NETTALI.COM - Les autorités médicales ont décidé de changer la manière dont ils prennent en charge les malades du Covid-19. Ils ont tout simplement pris la décision de diminuer le nombre des tests, tout en se consacrant à la gestion des patients vulnérables.
Depuis le début du Covid-19, les tests et la mise en quarantaine étaient obligatoires pour les cas symptomatiques comme pour tous leurs contacts. Désormais, seules les personnes testées positives, âgées de 60 ans, présentant des comorbidités et des signes cliniques seront hospitalisées dans les centres de traitement. C’est la nouvelle politique médicale adoptée par les autorités médicales pour le traitement des patients testés positifs au Covid-19.
«Avec la méthode actuelle, on ne teste plus les cas contacts. Et si nous testons des personnes dont la moyenne d’âge tourne autour de 20 ans, nous ne les hospitalisons pas, nous leur recommandons juste de retourner chez eux de respecter les mesures barrières. L’intérêt de tester systématiquement tous les contacts a diminué. Cette initiative a été prise parce qu’on s’est rendu compte que nous dépensions beaucoup d’argent pour faire des tests. Et nous nous sommes dit qu’il serait préférable d’attendre qu’ils présentent des signes avant de les tester. Et les milliards de francs Cfa que nous dépensions pour les tests pourraient servir à équiper les salles de réanimation», renseignent des autorités médicales.
Le Professeur Mary Teuw Niane, dans une contribution publiée ce dimanche, s’interroge sur la question. «Il est surprenant et difficile de comprendre la réduction quasi constante, d’une semaine à une autre, du nombre de tests par semaine, de la semaine du 1er au 6 juin 2020, avec 8 112 tests à la semaine du 6 au 12 juillet 2020 où ce nombre tombe à 6 007 tests, soit une réduction de 26% des tests entre ces deux semaines. La question des tests est critique dans la prévention et la gestion de la pandémie du covid-19», écrit l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur.
Il s’inquiète également sur le taux de létalité. «Le Sénégal a vu son taux de létalité passer de 1.2% le 15 juin 2020 à 1.8% aujourd’hui, soit une hausse de cinquante pour cent (50%) en un mois. La létalité hospitalière n’a de valeur qui si on se réfère au nombre de personnes décédées après avoir été hospitalisées. Ce qui renseigne sur la qualité des soins prodigués, la prise en charge… Mais, on ne peut pas comptabiliser dans la létalité hospitalière des personnes décédées chez elles, en cours d’évacuation, à leur arrivée à l’hôpital… Parce qu’elle ne reflète pas la qualité des soins administrés aux patients du Covid-19», fait-il remarquer.
Selon lui, le Sénégal reste sur la moyenne d’une létalité hospitalière de 1%. «Au moment où nous devrions nous attendre à la création de centres de prélèvement volontaires de proximité dans la région de Dakar pour une augmentation importante du nombre de Dakarois testés, nous notons une baisse du nombre de personnes testées durant les quatre dernières semaines. Que se passe-t-il ? Manquons-nous de kits de dépistage de la covid-19 ? Ou bien les autorités de la santé ont-elles pris la décision de réduire le nombre de tests réalisés par semaine ? Enfin, a-t-on changé de stratégie ? Il est essentiel, comme le recommande l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), de multiplier les tests pour isoler les personnes positives pour mieux protéger les personnes vulnérables susceptibles d’atteindre le stade grave de la réanimation», suggère Mary Teuw Niane.
Des interrogations qui sont loin des préoccupations actuelles des autorités médicales.