 18 ans, est abattu de six balles par un policier blanc dans le Missouri. Toujours dans la même année, en 2014 à New York, Eric Garner, un autre afro-américain meurt étranglé par un policier lors de son interpellation.
Fin mai 2020, c’est autour de Georges Floyd de trouver la mort, plaqué à terre et le genou d’un policier sur son coup. Celui-ci n’arrête pas d’appuyer dessus en présence de ses collègues qui assistent à la scène inactifs malgré l’intervention de patients qui demandent au policier d’arrêter son acte dangereux.
Les deux autopsies indépendantes ont tous abouti à une mort par asphyxie, alors que le policier est inculpé d’homicide involontaire en attendant de comparaître devant un tribunal le 8 juin.
Une situation qui continue à placer les noirs américains dans une position d’éternelles victimes dont le soubassement n’est autre que le racisme. Et pourtant la grosse machine de propagande qui a bercé la jeunesse de bon nombre de personnes, a toujours présenté le flic américain sous l’angle du justicier. Mais la réalité est bien différente. Elle est macabre.
Les années passent et se ressemblent. Si beaucoup de stars américaines dont Colin Kaepernick à la NFL et Carmelo Anthony à la NBA avaient initié des séries de genoux à terre, lors de l’exécution de l’hymne national, beaucoup de chemin reste à faire. Le mouvement « black lives matters » pour dire « la vie des noirs compte » poursuit son chemin, mais une Amérique très conservatrice semble ne pas vouloir donner aux noirs (une minorité 14% de la population), la place qu’ils méritent. Le mouvement pour les droits civiques (de 1954 à 1968) qui visait à établir une réelle égalité des droits civiques pour les noirs américains en abolissant la loi qui instaurait la ségrégation raciale, est pourtant bien loin. Mais les choses n’ont pas depuis lors beaucoup évolué. Le racisme ne s’est jamais autant exacerbé surtout avec l’arrivée de Donald Trump qui a vu la résurgence des mouvements d’extrême-droite et néo nazis qui peuvent désormais défiler librement dans le sud, bastion de l’esclavage.
Une analyste française, spécialiste de l’Amérique disait une chose importante ce mardi 2 juin sur France 24. Elle soulignait que les noirs appelaient à l’implication des blancs dans ces manifestations, car pense t-elle, le racisme est d’abord un problème blanc, faisant allusion à l’auteur de ce meurtre.
La scène de ces policiers chargés de la protection devant l’hôtel Trump avec un genou à terre, sur injonction des manifestants ("Agenouillez-vous ! Mettez votre putain de genou à terre !") est un symbole bien fort. Ils ont certes relevé ce défi lancé, mais sont-ils dans la réalité capables d’aller au-delà de ce symbole en agissant pour le bénéfice de la sécurité des populations sans distinction de race ? Une bonne question.
En attendant, c’est le rêve américain chanté à grand renfort de propagande hollywoodienne qui a bien viré au cauchemar américain.