NETTALI.COM- Après la Justice, le secteur de l'Education, particulièrement de l'Enseignement supérieur, risque de connaitre des perturbations. En conclave ce week-end à Thiès, la Conférence nationale des Sections du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur ( SAES) a brandi la menace de la grève.
La Conférence nationale des Sections du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur ( SAES) qui regroupe le Bureau National et tous les bureaux de Section de l’ensemble des Campus du Sénégal (Saint-Louis, Dakar, Thiès, Bambey, Ziguinchor, Sine Saloum et Université Virtuelle) s’est tenue ce samedi 22 août 2020 à l’Ecole Polytechnique de Thiès. Cette instance statutaire du SAES intervient à un moment où les universités, fermées depuis le 16 mars 2020 à cause de la pandémie de la Covid-19, s’acheminent vers une reprise des enseignements en présentiel à compter du 1er septembre 2020.
Mais si l'on y prend pas garde, les enseignements seront perturbés. Car, au cours de son conclave, la Conférence nationale a soulevé un certain nombre de griefs contre le grief non sans brandir la menace d'une grève.
Sur la reprise elle-même, les syndicalistes soutiennent pour le dénoncer : " après la décision hasardeuse du MESRI, ( Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation) les improvisations et les errements notés dans la mise en œuvre des mesures d’accompagnement virtuelles et fantaisistes annoncées en grande pompe par le MESRI ont fini de mettre nos universités dans une situation extrêmement préoccupante avec un déficit en infrastructures, équipements, ressources humaines et financières contrairement à ce qui est indiqué dans les publi-reportages à la prétendue gloire du MESRI".
D'ailleurs, le SAES renseigne n’avoir été ni consulté ni associé par le MESRI sur les mesures à mettre en place, malgré les multiples interpellations pour une meilleure préparation de la réouverture des campus. " Le SAES s’en tient donc aux décisions des instances universitaires et indiquera de façon autonome à ses militants, la conduite à tenir si les garanties minimales en termes d’hygiène, de santé et de sécurité indispensables à un bon déroulement des activités pédagogiques et de recherche ne sont pas réunies" mettent en garde Malick Fall et ses collègues.
Dans la même veine, ils estiment qu'avec la décision récente du président de la République d’admettre le stock restant de bacheliers de 2019 ainsi que les futurs titulaires du baccalauréat de 2020, " l’achèvement et la livraison immédiate de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus devient une impérieuse nécessité ; autrement, c’est la mort programmée de l’Université publique déjà agonisante".
Aussi rappellent-ils que " ces infrastructures entamées depuis plus de 5 ans étaient destinées à l’époque, à réduire le déficit structurel des universités et permettre ainsi de mieux prendre en charge les étudiants qui étaient déjà dans des campus sociaux surpeuplés et des amphithéâtres bondés".
Abordant la question des orientations, le SAES déclare dans son communiqué : " Après avoir dénoncé plusieurs fois le scandale né de la gestion à la fois nébuleuse, chaotique et catastrophique du processus d’orientation des nouveaux bacheliers par le MESRI, le SAES constate avec amertume qu’aucun acte concret n’a été posé par le ministre, contrairement à ses engagements à prendre les mesures correctives, pour éviter des dysfonctionnements notés dans le processus d’orientation des nouveaux bacheliers 2019".
Lors de cette rencontre, la question des textes a été évoquée. Et les enseignants disent "constater avec regret l’inertie du MESRI sur la question des textes de gouvernance des universités". Car, seul le décret cadre n°2020-979 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement des universités publiques a été signé le 23 avril 2020, et cela après le dépôt d’un préavis de grève du SAES. Ils attendent encore les décrets sur le fonctionnement de chaque université, ceux concernant les écoles et instituts ainsi que celui portant sur la procédure de désignation des Recteurs. " Pour ce dernier texte, le MESRI use d’un dilatoire manifeste pour ne pas le faire signer, le temps de désigner ses recteurs en violation de l’article 21 de la loi 2015-26 du 28 décembre 2015 sur les universités publique ainsi que de l’article 26 du décret n°2020-979 fixant les règles d’organisation des universités publiques" fustigent les syndicalistes.
" Le MESRI, seul responsable des perturbations qui pourraient ...''
Au regard de ces griefs, le SAES " dénonce avec la plus grande énergie le mutisme du MESRI qui refuse délibérément de poser les actes concrets sur la question des textes de gouvernance et sur l’orientation des bacheliers".
Également, le syndicat " exprime toute sa déception et ses inquiétudes face au non respect des engagements pris au nom du Gouvernement pour l’accueil des bacheliers de l’année 2019 dans les universités publiques".
Le SAES demande aussi " un accompagnement budgétaire de l’ État aux universités pour le respect du protocole sanitaire et des mesures barrières afin de préserver la santé de tous les acteurs surtout que leurs budgets déficitaires ne couvrent même pas les dépenses pédagogiques, de recherche et de personnel".
Enfin, il est exigé, " le respect strict par tous les acteurs des universités, des délibérations des instances en ce qui concerne la pédagogie, l’hygiène, la santé et la sécurité pour la reprise en présentiel de manière à ne pas compromettre définitivement l’année universitaire en cours et celle en vue".
Faisant dans la menace, le SAES rappelle " qu’il a toujours un préavis de grève en cours et tiendra le MESRI, bon adepte du non respect de la parole librement donnée, pour seul responsable de la détérioration des conditions sanitaires dans les universités et de toutes les conséquences malheureuses ainsi que des perturbations qui pourraient découler des manquements récurrents et maintes fois dénoncés".