NETTALI. COM- «Ibrahim Boubacar Keita n’était pas autonome, il était l’otage de l’entourage familial… ». Invité du " Jury du dimanche", de Iradio, Moussa Mara, ancien Premier ministre de la République du Mali analyse ainsi la crise qui sévit dans son pays. Notamment le coup d’Etat perpétré suivi de la démission du président Ibrahima Boubacar Keita (IBK) de ses fonctions.
« Ce qui est arrivé dans notre pays cette semaine est malheureux parce que la chute non constitutionnelle d’un régime, le départ non constitutionnel d’un président, est toujours quelque chose qu’il faut regretter et condamner », a déclaré Moussa Mara, ancien premier ministre de la République du Mali qui participait à l'émission " JDD" par vidéoconférence.
A son avis, « ce qui est arrivé est la conséquence d’une crise qui n’a jamais trouvé son épilogue depuis une dizaine d’années".
Il a laissé entendre que IBK est en sécurité. " Le Président est en résidence surveillée dans une villa d’hôte qu’il utilisait pour recevoir des invités de marque de la République. Donc, il est dans des conditions qu’on peut estimer comme confortables », assure-t-il. A l’en croire, il avait joint le Président IBK pour lui demander d’aller vers plus d’inclusivité dans la gouvernance. Ce, parce que depuis que le Président a été réélu en décembre 2018, le Mali allait de crise en crise. « Et tout ça, je lui disais que c’est l’illustration de la non inclusivité de la gouvernance. Il m’a appelé en me disant qu’il partageait mes idées et qu’il irait dans ce sens mais il en a été autrement. La voie qui a été empruntée a été l’exacte contraire de ce que je lui avais dit », regrette-t-il.
A l'en croire, c'est un énorme gâchis, une perte de temps dommageable pour le Mali parce que le Président a été élu en 2013 dans un contexte très favorable, de manière incontestable. Son mandat, indique-t-il, a démarré sous les meilleures auspices possibles. Malheureusement, constate-t-il pour le regretter, au fil du temps, les choses se sont effilochées. « Ce gâchis s’explique par l’incapacité du Président IBK à décider ou souvent à promettre quelque chose et à faire le contraire. C’est quelqu’un qui, sans doute, était l’otage de l’entourage familial, politique. Mais, il n’était manifestement pas autonome dans ses prises de décision. Cela a amené le pays dans les circonstances qu’on vit actuellement », analyse Moussa Mara.
A la question de savoir si c’est son fils Karim Keita qui dirigeait le pays, M. Mara concède : «Je n’ai aucune preuve pour dire que c’est Karim Keita qui dirigeait le Mali ».