NETTALI.COM - Comment qualifier l’ambiance qui règne actuellement au Sénégal ? Ambiance d’apocalypse ? De confusion totale ? Le tableau qui se dessine, est sombre, vraiment sombre.
Beaucoup s’accordent là-dessus. Entre une économie qui file tout droit vers la récession et une atmosphère de manipulations, de délation, de mensonges, de cabales politiques, d’inimitiés et d’échanges de propos malveillants et orduriers, le Sénégal semble s’être mué en peu de temps, en terre d’anarchie. Certains observateurs se demandent même si Macky Sall ne serait pas dépassé par la situation ; s’il ne serait pas indifférent. D’autres se permettent même de décrire une atmosphère de fin de règne et entrevoient une situation qui va être difficile à remettre dans le bon sens.
Le Sénégal marche sur la tête. C’est certain. Le spectacle qui se donne à lire, relève tout simplement du rêve. Qui aurait cru que les Sénégalais pouvaient tomber aussi bas ? Ce pays où, si souvent le peuple a recours aux références religieuses pour ramener les déviants sur le droit chemin ou pour se donner bonne conscience ! L’on se réclame de Serigne Touba, d’El Hadji Malick, de Mame Limamoulaye, de Mame Bou Kounta, de Baye Niasse, de l’Eglise, etc mais l’on ne se gêne point dans le même temps d’avoir si souvent recours au mensonge, à la manipulation, la calomnie, la médisance, la délation, aux propos orduriers, etc. Ce pays pourtant de fervents musulmans et catholiques où presque tout le monde se rend à la mosquée le vendredi et à l’église le dimanche ! Sacré Sénégal ! Le mensonge, voici l’un des péchés les plus graves dans toutes les religions révélées. Eh bien, il est devenu un sport national !
Et sur cette terre bénie des dieux, les menteurs ont trouvé un lit bien douillet pour faire prospérer leurs actes infâmes, mais aussi les ressorts efficaces pour agir sur les cerveaux et réveiller les émotions des Sénégalais. Ils sont devenus si facilement manipulables nos chers compatriotes. Internet et les réseaux sociaux sont devenus les redoutables armes qui servent désormais à dénigrer, salir et tuer. Le penseur italien Umberto Eco disait d’ailleurs très justement que « les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite, alors qu'aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles ». Sous nos cieux, ce sont les grands places et la rue qui servent de lieux d'expression.
La plupart de ceux qui reçoivent des informations via ces canaux, les consomment sans recul, ni vérification. Ils ingurgitent tout ce qui leur tombe sous la main. Depuis que des supposés scandales fonciers sont dénoncés et que Madiambal qui a allumé la mèche, s'est terré après avoir reçu des retours de flammes, la polémique n’a pas cessé d’enfler.
Lieu de déballages sordides !
Les réseaux sociaux voici d’ailleurs le canal souvent emprunté dans le monde politique pour régler des comptes. Lorsqu’en effet est évoquée la question de la structuration de l’APR, lors de sa conférence de presse de fin d’année, Macky Sall avait préféré botter en touche préférant mettre en avant un parti pas structuré certes mais qui gagne des élections. Une réponse certainement politicienne à l’époque mais dont les méfaits de ce déficit de structuration se notent lorsqu’on réalise ce que peut coûter une armée mexicaine dans laquelle, ce sont des électrons libres qui gèrent des intérêts et agendas personnels, alors que tout devrait revêtir le sceau collectif.
Il est vrai que dans un enclos, lorsqu'il n y a pas assez de foin pour tout le monde, les coups de cornes ne peuvent pas ne pas pleuvoir. Déjà la semaine dernière, dans le cadre du service après-vente du bilan de Macky, suite au Covid et à la levée de l’état d’urgence, alors que les ministres s’étaient rués sur les plateaux télé, Moustapha Cissé, en duplex sur la Sen TV, s’était déchaîné sur Diouf Sarr, le traitant d’incompétent dans une saillie verbale que même la journaliste Néné Aïcha avait eu du mal à contenir. C’est connu, quand Moustapha Cissé Lô se lâche, impossible de l’arrêter. Il y a eu aussi l’effet semences qui avait fait sortir le député de ses gonds. Celui-ci avait au cours d’une sortie mémorable à l’Assemblée, fait un déballage d’une rare intensité. Sept mois après, le même débat resurgit sur la place publique.
Des enregistrements audios de Moustapha Cissé Lô font subitement leur apparition sur les réseaux sociaux. Sans que personne ne puisse déterminer de manière exacte à quand remontent les insultes proférées vraisemblablement au cours d'un entretien téléphonique ou via Whatsapp. Les audios, sont-ils actuels ? Tout ce qu'on sait, c'est qu'ils apparaissent au lendemain d'un entretien accordé à Seneweb par le député Farba Ngom. Entretien au cours duquel ce dernier dit détenir des enregistrements injurieux de son "ami" Cissé Lô. Des enregistrements qui vont finalement se retrouver sur la place publique avec un subtil montage où on n'entend que le tonitruant député et ses insultes. Des parties ont dû être effacées pour qu’on n’entende que lui. Alors, sans se poser de questions, le chef de l'Apr instruit sa commission de discipline. Moustapha Cissé Lô n’a pas attendu le sabre. Il a déjà annoncé sa démission de son poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale et soutient avoir fait le choix de rester simple député et simple militant de l’Apr.
Dans cette affaire sordide de proférations d’insultes, les unes aussi désolantes que les autres, Il faut juste noter que le monde politique n’est pas si policé qu’il laisse apparaître sur les plateaux-télé. C’est une jungle en miniature avec ses hyènes, ses loups, chacals, lions, panthères et zèbres, etc sous des visages humains. Mais au fond, c’est en réalité une conversation privée qui a été transportée sur l’espace public. Celui qui l’y a transportée, est même plus fautif que celui qui a proféré ces insultes immondes.
En activant si rapidement la commission de discipline de son parti, Macky Sall a voulu en fait prouver qu'il garde encore une certaine autorité sur ses troupes.
Moustapha Cissé Lô est exclu de l'APR. La commission de discipline dudit parti en a ainsi décidé. L’information est donnée dans le communiqué sanctionnant la réunion de ce lundi 6 juillet de ladite commission. Pour en arriver à l’exclusion de Moustapha Cissé Lô, la commission dirigée par Abdoulaye Badji a convoqué les articles 3, 4, 14, 19 et 20 des statuts de l’Apr, mais aussi les articles 25 et 26 du Règlement intérieur dudit parti. “Constatant l’attitude du camarade Moustapha Cissé Lô dont les propos, empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale, ont fini de heurter la conscience des populations“, a indiqué le texte. Qui déplore également “la propension de Camarades du parti à s’épancher dans les médias par des propos injurieux ou calomnieux” et qui entachent “gravement l’image du parti“. Suffisant pour exclure Cissé Lô et mettre en garde les autres.
Il va certainement falloir que Macky Sall coupe d'autres têtes, notamment celles de ceux qui ont balancé les audios insultants sur les réseaux sociaux, si en tout cas il veut se montrer juste avec ses franc-tireurs. Mais Yakham, celui qui a le plus subi de dégâts dans cette affaire, n'attendra pas cela, ainsi qu’il l’a fait savoir dans Walf Quotidien : « Comme le procureur ne s’est pas auto-saisi, il sera saisi ce matin. Je ne compte pas sur mon parti pour des réparations. Moi, le Zorro défendant tête baissée le camp auquel il appartient contre les ennemis du dedans et du dehors, c’est fini ! Tout se passe comme si l’honneur de la Première Dame vaut plus que celui de ma mère. Cissé Lo devait être arrêté depuis longtemps ; il urge de trouver les moyens de l’arrêter. » Le DG Soleil a commis un pool d’avocats dirigé Me Ousmane Sèye. Outre ce dernier, le pool comprend Mes Bamba Cissé, Baboucar Cissé et Abdou Dialy Kane.
L’APR, toujours l’APR avec ses échappées solitaires ! Cette fois ci, il s’agit du très médiatique Karim Fofana qui ne rate jamais l’occasion d’embarquer les caméras avec lui lorsqu’il s’agit d’une opération de désencombrement ou d’aménagements paysagers. Il s’est en tout cas bien perdu la semaine dernière dans ses effets d’annonce en voulant raser les alentours du marché Sandaga, en ces veilles de fête de Tabaski qui profilent à l’horizon. Une annone qui a révélé de sa part, un manque notoire de tact dans un contexte d’économie bien morose post Covid où ces marchands attendent la Tabaski pour se refaire une santé. Mais heureusement que le ministre de l’Intérieur a vite corrigé l’empressement du jeune ministre et a préféré renvoyer l’affaire à l’après Tabaski.
Karim Fofana, voici un ministre qui nous a habitués à des sorties bien populistes pour des activités de désencombrement et d’aménagements paysagers qui devaient être plutôt dévolues à un préfet ou aux forces de l’ordre ou encore à un GIE. Des actions souvent circonscrites dans Dakar et ses alentours immédiats. Pourquoi la banlieue et les régions ne devraient pas être concernées, si tant est que ces actions sont destinés à la collectivité nationale ? D’aucuns prétendent qu’il a Dakar dans son viseur. Mais il devrait surveiller ses arrières car El Pistolero veille. Le flingueur en chef s’en est récemment pris à Diouf Sarr. Celui-ci a déclaré via Seneweb qu’il ne lui répondra pas. Moustapha Cissé Lo ne veut pas qu’on touche un seul cheveu d’Amadou Ba ainsi qu’on peut l’entendre sur cet audio. Et pendant ce temps Moussa Sy des Parcelles Assainies, fief de ce dernier, est bombardé PCA du port avec un beau pactole à la clef. Une situation qui augure de la rude bataille de Dakar avant l’heure.
Le pays est en tout cas sens dessus, sens dessous. Aby Ndour s'attaque à Pierre Goudiaby. Celui-ci lui aurait fait des propositions indécentes. Le tout dans un contexte d’occupation illégale d’espaces et de bradage du littoral dont l’architecte a fait sa croisade depuis belle lurette. Dans cette affaire aussi, c’est le déchaînement sur les réseaux sociaux et une avalanche de critiques contre Pierre Goudiaby. Se sont-ils demandé si ces accusations sont vraies ou fausses ? L’architecte a proposé d’offrir des miroirs à la frangine de Youssou Ndour mais aussi envisage de l’attaquer en justice. Dans cette affaire, c’est tout simplement une parole contre une autre.
L'équation Dingueler
La terre. Encore et encore la terre ! L'ouragan Dingueler s'est abattu sur Babacar Ngom de la Sedima après celui du club des investisseurs du Sénégal, à tel point que certains se demandent si on n’a pas affaire à un complot de plus dans un pays où les cabales sont désormais devenues la norme. En tout cas, cette affaire est du pain béni pour les activistes qui se sont rués dessus comme des meurt-de-faim. Dans la médiatisation de la contestation, c’est un vieux d’un âge assez avancé qui est mis en scène pour dénoncer une affaire d’accaparement de terres de ce terroir par la Sedima. De quoi toucher le cœur des Sénégalais et réveiller leurs émotions. Mais heureusement Moustapha Diop dans une interview sur Walf TV a tenu à rétablir l’équilibre dans une affaire où jusqu’à un certain moment, la version de la Sedima n’avait pas encore été entendue. Le DGA de la Sedima a livré sa version.
Se pose dès lors la question de légalité de mais aussi de sa légitimité de posséder des terres qui seraient à la base, propriété des villageois. Si aux Almadies par exemple, le m² coûte 1 million, les terres attribuées à de futurs acteurs de l’agrobusiness qui vont vouer leurs productions à l’export, devraient-elles être cédées à une valeur moindre et dérisoire comparée aux Almadies. Peut-on exploiter ces terres en dehors des agriculteurs ? Il est plutôt question d’une responsabilité sociétale à assumer et qui consisterait ni plus, ni moins à rehausser le niveau de vie de ces terroirs en termes d’infrastructures (écoles, santé, espaces de vie) mais surtout en termes d’emploi. Dans un contexte où ces terres devaient être cédées à ces exploitants avec l’accord des autochtones, pourquoi ne pas envisager par exemple de donner une part du capital de l’exploitation aux populations ?
Il ne s’agit point de tomber dans l’angélisme, mais plutôt de voir les voies et moyens de faire profiter les populations, des richesses de leurs terroirs. La solution n'est pas non plus de traîner dans la boue, un des rares capitaines d’industrie sénégalais dont le pays devrait être fier pour avoir accompli un travail monumental et créé beaucoup d’emplois. Le risque serait de décourager les capitaines d'industrie sénégalais qui seraient à la longue tentés d'investir dans l'immobilier et entretenir une culture de rentiers. C'est un fait que des étrangers ont acquis aussi d'énormes terres pour se lancer dans l'agro-business. La preuve par les sociétés GDS et GLS au nord et les Hollandais à Diass. Le cas Senhuile Sen Ethanol avec ses 20 000 hectares, est bien frais dans nos mémoires .Il ne faudrait donner l'impression que dès lors qu'il s'agit de Sénégalais, l'on crée des entraves. Ils devraient au contraire dans une logique élémentaire, être les premiers bénéficiaires de ces terres.
Abdoulaye Makhtar Diop a son opinion sur la question. Il a tout simplement tenu à dédouaner à « Grand Jury » de la RFM, le président Sall en incriminant vaille que vaille le maire de cette commune. « La responsabilité du maire est engagée. Comment un maire peut-il donner 300 ha à Babacar Ngom ? S’il n’y avait pas cette délibération, le chef de l’État n’allait pas signer ce décret », a fait savoir l’ancien ministre des Sports. A en croire le vice-président de l’Assemblée nationale, un simple bail pourrait régler la situation. « Il aurait suffi d’accorder un bail à Sedima. Si au bout de quelques années, il ne réalise pas son projet, les terres lui seront retirées », a-dit le grand Serigne de Dakar.
Le covid 19 semble en tout cas bien relégué au second plan pendant qu’il poursuit tranquillement sa route et multiplie ses victimes parmi lesquelles des célébrités. Les cas se multiplient. Les cas graves aussi, mais la population demeure toujours aussi insouciante face au péril qui mine la société, insidieux et qui fait des victimes, des ravages que l'on préfère passer sous silence. Il y a longtemps que le gouvernement a abandonné les citoyens à leur propre sort. Une situation qui a bien indisposé le khalife des Tidianes qui n’avait pas manqué de transmettre son courroux au président via Diouf Sarr. Le Professeur toujours égal à lui-même a encore alerté sur la RTS : « Le nombre de cas graves et les décès vont augmenter, parce que le virus a fini d’envahir tout le pays, être âgé et porteur d’une comorbidité est devenu un grand risque maintenant ». Selon le chef du service des maladies infectieuses de Fann, « le nombre de cas augmente, la pandémie n’est pas terminée au Sénégal, même si certaines personnes pensent le contraire. On ne peut pas prédire l’avenir avec la massification des cas communautaires. Avec les cas communautaires, être âgé et avoir une comorbidité est devenue dangereux au Sénégal. Il y a une tension réelle sur le nombre de lits disponibles, il faut toujours dire la vérité, quoiqu’il arrive », a prévenu le Professeur.