NETTALI.COM - Birahime Seck n’est pas d’accord avec l’Inspection générale d’Etat (Ige) qui a donné ses rapports 2016, 2017 et 2018-2019 au chef de l’Etat, Macky Sall. «Nous pensons qu’il y a une volonté de protéger des agents de l’Administration centrale», dit-il. Le coordonnateur du Forum civil fustige le fait que des programmes comme le Pracas, le Prodac, le Pudc, entre autres, qui ont englouti des milliards de Fcfa, ne figurent dans aucun des trois rapports.
Birahime Seck est formel, l’Ige n’a pas fait correctement son travail. « Il suffit juste de regarder l’article 9 de la Loi 2011 sur le statut d’Inspection générale d’Etat (Ige) qui dit clairement que chaque année le vérificateur général du Sénégal doit publier le rapport d’activités au plus tard le 31 mars de l’année d’activité sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes. On s’est rendu compte que ce principe n’a pas été respecté par l’Ige depuis 2015. Le premier rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes a été publié en 2013, ensuite en 2014 et 2015. De 2015 à 2020, l’Ige n’avait pas publié de rapport. Donc sur la période de publication, il s’agit manifestement d’une violation de la loi par l’Ige qui doit se charger fondamentalement de faire respecter la loi et de vérifier la conformité des actes des Administrations par rapport à la réglementation», note Birahime Seck.
Il explique que lorsqu’ils ont exploité les trois rapports, ils ont constaté des mentions vagues, surtout en ce qui concerne l’Administration centrale. «Si l’Ige effectue une mission dans une structure, on identifie bien l’agence. Pour les structures contrôlées, on s’est rendu compte, à travers plusieurs renvois, que ce soit le rapport 2016, 2017 ou 2018-2019, qu’il est impossible, à travers les mentions données par l’Ige, d’identifier le directeur ou le ministre concerné. Le plus grave, c’est là où l’Ige a identifié 891 millions de FCfa qui ont été détournés sans une pièce justificative au niveau d’une agence. A côté, l’Ige nous dit qu’il y a un ministre qui est dans un conflit d’intérêt manifeste et un autre qu’on a donné trois véhicules et qui a refusé de les rendre (jusqu’en avril 2019). Pourquoi l’Ige n’a pas dévoilé les noms de ces ministres ou le département ministériel ? Aucune mention identifiable n’est opérée par l’Ige pour permettre de comprendre qu’il s’agit de telle ou telle structure. Nous pensons qu’il y a une volonté de protéger des agents de l’Administration centrale au détriment d’autres agents», fait-il remarquer.
L’autre problème, ajoute-t-il, c’est le travail et les missions qui ont été effectués par l’Ige. «Parce que de 2016 à 2019, il y a un certain nombre de projets et programmes d’envergure qui ont connu des allocations budgétaires importantes et qui ne figurent pas dans les rapports. Donc, soit l’Ige n’a pas effectué des missions dans ces différents programmes ou ministères, ce qui est grave, soit l’Ige a effectué ces missions, mais a caché l’information au public. Ce qui serait encore très grave. Par exemple, le Programme d'accélération de la cadence de l'agriculture sénégalaise (Pracas), qui a englouti beaucoup de milliards, ne figure pas dans les rapports. Le Pudc, la Cmu, les Bourses familiales, le Prodac… sont dans ce lot».
Birahime Seck s’étonne de ne pas voir l’Ige informer les Sénégalais sur l’utilisation de ces deniers publics concernant ces programmes phares qui ont englouti des milliards.
C’est pourquoi il demande une réforme de la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite) en Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) ou on dote le Sénégal d’un Parquet financier.