NETTALI.COM – Les contrecoups néfastes du coronavirus ont sérieusement entamé l’économie mondiale. Le Sénégal n’échappe pas à la règle. Quelle posture adopter face à la nouvelle donne ? La réponse avec l’économiste Chérif Salif Sy.
L’épidémie de coronavirus a révélé la “vulnérabilité des sociétés’’ et “renforcé’’ la volonté de répondre à l’urgence climatique. C’est ce qu’a fait savoir l’économiste Chérif Salif Sy, lors d’une conférence en hommage au Pr. Samir Amine, dans le cadre des “Samedis de l’économie’’. “Elle a aussi conforté les Etats, remis en cause une certaine mondialisation avec ses chaines de valeur, de même que ses chaines de production, entrainant des perturbations significatives de l’approvisionnement de tous les pays. Plus sérieusement aussi, la pandémie induit une réévaluation de la valeur sociale des tâches jugées banales et aussi la combinaison Etat minimal-économie de marché libre, qui apparaît tout à coup terriblement datée. En définitive, l’histoire suggère que les transitions entre les phases du développement capitaliste peuvent être dures et incertaines’’, dit-il. M. Sy souligne que les populations, elles, sont en résistance.
D’après lui, cette résistance avait déjà trouvé son expression dans les batailles contre le colonialisme hier, et dans l’ajustement structurel unilatéral et les politiques de libéralisation. Mais comme le faisait remarquer Samir lui-même, la bataille “n’est pas encore gagnée, nulle part’’. “Le capitalisme de monopole et ses serviteurs politiques aux abois ont cette capacité à s’organiser en vue de la riposte. Cette fois-ci aussi, il usera de tous les moyens pour étouffer le potentiel démocratique et révolutionnaire des avancées populaires par la mobilisation des moyens de pression économique et financière encore à sa disposition. Il n’hésitera pas à renouer avec ses alliances avec des forces obscurantistes et réactionnaires qui prétendent déjà offrir des solutions’’, rappelle l’économiste.
Pour Chérif Salif Sy, ce qui est “regrettable’’, c’est que les importants mouvements populaires en action sont, pour beaucoup d’entre eux, et dans une large mesure, sur le terrain du “rejet, sans avoir nécessairement’’ encore des projets alternatifs “positifs cohérents, à l’échelle des défis’’. “Il faut comprendre que ce qui est remis en question aujourd’hui, ce n’est pas le capitalisme néo-libéral à visage inhumain que certains prônent, mais le capitalisme comme mode de production et projet de société plus court et le néolibéralisme destructeur. Le capitalisme est devenu un système obsolète qui a fait son temps et ne peut être autre que ce qu’il est : destructeur de l’être humain, réduit à une marchandise jetable, destructeur des bases naturelles de la production, de la vie sur la planète, destructeur de l’autonomie des notions’’, renchérit-il. Ce qui doit être compris, selon lui, c’est qu’il “n’y a pas de sortie acceptable’’ de la crise du capitalisme en cours permettant une restauration du système dans ce qu’il a d’essentiel. “Mais qu’il est urgent de développer des visions stratégiques de lutte s’inscrivant dans la perspective de l’invention d’un monde meilleur pour demain, de développer des propositions d’avancées par étape dans cette direction’’, dit-il.